Dentexia

Dentexia, les victimes du dentiste low cost

Santé. En pratiquant des tarifs bien inférieurs à ceux des dentistes “classiques”, Dentexia est en pleine expansion et développe des antennes dans toute la France. Mais la médaille a un revers pour certains patients qui se sont retrouvés “défigurés”. Et les autorités ont à l’œil le dentiste low cost, notamment sur ses montages financiers.

Lyon Capitale n°731, p. 60-61 © Lyon Capitale

Un prix imbattable. 970 euros le forfait pose implant-couronne tout céramique au lieu des 2 370 euros de tarif moyen constaté en France. Pour qui a mal aux dents et sait ce que ça peut coûter, le site Internet de Dentexia est particulièrement attrayant.

Dentexia, c’est la promesse de soins dentaires bien moins chers que chez un dentiste libéral. Une nouvelle génération de centres dentaires qui casse les prix du marché. Autrement dit, du low cost qu’on vous met dans la bouche.

C’est un businessman touche-à-tout, Pascal Steichen, qui a lancé le concept il y a deux ans dans l’agglomération lyonnaise. Aujourd’hui, Vaulx-en-Velin, Lyon (rue Tête-d’Or et à Grange-Blanche, dans la maternité privée Natecia) mais aussi Colombes (92), Paris et Chalon-sur-Saône accueillent des centres Dentexia. “On va prochainement en ouvrir à Nice et à Strasbourg. L’idée, c’est un tous les deux mois”, explique Steichen.

Structurée comme une association à but social – “L’accès aux soins dentaires pour tous” –, Dentexia affiche complet. Attirés par les prix défiant toute concurrence, les patients font la queue (1 300 personnes refusées à Lyon, 750 à Paris, faute de places disponibles). Mais il y a un revers à cette médaille.

Calvaire dentaire

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Lorsque, sur les conseils de son dentiste “de famille”, Christine Cossey décide d’aller chez Dentexia se faire poser des implants pour remplacer des molaires manquantes, cette coach comportementale de Meximieux ne se doute pas un seul instant de l’enfer qu’elle va vivre. Un enfer qui dure depuis deux ans et se terminera, dans les prochains mois, par une chirurgie maxillo-faciale. Le plan de traitement que Dentexia lui présente préconise l’extraction de huit dents, la pose de sept implants, avant la mise en place de prothèses. Trois mois plus tard, une partie de ses implants tombe. On les lui remet, mais rien n’y fait : l’os qui maintient les dents, donc potentiellement les implants, s’est totalement résorbé. S’ensuivent de violentes douleurs dans les mâchoires, des nausées régulières, des évanouissements chroniques. “J’avais le visage complètement violacé, on m’a dit que c’était le choc de l’opération !”

Les dentistes de Dentexia lui fabriquent alors un dentier provisoire. Inadapté, il ne tient pas. Christine Cossey est contrainte de le recoller plusieurs fois par jour, avec une colle qui lui détraque l’estomac. Elle en fait part à plusieurs reprises au centre dentaire, qui lui oppose une fin de non-recevoir. “Aujourd’hui, je ne mange que des algues en poudre, diluées dans de l’eau. Parfois, je m’évanouis, car je n’ai plus aucune force. Dentexia m’a charcuté la bouche !”

“Dentexia a forcé sur la dose”

Entretemps, Bernard Chapotat, docteur en chirurgie dentaire, l’expertise. “Si on ne peut pas affirmer qu’il y ait eu “mutilation”, en revanche, ce qui est sûr, c’est que ça n’a pas été fait dans les règles de l’art ! Autrement dit, Dentexia a un peu forcé sur la dose. Le plan de traitement n’était pas bon. C’est comme si vous aviez un panaris et qu’on vous coupait la main ! Dans ce contexte, la tentation est grande de réaliser des “surtraitements” comme l’extraction des dents de cette patiente, pour mettre en place un plus grand nombre d’implants.” Et doper le devis, qui s’élève à plus de 7 000 euros.

Pour reconstituer les zones où le déficit osseux est trop important, Christine Cossey doit passer sur le billard : on va lui “détacher” le maxillaire (sur les bords duquel sont implantées les dents) au niveau du crâne, prélever de l’os au niveau de la hanche qui sera greffé dans la mâchoire. Dix mois d’opérations au bas mot, entre la cicatrisation osseuse, les greffes gingivales, le port d’une prothèse provisoire et la pose définitive d’une armature métallique sur laquelle seront fixées des dents en résine. Si l’opération est complexe, elle est aussi coûteuse. Lors d’une convocation, le 20 février dernier, les avocats de Dentexia ont préféré payer le prix de l’opération (près de 16 000 euros), en contrepartie de l’abandon de toute poursuite judiciaire, explique le conseil de l’ordre départemental. La patiente a accepté, pour “mettre un terme à [son] calvaire”.

