Pollution de l’Isère : Lactalis met en cause la mairie de Saint-Just

Le groupe Lactalis, accusé de déverser ses eaux usées dans l’Isère, via sa filiale L’Étoile du Vercors, renvoie la balle au maire de la commune de Saint-Just-de-Claix, responsable de “bloquer” les permis de construire pour que l’entreprise dispose de sa propre station d’épuration.

Le premier groupe laitier et fromager au monde et deuxième groupe agroalimentaire français, Lactalis, choisit de répondre à la polémique par communiqué. L'usine de L'Etoile du Vercors, à Saint-Just-de-Claix, rachetée fin 2011 par le géant de l'agroalimentaire déverse bien ses eaux usées, et ce depuis des années, directement dans l'Isère. Mais, à en croire le communiqué de l'entreprise, cela serait plus dû à l'obstination du maire de la commune qu'à l'entreprise elle-même. Voici le titre du communiqué : “Le groupe Lactalis confirme sa volonté de construire sans délai une station d'épuration à Saint-Just-de-Claix et demande au maire de délivrer le permis de construire”. "Depuis plusieurs années, le groupe Lactalis est en discussion avec le maire de Saint-Just-de-Claix autour des autorités départementales et des services de l'Etat, afin de démarrer la construction d'une station d'épuration pour traiter les effluents de la fromagerie qui emploie 140 personnes. La volonté de régler une situation qui date depuis trente ans, et avant la reprise de ce site par le groupe Lactalis fin 2011, demeure une position constante et ce malgré les nombreuses attaques et allégations regrettables et fausses du maire de Saint-Just", écrit sans plus de précisions la multinationale.

“Le groupe a mandaté des études”

Alors qu'un réseau public d'assainissement a été financé par 20 communes de la Drôme et d'Isère et se trouve être effectif depuis 2014, le raccordement de l'usine L'Etoile du Vercors n'est toujours pas fait. Et tandis que l'entreprise voisine, Saint-Jean, s'est raccordée au réseau public sans problème, Lactalis assure que pour L'Etoile du Vercors, la manœuvre ne serait pas envisageable.

"Le groupe Lactalis a mandaté des études qui ont montré que le raccordement à la station intercommunale n'était techniquement pas pérenne et ne pouvait recevoir le type d'effluents de la fromagerie sans pénaliser son fonctionnement." Mais de quoi sont donc composés ces effluents susceptibles de pénaliser l'ensemble du réseau ? L'entreprise ne le précise pas et ajoute : "M. le maire de Saint-Just sait d'ailleurs très bien qu'il ne s'agit pas uniquement de raccorder simplement la sortie des effluents mais qu'il est nécessaire de construire un bassin de prétraitement pour lequel il devra nous délivrer un permis de construire alors même qu'il refuse de délivrer aujourd'hui un permis pour une station autonome sur le site."

Une explication qui paraît teintée de mauvaise foi, puisque l'entreprise compare le fait d'accorder un permis de construire un simple bassin dans le but de relier l'entreprise au réseau commun à celui de permettre la construction par le groupe d'une station d'épuration tout entière. D'ailleurs, si Joël O'Baton, le maire de la commune, ne souhaite pas spécialement que Lactalis dispose de sa propre station d'épuration, comme il l'expliquait à Lyon Capitale, c'est aussi au vu de l'incident survenu cet été en Bretagne, dans une station d'épuration détenue par le groupe, qui a engendré la pollution de la rivière de la Seiche et la mort de milliers de poissons.

“Polémiques stériles”

"Les détails techniques des investissements qui sont de 2 millions d'euros ont été largement partagés avec les services compétents de l'Etat et ont donc amené le groupe Lactalis à déposer en mairie de Saint-Just un quatrième permis de construire pour cette station d'épuration", poursuit le communiqué de Lactalis. En réalité, chaque année depuis 2014, le groupe relance une nouvelle demande de permis de construire : la première en plein milieu du site, la seconde en bordure d'un terrain agricole, puis la troisième, au milieu d'un terrain agricole, selon le maire de Saint-Just. L'entreprise déplore aujourd'hui que le quatrième permis soit "à ce jour bloqué par le maire de Saint-Just". "Le groupe Lactalis maintient sa volonté de démarrer les travaux afin de résoudre ce problème, plutôt que d'alimenter des polémiques stériles par des déclarations erronées dans les médias", conclut le communiqué, comme un ultimatum. Au service communication du groupe, si personne n'était disponible pour répondre aux questions de Lyon Capitale, l'entreprise s'est engagée à rappeler.

En attendant que la multinationale "engage des travaux" pour sa propre station d'épuration ou que la mairie obtienne de Lactalis un raccordement au réseau public jusqu'ici jugé impossible, les eaux usées de la fromagerie coulent toujours, faut-il le rappeler, dans l'Isère.

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