Cyril Salomon, co-fondateur et organisateur du festival Montagne en scène, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Du K2 au massif du Mont-Blanc, du ski freeride aux grandes voies les plus exigeantes, cette nouvelle édition raconte des parcours hors normes et inspirants.
Les images sont époustouflantes, permises par les avancées technologiques qui permettent de vivre au plus près d'un 8000 mètres avec Benjamin Vedrines, de rider avec Léo Slemett sur une montagne aux pentes vertigineuses ou de sentir le souffle coupé et la force décuplée de grimpeuses sur des voies plus aériennes les unes que les autres... Tranquillement assis dans son canapé.
L'édition de Montagne en scène la plus forte émotionnellement
"Parfois les gens pensent qu’il s’agit de belles images de montagne et de performance, mais en réalité ils ressortent touchés par les histoires humaines très fortes qui sont racontées. C’est vraiment ce que nous recherchons. Nous avons toujours recherché cela et je pense que cette édition Winter 2025 est l’une des plus fortes de ce point de vue-là, humainement et émotionnellement."
Au menu jeudi 12 décembre, jeudi 15 et mardi 20 janvier, au Pathé Bellecour :
K2 Chasing Shadows
Réalisé par David Arnaud et Hugo Clouzeau
Durée : 66 min
C’est à la “montagne sauvage” (8611m soit le 2ème plus haut sommet du monde) que décide de s’attaquer Benjamin Védrines. Mais que représente vraiment le K2 pour cet alpiniste aux multiples exploits : un nouveau record, le deuil d’un échec, une mise à l'épreuve personnelle ? Après une première tentative qui s’est soldée par un drame, Benjamin est plus que jamais déterminé à réussir ce défi hors normes : une ascension du K2 à la journée, sans oxygène, avec une descente en parapente. Un film intense et profond, qui questionne les notions de réussite et d’engagement au royaume de l’oxygène rare.

Cap ou pas Cap
Réalisé par Jérôme Tanon
Durée : 26 min
Regarder Solenne Piret grimper, c’est assister à un spectacle presque magique. On se demande comment elle va passer, puis, d’un geste fluide, naturel, elle avance. Née sans main droite, Solenne a toujours trouvé son propre chemin sur la paroi. Quadruple championne du monde, elle se lance aujourd’hui dans un nouveau défi : gravir en tête le Grand Capucin, l'une des aiguilles du massif du Mont-Blanc qui a fait rêver des générations d’alpinistes, en posant elle-même ses protections. Mais malgré un entraînement intensif, les doutes persistent : cette fois, n’a-t-elle pas visé trop haut ?

Better up there
Réalisé par Mathis Dumas
Durée : 45 min
La montagne nous donne beaucoup, mais elle peut tout reprendre en un instant. C’est cette dualité qu’explore le film portrait, intime et touchant, de Léo Slemett, réalisé par Mathis Dumas. De son enfance aux podiums du Freeride World Tour, la vie de Léo en tant qu’étoile du ski freeride semble bien tracée. Mais aussi motivé et déterminé qu’il puisse être pour atteindre ses rêves, ce sont surtout les épreuves qui vont façonner sa vie. Une leçon de résilience et de persévérance que nous partage ce surdoué du ski.

Zahir
Réalisé par Julien Nadiras
Durée : 30 min
Embarquez avec un duo féminin de choc, formé par Katherine Choong et Eline Le Menestrel, pour tenter la grande voie la plus difficile des Alpes suisses, Zahir. Si le défi est d’ores et déjà élevé (la voie comprenant plusieurs longueurs dans le 8a et 8b), elles ajoutent une condition supplémentaire : se déplacer uniquement en mobilité douce. Un projet très ambitieux que les deux grimpeuses relèvent en musique et toujours avec le sourire. De quoi inspirer les générations à venir !

