C’est la face cachée des stations des Alpes du Nord, qui concentrent la plupart des grands domaines skiables français : ces hébergements peu ou pas loués qui sapent l’économie des stations de ski.
En basket, on appelle ça une “brique”, un tir complètement manqué. L’ex-star du ballon orange Tony Parker, actuel président de l’Asvel, vient de se faire sèchement recaler par le préfet coordonnateur du massif des Alpes pour son projet immobilier touristique dans la station de moyenne montagne de Villard-de-Lans (Isère), dont il est propriétaire depuis 2019*. Un vaste complexe quatre étoiles de 700 lits au pied des pistes, soutenu par la mairie, qui arguait d’“une bouffée d’oxygène pour le territoire”, dans cette station de 4 200 habitants à l’année. Les opposants défendaient, quant à eux, la rénovation des “lits froids” qui représentent plus de 70 % du parc global de la station (soit 19 600 des 27 700 lits de la commune).
*La société Infinity Nine Moutain, propriété de Tony parker, détient 76,8 % de parts de la SEVLC (société d’équipements de Villard-de-Lans Corrençon).
Résidences secondaires
Faute d’une définition officielle, on considère généralement qu’un lit est dit “froid” lorsqu’il est occupé moins de quatre semaines par an. Si le phénomène touche toutes les stations, quelles que soient leur ancienneté, leur taille et leur situation géographique, il est diffus et disparate. Selon les chiffres recueillis par Lyon Capitale, en Haute-Savoie, par exemple, la vallée de Chamonix compte 51 % de lits “froids”, là où en Savoie, Valloire n’en dénombre que 30 % ; Val-d’Isère en recense 76 %, quand sa voisine Tignes n’en inventorie que 29 % et Val-Thorens seulement 14 %. Les données les plus récentes d’Atout France, l’agence de développement touristique de la France à l’étranger, montrent que près de la moitié des lits froids dans les Alpes du Nord (territoire qui propose les trois quarts des lits de montagne) sont des résidences secondaires, non proposées à la location par leurs propriétaires. Or, 70 % des lits en montagne sont des lits de résidences secondaires.
Il vous reste 75 % de l'article à lire.
Article réservé à nos abonnés.

"Le mensonge simplifie. Il explique facilement" analyse Thomas Huchon