CELIBATAIRES : LE MARCHE DES SOLOS

En Rhône-Alpes, une personne sur trois vit seule. Zoom sur un mode de vie autour duquel se crée un vrai marché.

"Je ne me vois ni mariée, ni vivre en couple. Je préfère le mode "chacun reste dans son appartement et on se voit quand on veut !" Pauline, étudiante de 24 ans, vit en colocation avec sa meilleure amie depuis deux ans. Elle fait partie des "solos", ces célibataires plutôt urbains, qui aiment faire des rencontres sans vouloir s'installer. Une catégorie ciblée par les professionnels de la rencontre et des loisirs, un marché porteur.
"Aujourd'hui les gens se cloîtrent chez eux devant leur ordinateur et ils cherchent l'amour comme on cherche un emploi." Jacky Touche est président de l'association lyonnaise Amitié loisirs entre nous qui va fêter ses 20 ans. L'association compte plus de 3000 adhérents et chaque année ce chiffre augmente. Etre célibataire n'est plus un tabou. Mieux, les solos deviennent exigeants comme s'ils avaient pris conscience d'être une force de consommation.

Etre seul n'est pas synonyme d'ennui
Dans sa quête de loisirs et de rencontres, le solo trouvera une multitude de clubs de vacances, célibataire, sur internet, moyennant une cotisation mensuelle. On peut randonner, faire du camping, du ski, apprendre le rock et la salsa... entre célibataires. Les clubs négocient des tarifs de groupe et organisent les sorties.

Les voyagistes sont de plus en plus nombreux à attirer les voyageurs seuls en supprimant la taxe chambre individuelle dans les hôtels, un supplément qui peut faire doubler le prix. Mais ces offres ont des conditions et ne sont le plus souvent valable qu'en basse saison.
Cpournous.com est une agence de voyage née en 2003 spécialisée dans les séjours pour célibataires. Une clientèle volatile, le célibat n'étant souvent qu'une période dans la vie des personnes. Une affaire qui marche toutefois : "le nombre de nos clients double chaque année. On a organisé les vacances de 3000 personnes cet été", explique Matthieu Stauff, l'un des créateurs de la société. Le principe est simple : des voyages rien qu'entre solos, de 10 à 200 personnes par destination, des tarifs adaptés avec des suppléments chambre individuelle réduits et la possibilité de partager sa chambre avec un autre voyageur rencontré préalablement sur Internet, grâce à C pour nous.

Etre solo ne veut pas dire habiter seul
Vivre en colocation, c'est plus qu'un moyen de diviser le loyer, c'est une expérience. Sur les derniers sites de recherche de colocations comme appartager.com, le candidat peut renseigner son "orientation", sexuelle bien sûr, pour trouver les annonces qui l'intéressent ou qui le concernent. Sur colocationfrance.fr on peut choisir le profil de son colocataire, photo à l'appui. Trouver un hétérosexuel célibataire de moins de 30 ans fêtard et ordonné par exemple est un jeu d'enfant. Les filles étant réputées plus ordonnées, sur colocatrices.fr on ne cherche qu'entre femmes.

Des solos qui ne veulent plus du virtuel
C'est vers Jacky Touche d'Amitié Loisirs que se tournent les déçus des chats, Meetic et autres sites de rencontres. Pour lui, rien ne vaut une rencontre réelle, "le virtuel ne dure qu'un temps, les gens se lassent". Carine, trentenaire seule depuis un an est une habituée des speed-datings et des soirées spéciales solos en général. "Internet ne m'intéresse pas, je n'ai pas confiance. Le feeling entre deux personnes ne passe pas sur le Net. Et puis j'aime sortir dès que j'en ai l'occasion, je suis une bonne vivante."
Le solo ne cesse pas de "chasser"
Les "nuits des célibataires" organisées en discothèque servent à ne pas le rester. Lors des soirées payantes de speed-dating, l'équipe d'encadrement facilite les rencontres et détend l'atmosphère. Au club Amitié loisirs entre nous, pas question de laisser les gens dans leur coin. "Quand on a été longtemps marié, pas facile de séduire à nouveau. On les conseille, leur rappelle de se parfumer avant de sortir, de porter des pantalons plus longs, des couleurs qui leur vont, du maquillage pour les femmes...", raconte Jacky Touche, au club depuis 20 ans.
Ce "coaching amoureux", une toute nouvelle entreprise l'exploite. Florence Escaravage a monté Love Intelligence en développant sa propre méthode d'accompagnement. Avec les conseils de deux psys, elle a étudié les comportements amoureux et formé quatre coachs. Par mail, téléphone ou en tête-à-tête les love coach analysent le profil et les attentes du client (réussir à s'engager, comprendre ses échecs...) pour le faire avancer dans sa relation.
Un nouveau portail Internet propose des conseils gratuits et du coaching payant. Pour la conseillère des amoureux, le premier des conseils à donner à un célibataire ne souhaitant plus le rester est la patience. "On vit dans une société qui nous presse mais il faut prendre le temps de rencontrer quelqu'un..."

Alexandre, 24 ans,
garagiste et commercial
"Partir en vacances seul ne me dérange pas"
"Je suis célibataire depuis 9 mois. Vivre seul peut avoir ses avantages, je suis souvent parti seul en voyage loin, en Inde, au Kenya, ça ne me dérange pas. J'aimerai quand même ne pas trop tarder à construire quelque chose. Je travaille dans un garage et participe à des courses les week-ends, j'ai donc peu de chance de faire des rencontres. J'ai participé plusieurs fois aux soirées speed-dating, je revois les personnes, j'élargis mon cercle d'amis mais rien de concluant pour l'instant..."

Jeanne,quadra divorcée
"Rencontrer quelqu'un à l'époque, c'était du solide"
"J'ai été mariée et ai eu deux enfants. Depuis un divorce difficile il y a trois ans, je vis comme une célibataire. J'ai beaucoup pratiqué les chats et sites de rencontre, mais on n'y fait jamais de rencontres sérieuses. De toutes façons, les relations entre hommes et femmes sont comme ça aujourd'hui. Quand on rencontrait quelqu'un à l'époque, c'était pour se marier, c'était du solide, les gars eux-mêmes étaient plus solides. Je vais aux soirées entre célibataires plus pour rire qu'autre chose. En réalité, je ne sais pas où aller pour rencontrer quelqu'un de sérieux aujourd'hui."

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