Roi Lear Serge Merlin Ganet
2009. Courtesy Galerie Xippas

TNP : un Roi Lear dans les cercles de l’enfer

CRITIQUE – Christian Schiaretti signe une mise en scène du Roi Lear qui restitue à l’œuvre sa force irrésistible. À voir de toute urgence.

Serge Merlin dans “Le Roi Lear” © Christian Ganet

Serge Merlin dans “Le Roi Lear” © Christian Ganet

Sur les murs qui longent les escaliers donnant accès à la grande salle du TNP, on peut voir des photos des plus grands spectacles qui ont marqué ce lieu historique. Les images du Roi Lear, la pièce de William Shakespeare mise en scène par Christian Schiaretti, y méritent d’ores et déjà leur place. Car, dans les quatre heures de cette pièce, qui emportent le spectateur au cœur d’un monde sombre et fascinant, rien n’a été laissé au hasard pour permettre à la puissance de l’œuvre de s’exprimer.

Une arène de génie

Le Roi Lear, mise en scène de Christian Schiaretti © Christian Ganet

© Christian Ganet

Mais, ce qui frappe d’abord les esprits, c’est ce décor grandiose, en arc de cercle et percé de nombreuses ouvertures. Un espace circulaire en forme d’arène qui est peut-être un rappel du théâtre du Globe élisabéthain. Trouvaille géniale, réalisée par Fanny Gamet, il permet de rapprocher les personnages durant les scènes plus intimes comme d’offrir une vue d’ensemble sur les scènes de groupe, de combat et d’action au moment où les éléments se déchaînent. Les entrées et sorties des personnages se succèdent comme si chacun était pris dans un tourbillon irrésistible.

Un grand texte servi à merveille

Clara Simpson (Goneril), Magali Bonat (Regane), Philippe Duclos (Gloucester) et Serge Merlin (Lear) dans “Le Roi Lear” © Christian Ganet

Clara Simpson (Goneril), Magali Bonat (Regane), Philippe Duclos (Gloucester) et Serge Merlin (Lear) © Christian Ganet

Il ne reste plus aux comédiens qu’à se laisser aspirer par le génie shakespearien, ici à son sommet pour ce qui est de décrire grandeurs, misères et folies humaines. C’est bien ce qu’il fait dans cette pièce mythique, récit terrible d’un roi dépossédé par deux de ses filles alors même qu’il a rejeté la troisième, la seule honnête. Tragédie sur le pouvoir, la violence, la rapacité, l’amour et les haines familiales. Un grand texte, servi à merveille par Serge Merlin, enchanteur dans le rôle-titre. Son talent légendaire lui permet de s’emparer des multiples aspects de son rôle (autorité, impuissance, colère, tristesse, folie...) sans jamais tirer la couverture à lui. Puisque tous les comédiens de cette nombreuse distribution trouvent leur juste place dans ce spectacle qui fera date.

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Le Roi Lear. Jusqu’au 15 février (du mercredi au samedi à 19h30, le dimanche à 16h), au TNP, place Lazare-Goujon (Villeurbanne).
> Le spectacle est complet, mais des places se libèrent chaque soir et le théâtre a mis en place une liste d’attente (par courriel). Tentez votre chance, ça vaut le coup !

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Cet article est extrait du cahier Culture de Lyon Capitale 730 (février 2014).

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