Queyranne 2015 promesses de campagne

Régionales : les promesses de Queyranne (PS) sont-elles crédibles ?

Airbus de la microélectro, Lyon-Clermont direct, transports scolaires gratuits, campus des métiers… Ces promesses figurent dans le programme du président sortant pour les élections régionales des 6 et 13 décembre. Sont-elles réalisables, démago, voire déjà faites ? Lyon Capitale a vérifié en fonction des compétences du conseil régional, qui n’autorisent pas une grande liberté d’action. Fact-checking.

Un Airbus de la microélectronique

© Lyon Capitale

L’idée – Créer, avec l’aide de l’Europe, une sorte d’Airbus autour de l’actuelle société franco-italienne ST Microelectronics, pour consolider la filière microélectronique grenobloise.

Taclé par les écologistes pour avoir versé 25 millions d’euros à l’entreprise ST Microelectronics qui a par la suite licencié à Crolles (Isère), Jean-Jack Queyranne veut accélérer la consolidation de cette entreprise en proie à la concurrence de groupes asiatiques et américains.

“Nous sommes sur une filière qui demande de gros apports capitalistiques. ST Micro est 11e mondial et, si nous ne consolidons pas cette entreprise, c’est 20 000 emplois directs et indirects qui peuvent disparaître. Il y a d’autres pôles, comme à Dresde en Allemagne, desquels il faut se rapprocher si nous ne voulons pas que ce type d’industrie dans un secteur en pleine expansion disparaisse en Europe”, plaide le président PS sortant.

N’ayant pas les pleins pouvoirs pour créer un Airbus de la microélectronique, Jean-Jack Queyranne a fait remonter son souhait à François Hollande mi-octobre.

Le transport scolaire gratuit

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L’idée – Rendre gratuits les transports scolaires pour les lycéens... sauf dans les grandes villes.

La loi qui a fusionné les régions leur a aussi transféré la compétence en matière de transports scolaires. Ceux-ci relevaient auparavant des départements. Jean-Jack Queyranne promet de rendre le service gratuit pour tous les lycéens d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Dans les faits, cette promesse ne peut être qu’à moitié tenue. Les lycéens scolarisés dans les grandes villes de la région (Saint-Étienne, Grenoble, Lyon et Valence) ne pourraient y prétendre. Dans ces communes, un syndicat du type Sytral exerce cette compétence et la région ne peut s’y substituer.

Trois départements proposent aujourd’hui la gratuité : l’Allier, l’Ain et l’Isère. “C’est une mesure d’égalité et j’espère qu’elle fera figure d’exemple pour les syndicats de transports en commun des métropoles”, pousse Jean-Jack Queyranne.

Dédommager les voyageurs des TER en retard

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L’idée – Rembourser 30 % du tarif pour les abonnés TER touchés par des retards récurrents.

La mesure paraît totalement réaliste... puisqu’elle est déjà signée et entrera en vigueur en septembre 2016 dans le cadre de la prolongation d’un an du contrat entre la SNCF et la région. Seulement, ces modalités d’application devraient (on l’espère pour eux) exclure de nombreux usagers.

Pour être éligible au remboursement de 30 % de son abonnement, l’usager devra en effet avoir subi un retard supérieur à 15 minutes ou l’annulation de son train 10 fois dans un mois. Pour ces trajets, souvent effectués dans le cadre domicile-travail, l’abonné devra avoir été victime d’un contretemps en moyenne une fois par jour. Le taux de retard et d’annulation des TER en Rhône-Alpes est de 13 %. 85 000 abonnés auraient été éligibles à cette indemnisation en 2014, d’après le conseil régional. 150 000 voyageurs utilisent les TER chaque jour en Rhône-Alpes. Mais pour être remboursé, il faudra avoir préalablement enregistré ses voyages sur Internet et les incidents qui ne sont pas du fait de la SNCF seront exclus.

