La reconstitution numérique de la soirée ayant mené à la mort du jeune Thomas, poignardé lors d'un bal à Crépol (Drôme) en novembre 2023, s'est terminée mercredi sans avoir permis d'identifier l'auteur du coup fatal, ont indiqué plusieurs avocats à l'AFP.
"Nous sommes confrontés à la même loi du silence de l'ensemble de ce groupe de jeunes qui ne veut pas parler", a regretté Me Denis Dreyfus, avocat du comité d'organisation de la soirée et d'une quarantaine de parties civiles. Dans ce dossier très médiatisé, quatorze hommes, dont certains étaient mineurs au moment des faits, sont mis en examen pour "homicide volontaire et tentative d'homicides volontaires en bande organisée". Tous nient avoir porté le coup mortel.
Depuis le 22 septembre, ils ont été interrogés à l'intérieur du palais de justice de Valence sur leur version de la soirée, avec une scène de crime reconstituée sur un ordinateur en 3D. Des témoins et des victimes ont également été entendus.
"La reconstitution n'a pas permis de savoir qui a donné le coup de couteau ni même s'il a été interpellé", a confirmé Me Julie Tavernier, avocate au cabinet de Me Romaric Chateau qui défend trois des mis en cause. "Mais elle a permis de prendre le temps d'expliquer ce qui s'est passé pour les uns et les autres".
La loi du silence
Nos trois clients ont répondu "à toutes les questions" pour "sortir du flou" et "contestent absolument avoir porté un coup de couteau", a ajouté l'avocate, regrettant que certains soient "en détention depuis deux ans" juste parce qu'ils étaient "présents ce soir-là".
Désormais, il sera "intéressant de confronter l'ensemble de ces versions avec les éléments objectifs du dossier", observe Me Dreyfus, estimant que le silence est "un piège à terme" pour les mis en cause car la situation les "expose à des risques importants en matière juridique".
Dans la soirée du 19 novembre 2023, des jeunes venus pour certains des quartiers populaires de Romans-sur-Isère s'étaient affrontés avec un groupe de jeunes de Crépol à l'issue du "bal de l'hiver" du village. Dans un contexte confus, les premiers avaient sorti des couteaux et blessé grièvement quatre personnes, dont Thomas, un lycéen de 16 ans amateur de rugby, décédé lors de son transport à l'hôpital.
Sa mort avait suscité des flots de commentaires politiques. La droite et l'extrême droite s'étaient notamment emparées du meurtre pour dénoncer une insécurité croissante dans les campagnes, venue, selon elles, des banlieues sensibles.
Quelque soit la reconstitution, un adolsecent a été poignardé à mort !