Mais le cas de Christine Cossey n’est pas isolé.

–> Page 2 : Plaintes et procès

Plaintes

Sur le bureau du président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes du Rhône, une grosse pile de dossiers. Même topo à l’échelon national. “Pour l’heure, on a enregistré une bonne douzaine de plaintes de patients de Dentexia pour surconsommation de traitements et mauvaise qualité des soins, explique Alain Chantreau, le président départemental. Comme cette patiente de Vaulx-en-Velin à qui on a extrait toutes les dents et qui porte un appareil provisoire depuis... mai 2012. Dentexia lui avait pourtant assuré qu’en quatre mois tout serait fini. L’ostéo-intégration, lui répond-on, c’est-à-dire le temps de la cicatrisation osseuse (l’implant est une vis placée dans l’os) avant la pose de la prothèse, dure plus longtemps que prévu. Pascal Steichen estime que ça peut même prendre “plus d’une année”. De l’avis de Serge Deschaux, docteur en chirurgie et conseiller technique en charge de la qualité et de la sécurité des soins au sein de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), “en principe, l’ostéo-intégration prend entre trois et quatre mois. Un an et demi, il y a anguille sous roche. Il y a un problème, c’est bizarre.” Même son de cloche pour Guillaume Fromental, gérant du fabricant de prothèses lyonnais Drive Implants : “L’ostéo-intégration, c’est six mois maximum, et encore. Un an et demi, c’est rigoureusement impossible.”

Si cette patiente a souhaité garder l’anonymat, c’est qu’elle craint que Dentexia ne termine pas les soins... déjà payés. À ce jour, elle a déboursé 8 000 euros d’avance. Il lui reste encore 4 300 euros à payer. Si la jurisprudence autorise dans certains cas particuliers les acomptes, en l’espèce, qu’en serait-il eu égard aux délais que les professionnels jugent “démesurément” longs ?
Il y a aussi cette autre patiente, élue d’une ville de l’agglo, qui a fait les frais de Dentexia. “J’ai demandé des devis à deux, trois implantologues. À la clinique du Parc, on me proposait 22 000 euros. Chez Dentexia, c’était 10 000 euros tout rond. J’imaginais bien qu’à ce tarif-là les prothèses puissent être de moins bonne qualité, je savais que Dentexia faisait du low cost. Mais je n’avais pas les moyens de me payer autre chose. Sauf que, dix-huit mois après m’avoir arraché les dents, je n’ai toujours pas de prothèses et plus rien dans la bouche !”

Pour les besoins de notre enquête, nous avons interrogé des chirurgiens-dentistes, des implantologues, des directeurs cliniques et prothétiques, des fabricants de prothèses et d’implants aux quatre coins de la France. Toute la profession le critique. Steichen fait l’unanimité dans tous les registres et toutes les catégories de praticiens. Mais, que lui reproche-t-on, au juste ?

Procès

D’abord, de ne pas payer ses partenaires commerciaux. “Il ne paie jamais ses fournisseurs”, affirme Philippe Balagna, président du syndicat des chirurgiens-dentistes du Rhône. Renseignements pris, Dentexia et son président-fondateur Pascal Steichen sont actuellement en procès avec de nombreux laboratoires de fabrication d’implants et de prothèses, pas seulement de l’agglomération lyonnaise mais de toute la France. Les procédures sont en cours. Pascal Steichen, via Dentexia et ses autres sociétés, se verrait reprocher de ne pas s’être acquitté de ses commandes. 890 000 euros ici, 105 000 là, plusieurs autres centaines de milliers d’euros là-bas, etc. L’une de ses victimes explique qu’elle aurait été obligée de vendre sa maison pour pouvoir rembourser ses dettes, suite au refus de payer de Dentexia. D’après nos recoupements, plus personne ne voudrait travailler avec lui. “Steichen s’est grillé partout. Il a des dettes aux quatre coins de la France, confirme Christian Couzinou, président de l’ordre national des chirurgiens-dentistes. Dentexia et Steichen font le tour des labos lyonnais et français. Personne ne veut plus les fournir. Tout le monde est au courant de leur réputation sulfureuse.” Ce fabricant d’implants, actuellement en procès avec Dentexia et Steichen pour plus de 100 000 euros d’impayés, explique comment Steichen organise sa défense : “L’une des sociétés de Steichen, Laboscore, nous achète les implants. Ces implants, Laboscore les revend ensuite à Dentexia. Or, le capital de Laboscore est de 10 000 euros. C’est là que Steichen nous dit que 105 000 euros, c’est dix fois le capital de sa société et qu’il ne peut pas payer. Et le tribunal a beau les sommer de présenter leurs comptes, ils ont toujours une excuse.”