Recycler l’ancien siège de Charbonnières

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L’idée – Accueillir des familles de réfugiés dans les anciens locaux de la région à Charbonnières, que Jean-Jack Queyranne n’a pas encore réussi à vendre.

Alors que le conseil régional a pris possession de son nouveau siège à la Confluence en mai 2011, Jean-Jack Queyranne a toujours l’ancien sur les bras. Le projet de requalification des locaux en habitations a capoté après que le maire de Charbonnières, soutenu par Gérard Collomb, a retoqué le projet. Début septembre, en pleine crise des migrants, Jean-Jack Queyranne décide donc d’en faire un hébergement d’urgence pour une centaine de réfugiés.

Mais, depuis que Manuel Valls veut préempter à Charbonnières pour construire du logement social, Jean-Jack Queyranne a changé d’idée : il veut revenir au programme immobilier qui avait capoté au dernier moment en 2013.

60 000 contrats d’apprentissage

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L’idée – Créer 60 000 contrats d’apprentissage par an.

Jean-Jack Queyranne n’est pas homme à truffer son programme de statistiques et d’objectifs chiffrés. Pour l’apprentissage, un secteur sur lequel Laurent Wauquiez revient souvent, le président PS du conseil régional sortant se risque cependant à l’exercice. Il peut le faire sans grand danger puisque le chiffre qu’il propose correspond à peu de chose près à la somme de ce que réalisent aujourd’hui les deux régions.

En la matière, le second mandat de Jean-Jack Queyranne a été marqué par un ralentissement de la hausse des contrats d’apprentissage. “Sur le premier mandat, nous sommes passés de 32 000 à 43 000 et sur celui qui s’achève de 43 000 à 46 000”, explique Jean-François Debat, vice-président en charge des finances. Laurent Wauquiez s’amuse de cette promesse : “Jean-Jack Queyranne a un boulet : son bilan. Le nombre de nouveaux apprentis est en baisse de 20 % cette année.”

Des campus des métiers

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L’idée – Créer dix nouveaux campus des métiers, sur le modèle de ceux lancés durant le mandat précédent.

“Les campus des métiers réunissent un lycée ou centre d’apprentissage, une université ou une grande école, une plateforme technologique et les entreprises”, explicite le candidat PS.

Durant le mandat qui s’achève, la région en a ouvert quatre : à Grenoble autour de l’énergie, à Oyonnax (plastique), à Lyon (textile) et à Thonon (tourisme de montagne). Le président en campagne en promet dix de plus, sur le design, le sport, l’environnement ou l’agroalimentaire.

Chaque année, le ministère de l’Éducation lance des appels à projets et, lors des deux premiers concours, Rhône-Alpes a toujours eu deux projets retenus. Statistiquement, la promesse est tenable.

Lyon-Clermont direct sans arrêt

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L’idée – Créer une liaison TER qui ne marque pas les quatre haltes actuelles entre Lyon et Clermont.

La ligne directe entre Lyon et Clermont-Ferrand sera effective en décembre, à quelques jours des élections et de la fusion des deux régions. Un aller-retour par jour ne marquera pas d’arrêt à Roanne, Riom et Vichy. Le gain de temps sera d’un quart d’heure. “J’aurais aimé un trajet plus rapide, mais c’est une liaison supplémentaire et il n’est pas simple de faire entrer des trains à la gare de la Part-Dieu”, précise le candidat PS.

Jean-Jack Queyranne prend aussi position pour la création d’une ligne TGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon, qui permettrait de relier plus rapidement les deux grandes villes de la nouvelle région. Mais cette réalisation est beaucoup plus incertaine. La commission mobilité, qui a fixé les projets prioritaires en matière de train, n’a pas retenu cette ligne. Et celles qui lui ont été préférées ne seront même pas toutes réalisées, baisse des dépenses de l’État oblige.

Lyon Capitale passe au crible les promesses des quatre principaux candidats, lire aussi :
Les promesses de Kohlhaas (EELV-PG) sont-elles crédibles ?
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