Mayssa et Emilia (de dos) discutent des prochaines élections municipales. @Eva Morvany

Municipales 2026 : Jean-Michel Aulas réveillera-t-il les jeunes électeurs lyonnais ?

À cinq mois des élections municipales, Lyon Capitale est allé à la rencontre des jeunes Lyonnais pour leur demander si la candidature de l'ancien patron de l'OL pouvait faire pencher la balance.

Ce n'est un secret pour personne : les bulletins de vote peinent à se glisser dans les urnes lors des élections municipales. En 2020, l'abstention avait atteint plus de 61 % au premier tour, et plus de 62 % au second tour. Selon l'enquête Ipsos/Sopra Steria pour France TV, Radio France et LCP/Public Sénat, près de trois quarts (72 %) des 18-34 ans s'étaient abstenus lors du second tour.

Six ans plus tard, le scénario va-t-il se répéter ? Ou la candidature surprise de Jean-Michel Aulas, ancien président de l'Olympique Lyonnais, suscitera-t-elle un regain d'intérêt ?

Ce ne sera pas le cas de tous. Pour ses premières élections municipales, Lili, 18 ans, étudiante en première année de communication, n'est pas motivée à se déplacer aux urnes par la candidature d'Aulas. Elle admet que ce n'est cependant pas le cas de son entourage : "Je sais qu'il peut engendrer certains avis et certaines décisions. C'est le cas de certains de mes amis. Il motive surtout les sportifs, notamment les footeux."

"C'était un entraîneur de foot et pas quelqu'un qui travaillait en politique, donc je ne sais pas à quel point il est qualifié."
Tom, 19 ans

Assis au bord de la fontaine Bartholdi, sur la place des Terreaux, Tom et Max, 19 ans, comptent bien aller voter le 15 mars prochain. "Je ne savais même pas que Jean-Michel Aulas se présentait, admet Tom. Je veux juste voter pour qu'on puisse garder le même maire." De son côté, Max s'interroge sur sa légitimité : "C'était un dirigeant de foot et pas quelqu'un qui travaillait en politique, donc je ne sais pas à quel point il est qualifié."

Place Bellecour, deux amies discutent. Emilia, 22 ans, étudiante en coopération internationale, admet s'être éloignée de la politique, ne se reconnaissant dans aucun parti. Elle dit n'avoir que vaguement entendu parler de Jean-Michel Aulas, mais estime que sa candidature pourrait "changer les visions voire les discours qu'on a l'habitude d'entendre".

"Beaucoup d'adeptes du football pourraient commencer à s'intéresser à la politique."
Anissa, 18 ans

Anissa, 18 ans, regarde jouer les enfants dans l'aire de jeux, près de la place du 8 mai 1945. Cette étudiante en L1 de science politique à Lyon 2 voit dans cette candidature une "vraie nouveauté". "Beaucoup d'adeptes du football pourraient commencer à s'intéresser à la politique, se réjouit-elle. Surtout que c'est dans ces milieux-là qu'on ne s'intéresse pas aux municipales !"

À quelques mètres seulement, assise sur un banc, Madja, 20 ans, est plus nuancée. L'étudiante pense aussi que Jean-Michel Aulas peut inciter les jeunes à aller voter, mais elle craint que ça ne "fausse le truc" : "Les gens vont aller voter juste parce qu'il est connu. Mais d'un côté, ça peut les pousser à s'intéresser", reconnaît-elle.

"Aulas a toute la légitimité : c'est un Lyonnais qui connaît les problèmes de la ville." 
Clément, 24 ans

Devant l'INSEEC, rue de l'Université, dans le 7e arrondissement, Clément profite de la pause pour fumer. À 24 ans, l'étudiant avoue que c'est bien grâce à la candidature d'Aulas qu'il envisage de voter le 15 mars prochain. "J'y vois quelque chose de rigolo qu'un homme du foot vienne se présenter aux municipales. Il a toute la légitimité : c'est un Lyonnais qui connaît les problèmes de la ville." 

À Mermoz, Ibrahim, 21 ans, sourire aux lèvres, file vers son travail. Ce cuisinier à La Fabryk avoue n'avoir jamais voté, occupé par d'autres priorités. "Je me focalise sur le travail, c'est déjà une charge. Puis j'ai ma famille derrière, dont une partie à Angola." En revanche, pas besoin de lui demander s'il connaît Jean-Michel Aulas : "C'est lui qui a amené l'OL au sommet !" Pour Ibrahim, aucun doute qu'il puisse aussi s'impliquer en politique. "Lyon, c'est sa maison !" Sur le ton de la plaisanterie, il ajoute qu'il voterait volontiers pour lui aux municipales.

Entre désintérêt et curiosité, les adolescents ont aussi une voix

Cette candidature fait même réfléchir les plus jeunes. À la plaine des jeux de Gerland, les U16 du Lou Rugby s'échauffent avant leur entraînement. Certains avouent "ne pas connaître grand-chose à la politique", d'autres disent "adorer Aulas" mais ne pas être "d'accord avec ce qu'il dit"

À seulement 15 ans, Zacharie n'a pas attendu que Jean-Michel Aulas se lance aux municipales pour s'intéresser à la politique. @Eva Morvany

Zacharie, lui, fait figure d'exception. "J'ai toujours beaucoup parlé de politique avec mes parents, et je compte bien voter à toutes les élections." Son avis sur Aulas ? "Il a fait de grandes choses avec l'OL, mais se servir de ça pour faire de la récupération, je trouve ça discutable. Et je ne me retrouve pas dans ses idées politiques." 

À cinq mois du scrutin, beaucoup de jeunes Lyonnais n'ont pas encore d'avis tranché. Certains estiment manquer d'informations sur les candidats tandis que d'autres ne voient toujours pas d'intérêt à la politique. Mais la candidature d'un visage connu localement attise la curiosité. Reste à savoir si cette dernière se transformera en bulletins de vote, beaucoup attendent encore que Jean-Michel Aulas présente un programme avant de se prononcer.

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