La nouvelle adresse de la rue Mercière pourrait bien devenir la nouvelle cantine de la Presqu'Ile.
"Boire et manger à la française". La devise, en lettrages à la feuille d’or (lui conférant la carrure d’une vraie institution à la française) est exhibée au frontispice de la plus célèbre maison de la rue Mercière, au débouché de la rue de la Monnaie. Hardi Denis ! A Lyon, plus que partout ailleurs, on adore manger, et pas n'importe quoi. Les plaisirs de la gueule, rien de plus respectable. Sanctifié, diront les grammairiens. Alors quand des Parisiens, qui plus est un groupe de huit brasseries, débarquent et investissent 560 m2 de bâtiment classé Monument historique en plein centre de Lyon, on attend de voir.
La Brasserie des Deux Rives (probable courtoisie au Rhône et à la Saône) succède au mythique Eden Rock Café. L'hôtel Horace-Cardon, ancienne résidence de grands imprimeurs lyonnais de la fin du XVIe au XIXe siècles, inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, devient donc une brasserie, après avoir été - dans l'histoire moderne -, un bar, un restaurant tex-mex et une (fameuse) salle de concerts pop-rock.


@Pierre-Antoine Pluquet
Deux étages, cinq ambiances
Les Deux Rives font face au mythique Bistrot de Lyon (plus lyonnais, tu meurs), confort Pullman et décor 1900. Au 68, le studio londonien B3 a exploité les deux niveaux (165 couverts en intérieur, 40 en terrasse) en six pièces, dont la première avec un très beau bar signé par l'entreprise lyonnaise Etains de Lyon et une autre, en étage, avec une composition murale de Pierre Frey, tables marbrées vert bouteille et banquettes roses poudrées.
Le decorum passé (pour bien manger, il faut être bien assis), passons au menu. Un oeuf, une bonne mayo maison et un peu de ciboulette.



@ Pierre-Antoine Pluquet
Des poireaux vinaigrette chapeautés de noisettes torréfiées (bien vu), une salade de pissenlit (les barabans, comme on y dit à Lyon) avec croûtons, champignons et œuf mollet régressive, des escargots en persillade (qu'on oubliera vite), un pâté en croûte (on dit pâté-croûte à Lyon!) mignonnet, une saucisse (artisanale de chez Millas, dans le Tarn, de porc élevé sur la paille) purée avec jus de viande mijoté huit heures qui a du répondant, une bavette bleue (la cuisson !) particulièrement savoureuse, accompagnée de frites fines aux petits oignons (l'expression, pas la plante), un tartare de bœuf très correct.
Et comme dit le proverbe africain batéké, « on a beau manger sa viande jusqu'à l'os, la gourmandise ne disparaît jamais ». On a terminé sur un pavlova aux agrumes (marmelade à l'orange sanguine, ganache montée au citron, brunoise d'agrumes de saison, sauce clémentine) très rafraichissante et une mousse au chocolat, XXL, avec tuile de cacao et fleur de sel.
Le bémol ? La carte des vins particulièrement déséquilibrée par rapport aux prix des plats. La solution très bien vue : le vin à la ficelle, qui autorise à payer au pro rata de ce qu'on boit. Le saint-pourçain auvergnat passe parfaitement avec la carte.
Pour résumer : on s'en sort pour une trentaine d'euros en plein centre ville, avec un service sympa et une assiette, au final, de bonne tenue.
Les Deux Rives, on y retournera volontiers.

Brasserie des Deux Rives
68, rue Mercière Lyon 2e
04 27 02 74 94
Prix : carte à partir de 3€ l'entrée, 14€ le plat, 3€ le dessert, spécialités à partager en plus le soir
Fenêtre de tir : tous les jours de 12h00 à minuit (jusqu'à 23h, jeudi, vendredi et samedi)
Pedigree du chef : Céleste Martin, ex-cheffe de la Brasserie Dubillot (Paris 2e) du même groupe « La Nouvelle Garde ».
Sourcing : sabodet de la Charcuterie Bobosse, saucisse de la Maison Millas, pralines roses et pain de chez Pralus, fromages de la fromagerie Mons...