Pression économique et PNL

L’autre critique faite à Pascal Steichen, c’est la pression économique qu’il met sur ses employés. Chirurgiens-dentistes, implantologues, assistantes dentaires, conseillers et superviseurs cliniques, coordinateurs, responsables de centre, tout le monde y passe, à en croire les anciens salariés avec lesquels nous avons pu discuter. Le plus souvent, ils sont en CDD, avec des salaires allant de 2 000 euros nets mensuels pour une assistante dentaire à 5 000 euros nets pour un chirurgien-dentiste. “On a un volume de production qu’il faut abattre tous les jours, sous peine d’être dans le collimateur des boss”, explique l’un d’entre eux, qui a souhaité garder l’anonymat par peur des représailles.

Alain Chantreau, président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes du Rhône, confirme : “Je reçois beaucoup de jeunes confrères qui restent un ou deux mois chez Dentexia, ils ne tiennent pas. Ils disent avoir trop de pression sur les épaules. Et, quand ils n’arrivent pas à faire leur chiffre d’affaires, on le leur fait comprendre...”

Toutes les personnes que nous avons jointes confirment qu’un chirurgien-dentiste de Dentexia doit faire 90 000 euros de chiffre d’affaires par mois. “Cela représente près de 2 000 implants chaque année. Ça fait plus de 11 implants par jour, c’est inimaginable !” explique Pierre-Yves Besse, président de l’union patronale des prothésistes dentaires. Pis, Guillaume Fromental, gérant du fabricant de prothèses lyonnais Drive Implants, met en cause toute la logique et le modèle économique de Pascal Steichen : “Steichen nous avait demandé de valider la viabilité de son concept [Dentexia n’existait pas encore, NdlR]. Chaque semaine, on montait dans son centre d’Aubervilliers [appartenant à un autre centre dentaire low cost, Addentis] pour voir combien on pouvait faire d’implants au quotidien. Les résultats n’étaient pas à la hauteur de ce que Steichen voulait, car on avait mis un bémol : il fallait un cadre sain. On a arrêté toute collaboration avec lui.”

Stérilisation pas aux normes

Un ancien responsable de la stérilisation chez Dentexia, récemment licencié, pointe du doigt la stérilisation. “Tous les centres dentaires ont leur propre salle de stérilisation, sauf qu’avec les volumes de production que les praticiens doivent faire, Dentexia a été contrainte d’externaliser sa production. À Lyon, le local de stérilisation est situé à 400 mètres du centre de Vaulx-en-Velin, dans un ancien cabinet dentaire. Ils l’ont fait à l’arraché, dans l’urgence. Les règles fondamentales d’hygiène ne sont pas respectées. J’avais fait des prélèvements sur des vis de cicatrisation : elles étaient souillées. C’est honteux !” Après quelques recherches sur place, nous avons mis la main sur ce local, au rez-de-chaussée d’un immeuble du centre de Vaulx-en-Velin, 2 chemin Tony-Garnier.

–> Page 3 : Du profit grâce à la CMU

CMU : quand les dents des pauvres se transforment en or

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L’autre principal reproche qui est fait à Steichen est de s’être tourné vers la santé dentaire pour faire du profit sur les soins déréglementés et les patients les plus pauvres. “À Vaulx-en-Velin, on est à 90 % de CMU”, s’enorgueillit Dominique Goedert, responsable du développement chez Dentexia. Votée en 1999 par le gouvernement Jospin, la couverture maladie universelle permet à toute personne de nationalité française ou titulaire d’un titre de séjour, résidant en France depuis plus de trois mois de manière stable et régulière et qui n’est pas déjà couverte par un régime de sécurité sociale, d’avoir accès à l’assurance maladie. En France, 2,22 millions de personnes en bénéficient (3,4 % de la population), 51 500 dans le Rhône (2,9 %)*. Les agences régionales de santé (ARS) approuvent : les centres s’implantent dans des territoires qui présentent une carence en offre de soins. Sur le papier, le mérite de Dentexia est de proposer un égal accès aux soins, notamment aux personnes les plus démunies.