La retranscription intégrale de l'entretien avec Cyril Salomon
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd’hui Cyril Salomon, fondateur et co-organisateur de Montagne en Scène.
Bonjour.
Montagne en Scène, nouvelle édition. Cette année à Lyon, vous êtes à la Cité Internationale. C’est le festival de la montagne itinérante : apporter la montagne en ville. Cela tombe bien, nous citadins, avons un peu besoin de montagne en ville. Il y a quatre documentaires particulièrement remarquables cette année. Comment expliquez-vous le succès durable de ce festival ?
Je pense que c’est lié au fait que les gens ont envie de s’évader. La particularité, c’est que ce sont de vraies histoires. On ne va pas voir de la fiction, ce sont de vrais personnages, de vrais documentaires. Ce que l’on voit à l’écran, ce qui leur arrive, c’est la vraie vie. Cela donne quelque chose de très fort et de très inspirant.
Il y a de la performance, par exemple cette année avec un documentaire impressionnant, 8000, avec des alpinistes, notamment Benjamin Védrine qui fait l’ascension du K2. Derrière la performance, on sent qu’il y a de l’humain. C’est pareil pour le documentaire sur Léo Slemet, champion du monde de freeride, où l’histoire humaine est particulièrement poignante. Quand vous choisissez des films pour Montagne en Scène, quels critères retenez-vous ? J’imagine qu’il n’y a pas que la performance.
C’est sûr que parfois les gens pensent qu’il s’agit de belles images de montagne et de performance, mais en réalité ils ressortent touchés par les histoires humaines très fortes qui sont racontées. C’est vraiment ce que nous recherchons. Nous avons toujours recherché cela et je pense que cette édition Winter 2025 est l’une des plus fortes de ce point de vue-là, humainement et émotionnellement.
On ne racontera pas l’histoire de Léo Slemet, mais j’ai vu une salle 3000 à la Cité Internationale où l’on entendait les mouches voler tellement le film était poignant. Il y a quatre documentaires programmés pour cette édition 2025. Combien de films recevez-vous pour faire votre sélection ?
Nous recevons plus de 100 films. Il y en a énormément, venant du monde entier, et la sélection est rude. Nous sommes obligés de faire des choix difficiles. L’objectif est d’avoir une programmation équilibrée, avec des films très intenses mais aussi d’autres plus légers comme Zahir ou Cap ou pas cap. Les deux autres films, K2 Chasing Shadows et Better Observe, sont très intenses émotionnellement ; nous avons donc voulu contrebalancer avec des œuvres plus légères.
On parlait du succès à Lyon, puisqu’on est à Lyon. On sent qu’il y a une communauté, une vraie communauté : il suffit de voir les gens qui viennent. Quel lien particulier voyez-vous entre les citadins, notamment les Lyonnais, et la culture montagne ?
Je pense qu’il est très fort, surtout en France. Nous avons une vraie culture montagne, une culture du ski qui existe depuis des décennies. Même comparé à d’autres pays, que ce soit à Lyon ou à Paris, il y a une culture montagne incroyable, transmise de génération en génération. Nous sommes là pour entretenir cette flamme et donner envie aux gens d’aller en montagne, de vivre leurs propres aventures, chacun à son niveau : ski de randonnée, randonnée, ou simplement pistes. L’idée est vraiment de donner cette envie de nature.
Nous sommes dans une époque de transition écologique. Comment le festival aborde-t-il les enjeux environnementaux, notamment l’impact du voyage en montagne et la transformation des territoires alpins ?
Nous sommes ravis lorsqu’un film aborde ces thématiques. C’est le cas, par exemple, de Zahir, où l’approche se fait exclusivement en moyens bas carbone, comme le train puis le vélo. C’est une bonne manière d’inspirer les gens à vivre l’aventure différemment. Ce qu’elle dit dans Zahir est fort : l’aventure n’est pas seulement écologique, elle est plus intense, plus présente dans le milieu. Cela rend l’expérience encore plus magique. Nous aimons cet angle d’inspiration, qui pousse à explorer d’autres manières de voyager.
Dernière question, Cyril Salomon : quelles évolutions imaginez-vous pour Montagne en Scène ?
Une évolution importante de ces dernières années est que nous avons commencé à produire nos propres contenus. Par exemple, nous avons produit Cap ou pas cap, sur lequel j’ai même été caméraman. Nous produisons également un film au long cours avec Benjamin Védrine : cela fait trois ans que nous le suivons, sur toute sa métamorphose vers l’alpiniste incroyable qu’il est aujourd’hui. L’idée est de sortir l’année prochaine un film biographique sur lui. C’est une grande évolution pour nous.
Co-production, production Montagne en Scène… Dans l’article de Lyon Capitale qui accompagne cette vidéo, nous donnerons toutes les dates, car il y aura de nouvelles dates pour Montagne en Scène Winter 2025. Merci Cyril Salomon, et bravo pour cette nouvelle édition de Montagne en Scène. À très bientôt, au revoir.
