Occupation étudiante Lyon 2 : un gymnase ouvert pour les migrants

Une cinquantaine de migrants et d'étudiants occupent toujours un amphithéâtre et deux salles de cours du campus Porte des Alpes, à Bron. Cinquante places ont été mises à disposition dans un gymnase hier après-midi, mais les occupants protestent contre cette solution.

Occupation d'un amphi de Lyon 2, décembre 2017 © Marie Maleysson

© Marie Maleysson
Occupation d'un amphi de Lyon 2, décembre 2017

"A.G. dans dix minutes dans l'amphi C, venez nombreux", s'écrie un étudiant en tentant de couvrir le bruit de la musique. Ce vendredi matin, malgré les sourires et l'apparente bonne humeur, l'ambiance est morose. La présidence de l'université Lumière Lyon 2 a informé les migrants et les étudiants que les locaux devraient être vidés à 17h le jour même. Heure à laquelle seraient ouvertes cinquante places dans un gymnase aménagé. Une solution temporaire qui ne satisfait pas les protestataires. "C'est une fausse victoire ! Ce logement n'est valable que pour dix jours mais on ne sait pas ce qui va se passer après!", s'exclame Paola, étudiante de première année en Sciences de l’Éducation, avant de se rendre à l'assemblée générale.

Les dernières nouvelles y sont données et le micro passe de main en main pour que chacun puisse s'exprimer. Puis la prolongation de l'occupation est votée à la majorité. "Et on fait quoi si les policiers viennent nous sortir ce soir ?", s'inquiète une voix. Personne ne sait vraiment et la plupart compte aviser à ce moment-là. "Ceux qui pourront logeront quelques personnes chez eux et on évacuera les autres. On les dispersera dans les magasins pour les mêler à la foule", confie tout de même Doz, entre deux coups de téléphone. Etudiant en anthropologie, il fait partie des organisateurs du mouvement.

 

Étudiants et migrants s'autogèrent

Dans le hall du bâtiment H, trois tables côte à côte jonchées de boîtes de céréales, tasses, café et autres bouteilles de jus de fruits. Le coin " petit-déjeuner " explique-t-on. Assis sur une chaise, Adrien gratte quelques notes sur sa guitare. "On ne s'en ira pas et on continuera l'occupation dans les semaines qui viennent s'il le faut. Les migrants ne sont pas les seuls à dormir ici. Il y a aussi des étudiants et des salariés qui viennent donner des coups de main", raconte-t-il. Il suit le mouvement depuis le début de l'occupation le 15 novembre.

Derrière lui, l'un des accès de l'amphithéâtre C est bloqué par un amoncellement de sacs, cartons et produits alimentaires. À l'intérieur, des lits de fortune et des chariots remplis de vêtements et de couvertures. Dans les deux salles de cours transformées en dortoir, les matelas sont disposés les uns à côté des autres, les chaises empilées dans un coin et quelques rares affaires personnelles trahissent des passages récents. Dans le dortoir réservée aux femmes, le tableau blanc est couvert de messages d'encouragement à destination de ses occupantes. Des affiches collées un peu partout délimitent les espaces de vie : "lavez vos verres ici" ou "fruits". Les étudiants ont installés un système d'autogestion où chacun prend part aux tâches quotidiennes énumérées sur une liste placardée à l'entrée de l'amphithéâtre.

 

"Ce n'est pas notre rôle d'héberger les migrants"

Le hall du bâtiment sert d'espace de vie commune

© Marie Maleysson
Le hall du bâtiment sert d'espace de vie commune

Pour l'université, la mise à disposition d'un gymnase doit entraîner la fin de l'occupation de ses locaux. "Ce n'est pas notre rôle en tant qu'institution publique d'héberger les migrants. C'est celui d'organisations compétentes qui ne remplissent pas leurs obligations", soutient Nathalie Dompnier, présidente de l'université Lumière Lyon 2. "On a tapé du poing sur la table pour que la préfecture joue son rôle. C'est une réponse a minima qui a été trouvée mais on doit prendre acte du fait que les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités. Les locaux doivent être libérés. Appeler la police ce n'est pas notre but mais en cas de dernier recours, nous y serons obligés", continue-t-elle.

L'occupation de ses locaux dans ces conditions pose un problème de sécurité et d'hygiène à l'université. Des plaques de cuisson ont en effet été installées dans plusieurs endroits, le campus reste ouvert jour et nuit et des cours ont dû être déplacés voire annulés du fait de l'occupation de l'amphithéâtre. "Nos services de sécurité ont fait gros travail avec les étudiants. On a fait en sorte que cela se passe au moins mal", souligne la présidente.

Vendredi soir, les locaux sont toujours occupés. "Il y a eu quelques échanges assez vifs mais on reste là. On nous a informé que les policiers seraient appelés mercredi prochain à 14h si on est encore là. En attendant, on continue l'occupation jusqu'à ce qu'une meilleure solution soit trouvée", termine Doz. D'ici là, les activités de cours de français et de soutien administratif de la part des étudiants devraient reprendre.

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