A la veille de la Gay Pride, un homosexuel en rétention

Le mot d'ordre de la Gay Pride de ce samedi concerne les homosexuels demandeurs d'asile pour cause d'une homophobie ancrée dans la législation du pays d'origine. A 24 heures de l'évènement, Saïd, un algérien résidant en France, en couple depuis trois ans avec un français, risque de se retrouver dans un avion pour l'Algérie à tout moment.

Saïd vit en France depuis quelques années déjà. Il est en couple avec son ami depuis trois ans. En novembre dernier, ils se sont pacsés pour officialiser leur union. Le 7 juin, au petit matin, la police frappe à la porte du domicile conjugal. Les autorités l'emmènent au commissariat, puis direction le centre de rétention de Saint-Exupéry. Contacté tout à l'heure, Saïd nous explique qu'il tourne en rond, se sent comme un lion en cage, ne mange plus, ne fait que fumer. Hanté par l'angoisse. Il a quitté l'Algérie le jour où son père a voulu le marier de force. Aujourd'hui, le chef de famille et ses frères le menacent, s'il rentre au pays. «Je risque gros» dit-il.

Pas de "droit à la vie privée" pour Saïd

Saïd avait fait une demande d'asile politique en 2007, demande rejetée en décembre 2009. Alors qu'il est pacsé depuis quelques mois, il reçoit en mars 2010 une obligation de quitter le territoire français. Dès la réception de ce courrier, Saïd fait une demande de régulation pour obtenir le titre de séjour « Vie privée et familiale ». Selon les associations LGBT, une directive du 30 octobre 2004, disposerait que cette sollicitation ne peut être rejetée si le partenaire (étranger) d'un PACS peut justifier d'une vie commune avec un ressortissant français depuis au moins un an. Or Saïd et son compagnon vivent ensemble depuis trois ans et auraient tous les moyens pour le prouver. Pourquoi donc toutes ses demandes ont été rejetées ? Celle de titre de séjour n'a même pas donné de suite.

L'Algérie un pays « sûr » pour les homosexuels

L'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (l'OFPRA) a établi le 30 juin 2006 une liste de « pays sûrs ». Cette liste permet de traiter plus rapidement les dossiers des demandeurs d'asile et de titres de séjour. Ceux venant d'un pays dit « sûr » sont survolés puis bouclés. Mais peut-on parler de l'Algérie comme d'un pays sûr pour les homosexuels ? Dans son pays, Saïd risque une peine de trois ans de prison ferme et une amende.

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Gay Pride : un mot d'ordre dédié aux homosexuels sans papiers

Samedi aura lieu la 15e Marche des fiertés Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans (LGBT) de Rhône-Alpes. Départ à 14h du parc de la Tête d'Or, côté avenue Verguin (vers les serres). Direction Bellecour où seront dressés des stands associatifs. L'arrivée est prévue vers 17h30. Suivra un apéro au Forum, au 17 rue Romarin, à 19h. La soirée officielle est au Pinks, rue de l'Arbre Sec, même si d'autres établissements organisent leur propre événement.

En route, le cortège fera une halte Place Maréchal Lyautey dans le 6ème arrondissement pour faire entendre leurs voix. Une minute de cri est prévue pour revendiquer la laïcité, l'égalité, la fraternité, la solidarité et surtout, les droits humains. Le mot d'ordre cette année est dédié aux homosexuels sans papiers, exilés en France pour cause d'une homophobie inscrite dans la loi de leurs pays d'origine.

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