Les fondateurs, eux, sous couvert d’une action sociale, font coup double : les prix sont alignés sur le remboursement de la CMU et ils privilégient les grosses opérations et donc les plus rentables. Ils sont alors certains d’être remboursés. Bref, avec la CMU, les chicots se transforment en or.

Si Dominique Goedert, l’ancien journaliste de France 3, se félicite d’accueillir des patients que peu de dentistes veulent, il peut aussi se frotter les mains : cette clientèle (chez Dentexia, les centres dentaires sont volontiers comparés à des “centres de profit”) est considérable. À Lyon, Pascal Steichen affirme avoir refusé 1 300 clients-patients, les plannings des dentistes étant “surchargés”. Quel patient relevant de la CMU refuserait des prothèses qui ne lui coûtent rien ?

* Source : cmu.fr – année 2012.

–> Page 4 : Mégalo, Steichen ?

Les réponses de Pascal Steichen

Face à ces attaques, Pascal Steichen, 57 ans, fondateur des centres dentaires Dentexia, semble avoir réponse à tout. Vous ne le connaissez pas, mais lui vous connaît. Du moins vos dents. “La pathologie moyenne des Français est de 5,5 couronnes dont 2,2 implants. J’ai donc des chances de remplir mes centres.”

Pendant une heure et quart, négligemment assis sur le bord d’un bureau, devant un paperboard qui lui permettra d’asseoir toute sa démonstration, ce titulaire d’un Executive Master of Business Administration, une formation pour cadres dirigeants dispensée à HEC, nous refait l’histoire de la dentisterie de A à Z. Il faut lui reconnaître une aisance confondante. Et un certain charisme, la crinière grise jetée en arrière, chemise blanche ouverte et veste noire en daim à la BHL.

Il parle taux de rentabilité, rationalisation des coûts, chiffre d’affaires moyen par dentiste, salaires, etc. Et, au final, très peu de traitement médical.

Un brin mégalo ?

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Si Pascal Steichen ne parle pas “clinique”, c’est parce qu’il n’est pas dentiste. L’homme s’est improvisé “coach dentaire” pendant une vingtaine d’années pour des cabinets libéraux, a conçu des campagnes de communication pour des sociétés cotées, vendu des mallettes pédagogiques financées par de grosses multinationales pour plusieurs ministères, lancé des magazines spécialisés – dont un destiné aux francs-maçons qui a rapidement coulé –, édité des guides pratiques sur l’organisation et l’optimisation des cabinets dentaires. Pascal Steichen semble avoir fait tous les métiers. L’homme s’affiche ostensiblement sur son site perso : on peut le voir, toutes dents dehors (dont 17 couronnes, avoue-t-il – certifiées Dentexia ?), poser devant son cossu château bordelais, avec ses cinq enfants et sa femme en mode portrait noir et blanc, “liker” son mentor Kevin Trudeau, “le coach des coachs”, un homme d’affaires américain, star du petit écran, poursuivi pour publicité mensongère à répétition et condamné en 2010 à 38 millions de dollars d’amende.

Début 2009, Pascal Steichen et Patrice de Montaigne de Poncins créent la société Efficentres, une société par actions simplifiée (fiscalité des bénéfices avantageuse) dont l’activité est l’“accompagnement à la création et à l’exploitation de centres de santé dentaire”. Les deux hommes d’affaires lèvent 400 000 euros de capital-risque. Steichen et de Poncins en sont les deux gérants. L’affaire tourne bien. Efficentres “vend” ses services aux centres dentaires Addentis. Addentis, c’est l’astucieux concept de Patrice de Poncins. L’idée : l’accès aux soins pour tous, notamment la prise en charge de patients bénéficiant de la couverture maladie universelle (CMU). Le concept cartonne.

En 2011, Pascal Steichen vend ses participations dans Efficentres et Addentis, prend exemple sur son mentor et se lance dans le business, en créant des centres dentaires low cost pour tous. Il en a aujourd’hui six et prévoit d’en ouvrir un tous les deux mois, sans compter le marché allemand, “très prometteur”. Il est d’ailleurs en conflit devant le tribunal de grande instance de Paris avec Addentis, pour concurrence déloyale et parasitaire.

