Do You Be Nawal Lagraa 594
© Tim Douet

Do You Be : Nawal Lagraa défend le métier de danseur

Avec Do you be, présenté dans le cadre de la Quinzaine de l’égalité femmes-hommes, Nawal Lagraa a donné leur chance à huit jeunes danseuses lyonnaises aux parcours atypiques. Lyon Capitale a été les voir travailler sur le projet à la Maison de la danse. Reportage.

Do You Be – projet chorégraphique de Nawal Lagraa (photo de répétition) © Tim Douet

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Do You Be – projet chorégraphique de Nawal Lagraa (photo de répétition).

Elles sont huit. Huit jeunes danseuses françaises de 19 à 28 ans, d’origine algérienne, italienne, tunisienne, haïtienne, sénégalaise ou bretonne, qui viennent pour beaucoup du hip-hop mais aussi de la danse africaine ou orientale.

La chorégraphe Nawal Lagraa les a réunies dans Do You Be (Est-ce que tu es), un projet d’insertion professionnelle concentré sur trois mois, avec une formation en danse contemporaine, une création, un salaire et une tournée nationale. L’enjeu est de permettre à ces jeunes danseuses autodidactes de devenir professionnelles alors que, pour des raisons culturelles, sociales ou financières, elles ont du mal à y parvenir.

“Mon premier objectif, précise Nawal, est qu’elles se servent de ce projet autant dans leur vie de femme que de danseuse. Je veux leur donner les moyens techniques de se mesurer à d’autres compagnies, de passer des auditions et qu’elles puissent construire leur destin artistique.”

Repousser les limites

Do You Be – projet chorégraphique de Nawal Lagraa (photo de répétition) © Tim Douet

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Do You Be – projet chorégraphique de Nawal Lagraa (photo de répétition).

Issue du classique et du contemporain, Nawal Lagraa travaille depuis plusieurs années avec Abou Lagraa en tant que danseuse et assistante pédagogique. Elle a largement contribué à la spectaculaire transformation des jeunes danseurs hip-hop du Ballet contemporain d’Alger dirigé par le chorégraphe.

Pour Do You Be, elle s’est appuyée sur le concept de la femme sauvage, tiré du livre de Clarissa Pinkola Estés Femmes qui courent avec les loups, pour les ateliers et concevoir l’écriture de la pièce : “Le travail s’est fait autour de discussions et des phrases du livre. Je n’ai pas voulu aller à l’encontre de leurs acquis, mais j’ai tenté d’enlever la forme, de garder le travail sur l’énergie pour les amener sur des états de corps et de danse.” Casser les formes et garder ce qui vient du ventre, ce qui est à l’état sauvage, ce qui traverse dans le lâcher prise pour comprendre que l’on peut toujours repousser les limites.

Défendre le métier de danseur

Nawal Lagraa, en répétition pour le projet “Do You Be” à la Maison de la danse, en septembre 2015 © Tim Douet

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Nawal Lagraa.

“Le livre donne de la force à beaucoup de femmes qui ont vécu des moments difficiles, il révèle la possibilité de refaire sa vie, de faire des choix et d’assumer”, souligne Nawal Lagraa.

Pour la chorégraphe, la difficulté à devenir professionnelle ne réside pas seulement dans la culture nord-africaine qui ne comprendrait rien à la danse : “Cela traverse toutes les cultures. Et, même s’il y a une France qui avance, il y en a une qui recule. Nous les femmes sommes souvent dans deux mouvements, celui de pouvoir avancer et celui de subir des pressions qui appellent le combat. Mon idée est aussi de défendre le métier de danseur, car il ne s’agit pas de bouger uniquement mais de penser et de se remettre en question. Il faut être fort et courageux pour faire ce métier. J’espère que ce spectacle fera tomber les barrières sur une fausse idée que peuvent en avoir, par exemple, les parents.”

En attendant, Nawal Lagraa savoure la chance inespérée que la directrice de la Maison de la danse, Dominique Hervieu, lui donne avec ce projet. En seconde partie de celui-ci, elle présentera son premier solo, écrit à partir des étapes du deuil : le déni, le choc, la colère, le vide que laisse quelqu’un après son départ, la solitude...

Do You Be, de Nawal Lagraa – Jeudi 8, vendredi 9 et samedi 10 octobre à 19h, à la Maison de la danse.
À lire aussi : le portrait d’une des danseuses de Do You Be, dans notre mensuel d’octobre (Lyon Capitale 748), en vente en kiosques.
Ci-dessous l’intégralité du reportage photo.
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