La Compagnie des Wagons-Lits accusée de discrimination raciale

Après Bosch Vénissieux condamnée le 20 juin dernier (voir notre article), la Compagnie des Wagons-Lits devra s'expliquer sur sa gestion du personnel.
A l'origine de la procédure, un Français d'origine togolaise de 43 ans. Koffi (prénom d'emprunt) accuse le sous-traitant de la SNCF de l'avoir confiné au rang d'employé alors que des collègues d'origine européenne, arrivés en même temps que lui et à un niveau comparable, sont désormais cadres.
Embauché en 1990 comme manutentionnaire par l'établissement de Lyon, il passe au service accueil après avoir obtenu un diplôme de comptabilité de l'université Lyon 2. Malgré ce changement de service, il reste employé. Un poste qu'il n'a cessé d'occuper jusqu'à ce jour. Ni les diplômes qu'il a obtenu en comptabilité (notamment le Diplôme d'études comptables et financières (DECF) obtenu en 2001), ni les multiples démarches qu'il a faites pour évoluer dans la hiérarchie de l'ensemble du groupe Accor (dont dépend la Compagnie des Wagons-Lits) ne lui ont permis de faire décoller sa carrière. "En 2005, je n'ai pas touché la prime pour l'année 2004 alors que tous les collègues de mon service l'ont obtenue. C'est ce qui m'a fait reconnaître que j'étais victime d'une discrimination. J'ai alors écris au Directeur général de Wagons-Lits. Une semaine après, il me recevait en me promettant de mettre un terme à cette situation. Mais il est parti à la retraite et rien n'a changé pour moi'. En novembre 2006, il prend finalement la décision de saisir le conseil de prud'hommes.

"Ethnicisation des tâches ?"
"J'ai attaqué aux prud'hommes car j'ai pris conscience qu'il s'agit d'un système, en tout cas pour ce que je connais, à savoir l'établissement de Lyon", explique Koffi.
L'association SOS Racisme, "intervenant volontaire" (c'est-à-dire, partie civile dans le langage des prud'hommes) partage la même analyse : "80% des manutentionnaires sont des noirs ou d'origine maghrébine alors qu'ils ne représentent que 11% chez les vendeurs". Le directeur de SOS Racisme Lyon, Loïc Rigaud, poursuit : "Surtout, entre le 1er janvier 1994 et le 31 novembre 2006 (date à laquelle Koffi a saisi les prud'hommes), deux personnes d'origine étrangère ont été embauchées sur les 38 nouveaux vendeurs. Après le 31 novembre, comme par hasard, la tendance s'inverse : 9 embauches de personnes d'origine étrangère sur 15. On peut donc légitiment se poser des questions d'autant que le groupe Accor a été épinglé par la Halde* dans son rapport de juin 2008".
L'avocate de SOS Racisme, Myriam Plet, précise : "c'est un dossier dans lequel nous avons beaucoup d'éléments, notamment des échanges de courriers. Or Koffi n'est pas le seul employé à être d'origine étrangère, on peut donc penser qu'il y a d'autres salariés qui ont subi des discriminations ethniques".
Les autres salariés potentiellement concernés n'ont, en l'occurence, pas suivi l'exemple de Koffi, qui se présentera seul, lundi, devant le conseil de prud'hommes.
Contacté par Lyon Capitale, la direction de la Compagnie des Wagons-Lits considère qu'"il n'a pas évolué comme il le souhaitait car il n'y avait pas de postes à pourvoir". Il ne s'agit donc pas de discrimination".
En réparation du préjudice qu'il dit avoir subi, Koffi demande la somme de 102 900 euros et son reclassement comme cadre.

*Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité

DERNIÈRE MINUTE :

A la demande de la Compagnie des Wagons-Lits, le procès a été renvoyé au 20 octobre

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