Laurent Bosetti
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Laurent Bosetti : "il est nécessaire de réunir les gauches"

Laurent Bosetti, adjoint à la Ville de Lyon et représentant local de L'Après, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Alors que Jean-Michel Aulas caracole en tête dans les sondages, Laurent Bosetti, adjoint à la Ville de Lyon et représentant local de L'Après (le parti fondé par d'anciens Insoumis), exhorte la gauche à s'entendre pour les municipales de 2026 : "quand on part désuni, on a un candidat de droite qui galope seul en tête, et cela raconte l’histoire d’un futur gagnant. Là-dessus, on doit rebondir et faire bloc. Nous avons un candidat sérieux puisque toutes les droites sont unies, et il est donc nécessaire de réunir ce panel des gauches, déjà aux responsabilités".

Il jette aussi les bases d'une campagne différente de 2020 et sur d'autres bases : "on a beaucoup parlé d’écologie. Le dernier mandat a été celui du climat, et je pense que tout le monde est convaincu qu’on a franchi un cap sur l’environnement. Je ne vais pas énumérer toutes les mesures, mais personne n’aurait fait autant. La question, maintenant, c’est de parler aussi des autres thématiques. Nous ne sommes pas restés absents sur les services publics ou la protection des habitants. Beaucoup de choses ont été faites, mais peut-être pas assez mises en avant. Il faut que cela figure clairement dans la campagne".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Laurent Bosetti

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, nous accueillons Laurent Bosetti, bonjour. Vous êtes adjoint à la ville de Lyon, vous êtes aussi représentant de L’Après, un parti composé principalement d’anciens membres de La France insoumise, pour la plupart « purgés ». Vous avez annoncé votre soutien à Grégory Doucet et à la majorité sortante. Cette union de la gauche, sans les insoumis qui vont présenter leur propre liste, est-elle de nature à inverser le cours d’une élection qui, si l’on s’en fie aux sondages, semble jouée d’avance ?

Ça, c’est l’élection qui nous le dira. En tout cas, on voit qu’elle est essentielle. On observe une dynamique Aulas qui est certaine, constatée par plusieurs enquêtes. Le candidat Aulas a une notoriété ; c’est un peu la nostalgie de l’Olympique Lyonnais qui gagnait année après année. Et puis il a surtout l’unité de la droite. Face à cette unité des droites et de la société civile de droite, j’appelle encore à l’unité de la gauche, et notamment les camarades insoumis à ne pas se tromper d’élection. On peut penser à 2027 avec Jean-Luc Mélenchon, mais les élections municipales et métropolitaines, c’est autre chose.

Si l’on regarde bien les sondages, finalement, que la gauche soit unie au premier tour ou non, elle fait presque plus en étant désunie. Il y a peut-être un côté repoussoir chez les insoumis. Est-ce que cette envie d’unité dès le premier tour est vraiment productive ?

Je dirais que malheureusement, on est dans une société des sondages, qui souvent influencent ou favorisent les trajectoires électorales. Quand on part désuni, on a un candidat de droite qui galope seul en tête, et cela raconte l’histoire d’un futur gagnant. Là-dessus, on doit rebondir et faire bloc. Nous avons un candidat sérieux puisque toutes les droites sont unies, et il est donc nécessaire de réunir ce panel des gauches, déjà aux responsabilités. Je pense à Lyon, Villeurbanne, la Métropole, où nous faisons cause commune avec les insoumis. Même si l’on peut faire mieux sur certains dossiers, l’unité de la gauche est plus que jamais nécessaire.

Vous parliez de la dynamique Aulas. Est-ce que ce n’est pas plutôt une absence de dynamique de Doucet, voire un rejet de Grégory Doucet, qui fait que pour l’instant Jean-Michel Aulas caracole en tête ?

C’est vrai qu’on n’est pas encore entré en campagne. J’appelle à le faire très rapidement, à mobiliser les forces de gauche pour occuper l’espace et le débat d’idées. Aujourd’hui, on ne peut pas avoir de confrontation, et je pense qu’il faut qu’on y aille très vite.

