Vue de Lyon, sous la domination romaine, prise de l’ancien confluent. Antoine-Marie Chenavard (1787-1883) – Henri-Joseph Dubouchet (1833-1909) © Archives municipales de Lyon
Vue de Lyon, sous la domination romaine, prise de l’ancien confluent. Antoine-Marie Chenavard (1787-1883) – Henri-Joseph Dubouchet (1833-1909) © Archives municipales de Lyon
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Dans les archives : Lyon, capitale des Gaules ?

Dans quel domaine notre ville a-t-elle été précurseure ? De quelles manières s’est-elle affirmée comme un centre d’innovations scientifiques mondiales, de vitalité économique, de création artistique ou d’avancées sociétales ? À l’occasion de son trentième anniversaire, Lyon Capitale propose une rubrique en partenariat avec les Archives municipales de Lyon.

Si, entre Rhône et Saône, il est de bon ton de parler de Lyon comme de la “capitale des Gaules”, l’expression n’en est pas moins inexacte. En réalité, Lugdunum n’a jamais excédé son statut de capitale de la Gaule lyonnaise bien qu’elle ait accueilli des événements d’envergure nationale.

Sans conteste, Lugdunum, cité antique prospère et influente, a joué un rôle capital dans le développement de l’Empire romain. Néanmoins, contrairement au mythe, elle n’a jamais reçu le titre de capitale des Gaules. “L’image de Lyon ‘capitale des Gaules’ (Caput Galliarum) est solidement ancrée dans les esprits. Il semble pourtant qu’aucun document antique ne la qualifie ainsi”, certifient les historiens Paul Chopelin et Pierre-Jean Souriac dans leur Nouvelle Histoire de Lyon et de la métropole (Privat, 2019), avec derrière eux un large consensus de leurs pairs.

Mais plus encore, au-delà de l’absence de preuves historiques, le statut moderne de “capitale politique” d’un État ne peut s’appliquer à Lugdunum, coupent court les spécialistes. “Un gouverneur ne disposait pas de la souveraineté (il était le représentant du pouvoir romain), et les institutions municipales de Lyon encore moins : elles jouissaient seulement d’une parcelle d’autonomie locale. En d’autres termes, Lugdunum ne fut aucunement aux Gaules ce que Paris fut et demeure à la France.

Supplice de Marick. Illustration de Girrane, parue dans Le Progrès Illustré du 22 décembre 1901. Ville de Lyon, Archives municipales - Cote 63FI 120. © Archives municipales de Lyon
Supplice de Marick. Illustration de Girrane, parue dans Le Progrès Illustré du 22 décembre 1901. Ville de Lyon, Archives municipales - Cote 63FI 120.
© Archives municipales de Lyon

Un centre politique et religieux mais non une capitale impériale

La confusion actuelle, peut-être nourrie par une bonne dose de chauvinisme local, s’explique aussi possiblement par la réunion des principaux notables des trois Gaules (lyonnaise, belge et aquitaine) qui se tenait chaque année à Lugdunum. “Sans doute l’argument le plus fort pour justifier un statut particulier de Lugdunum, impliquant une forme de centralité à l’échelle des Gaules”, avancent les historiens. Cet événement, institué par Auguste en 12 avant J.-C., se tenait dans le sanctuaire fédéral des Trois-Gaules, dont l’amphithéâtre des pentes de la Croix-Rousse (1er arrondissement) fait partie. L’autel est alors un espace de dialogue entre les élites des soixante cités gauloises et le pouvoir romain. À cette occasion, les représentants gaulois se retrouvaient pour rendre hommage à l’empereur et réaffirmer leur loyauté à Rome. Mais encore une fois, ce rassemblement, bien que prestigieux pour la ville – au même titre que les nombreux séjours de l’empereur et de sa famille –, ne conférait à Lugdunum aucun statut politique supérieur à celui de capitale provinciale.

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