Maître de la parole

Pascal Steichen est brillant. Capable de vous retourner une phrase comme un gant, de faire plier la sémantique du côté de ses idées. Concernant le surtraitement : “Les représentants de la profession accusent nos centres de surtraitement (soigner une dent qui n’en a pas besoin). Or, à populations égales, les dentistes français posent 5 fois moins d’implants et de couronnes que les Italiens ; 4 fois moins que les Allemands ; 3 fois moins que les Espagnols... Montrant ainsi que la dentisterie française est en grave sous-traitement de sa population. Cela confirme également les études épidémiologiques, qui montrent le niveau déplorable de la santé bucco-dentaire des Français. Dans ce contexte, les praticiens Dentexia ne font que se rapprocher des normes cliniques internationales dans l’établissement de leurs diagnostics.”

À propos des pressions économiques sur ses employés : “Est-ce que je vous ai parlé chiffre d’affaires et productivité ? Les praticiens qui travaillent pour moi sont en dehors de toute pression. Si on les chronomètre, c’est simplement pour savoir combien de temps ils mettent pour diagnostiquer un patient, ou mettre un implant. Cela nous permet de fixer un agenda, un planning. Mais 90 000 euros de chiffre d’affaires par mois, c’est n’importe quoi !”

Sur la stérilisation : “Une personne à plein temps (dans chaque centre) dédiée à la stérilisation nous permet d’améliorer l’efficacité de notre stérilisation avec une mise systématique sous cachets, un conditionnement en cassettes, des tests d’étalonnage des stérilisateurs (Bowie-Dick, Helix) quotidiens.”

–> Page 5 : Enquête des impôts

Steichen/Dentexia : un couple qui joue avec la loi

Mais, surtout, Pascal Steichen se pose en victime : “Vous vous faites le serviteur des praticiens libéraux qui cherchent à protéger leur rente pour continuer à pratiquer des prix élevés !” On ne peut que constater cependant que le couple qu’il forme avec Dentexia est trouble à plus d’un égard. D’abord, Pascal Steichen a été condamné à dix ans d’interdiction de gestion pour avoir tenu une comptabilité incomplète et omis de faire la déclaration de l’état de cessation de paiement d’une de ses anciennes entreprises. Ensuite, en novembre dernier, le centre Dentexia de Chalon-sur-Saône était condamné par le TGI de la ville pour concurrence déloyale à l’encontre de la profession des chirurgiens-dentistes. Le tribunal a conclu que le centre, quel que soit son objet social, fût-il associatif, était tenu au double respect des Codes de déontologie et de la santé publique. Dès lors, l’interdiction de toute publicité directe ou indirecte s’applique à leur encontre.

En outre, les gens qui entourent Steichen ne sont pas toujours irréprochables. Bernard Galloy, actuel directeur clinique en chirurgie dentaire chez Dentexia, a ainsi été interdit de soins pendant six mois pour fraude à la Sécu.

Enfin, le montage juridique du “système Dentexia”, de prime abord opaque, est en réalité très simple : Pascal Steichen et Nicolas Aimar – son associé – créent des centres dentaires associatifs, sous le nom de Dentexia. Dentexia est une association loi 1901, ayant pour objet de “favoriser l’accès aux soins dentaires pour tous et notamment aux personnes les plus démunies”.

D’un point de vue juridique, une association peut faire du commerce et employer du personnel salarié, explique Colas Amblard, avocat chez NPS Consulting. La seule condition est de ne pas redistribuer les bénéfices, une fois les salaires versés et les charges acquittées, mais de les réinjecter dans l’activité de l’association, sous peine de la transformer en société créée de fait.

Enquête des impôts

De plus, comme Dentexia présente la spécificité d’avoir une plus-value sociale (l’accès aux soins pour tous), elle n’est donc en principe pas imposable (TVA et impôt sur les sociétés).

En parallèle, Pascal Steichen constitue des sociétés, 100 % commerciales cette fois, qui facturent à ses centres dentaires leurs services (coaching, formation, vente de matériel médical...). Selon nos informations, ce montage intéresse de près la direction régionale des finances publiques (DRFIP). Dentexia ferait l’objet d’une “surveillance approfondie”. En jeu, le non-respect potentiel de ses obligations fiscales.

Suite à la publication dans le mensuel Lyon Capitale de l’enquête “Dentexia, les victimes du dentiste low-cost” (LC731, mars 2014), le fondateur de Dentexia, Pascal Steichen, nous a écrit une réponse dont nous publions les principaux extraits.
Lyon Capitale maintient naturellement toutes ses informations et continuera d’ailleurs son travail sur ce sujet, ayant reçu depuis la publication de cet article de nombreux témoignages nouveaux.

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