Est-ce que ce n’est pas finalement moins un effet Aulas qu’un rejet de Doucet ?

Le rejet, c’est peut-être qu’on a beaucoup parlé d’écologie. Le dernier mandat a été celui du climat, et je pense que tout le monde est convaincu qu’on a franchi un cap sur l’environnement. Je ne vais pas énumérer toutes les mesures, mais personne n’aurait fait autant. La question, maintenant, c’est de parler aussi des autres thématiques. Nous ne sommes pas restés absents sur les services publics ou la protection des habitants. Beaucoup de choses ont été faites, mais peut-être pas assez mises en avant. Il faut que cela figure clairement dans la campagne.

Qu’est-ce que vous auriez, vous, mis en valeur dans le bilan ?

Je pense à des choses très concrètes pour les habitants. Sur les services à la population, par exemple, la petite enfance : on avait 30 % d’admissions en crèche au début du mandat, on termine avec 50 %. Il faut aller encore plus loin pour garantir un véritable service public de la petite enfance.
Je pense aussi au logement, où nous avons changé de paradigme pour rendre l’accès plus facile. Les financements pour le logement social n’ont jamais été aussi élevés. Le bail réel solidaire permet un accès à la propriété à moitié prix. L’encadrement des loyers, reconnu à Lyon et ailleurs, doit être pérennisé. Ce sont autant de mesures qui touchent la vie concrète des habitants. Le logement, c’est étonnant : le candidat Aulas n’en parle pas, alors que c’est une problématique majeure à Lyon. Se loger sans être exclu en périphérie, c’est central, et on doit en parler pendant la campagne.

Mais est-ce qu’une liste écologiste qui promet moins d’écologie peut fonctionner électoralement ?

Elle ne va pas promettre moins d’écologie, cette liste unitaire. L’écologie, on la fait au quotidien, parfois dans des actions moins visibles, comme la rénovation des bâtiments municipaux. On a beaucoup parlé de dette patrimoniale : nous avons engagé des investissements deux fois supérieurs au mandat précédent, notamment pour la rénovation énergétique. Cela fait partie de l’écologie, mais aussi du confort des usagers. Nous devons simplement être plus offensifs sur l’humain. C’est un axe que nous avions déjà défendu, mais qu’il faut remettre au cœur de la campagne. Quand je vois les mesures très démagogiques du candidat Aulas sur les familles monoparentales ou les personnes isolées, avec l’ouverture de maisons pour les mamans solos ou la distribution de chèques cadeaux , ce n’est pas une politique.
Sur la question des seniors, par exemple, nous avons ouvert neuf « spots seniors » dans les arrondissements, pour offrir un accueil, des animations et un accompagnement quotidien. Quand on nous parle d’ouvrir une maison pour les personnes isolées, on voit bien que le programme des adversaires n’a pas été travaillé.

Pour vous, c’est un mandat qui a manqué d’ancrage à gauche ?

Non, l’ancrage à gauche était réel.

On voit que chez les électeurs du Nouveau Front Populaire, Grégory Doucet ne fait pas le plein, alors que Jean-Michel Aulas, lui, rassemble dans ses segments électoraux.

Je considère qu’on n’a pas assez parlé du volet humain. Les socialistes et les communistes ont défendu un ancrage à gauche, notamment sur la solidarité. Je pense au sans-abrisme : sous Collomb, on fermait les fontaines, on évacuait les parcs, on refusait l’accueil d’urgence dans les écoles. Nous avons changé de logique. Le maire le répète souvent : nous avons augmenté de 70 % le budget de l’urgence sociale. Nous avons ouvert des gymnases, des foyers ou transformé l’ancien commissariat en centre d’accueil. De ce point de vue, nous avons été très actifs. Pourtant, la misère dans la rue existe toujours. Cela signifie que, pour le prochain mandat, il faudra mettre davantage de moyens sur cette thématique de l’urgence sociale. Là encore, les droites n’en parlent pas.

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