Un homme de 27 ans, suivi psychiatriquement de longue date, a été condamné mercredi à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir brûlé un Coran en juin devant une mosquée de Villeurbanne.
Dans la nuit du 1er au 2 juin, peu avant la première prière du matin, le jeune homme avait pris un Coran destiné aux fidèles de la mosquée Errahma, à Villeurbanne, et l'avait incendié à l'extérieur de l'édifice. Un témoin avait éteint les flammes et signalé les faits le lendemain aux responsables des lieux, qui avaient porté plainte. L'incendiaire avait été arrêté rapidement grâce à l'exploitation des images de vidéosurveillance.
Jugé pour "dégradation commise en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion", le prévenu s'est défendu "d'être un islamophobe", se disant "victime de sa maladie", une schizophrénie paranoïde qu'il traite depuis ses 18 ans. Il est de même sous curatelle renforcée depuis 2 ans.
"Je comprends que mon geste a été très grave", a-t-il expliqué. "Pour moi, c'était juste un livre, c'était pas contre les musulmans eux mêmes", a-t-il assuré. Il faut "apporter une réponse à une société qui se sent blessée" après la "transgression" du prévenu, dont le "discernement n'était qu'altéré" au moment des faits, a estimé la procureure Hannah Tellier, soulignant un "risque de réitération majeur". Elle avait réclamé 15 mois de prison ferme.
Interdiction de paraître à Villeurbanne
"Vous avez déjà été condamné à trois reprises par un tribunal pour des faits de menaces, de violences à raison de l'orientation sexuelle ou identité de genre et de vol", lui a rappelé le président du tribunal, relevant ses propos "un petit peu ubuesques de xénophobie", une fois, devant un juge d'application des peines. La peine est assortie d'une interdiction de deux ans de paraître à Villeurbanne.
L'incendie du coran avait été dénoncé comme un acte "islamophobe" par plusieurs responsables religieux, ainsi que des élus locaux, notamment lors d'une manifestation de soutien. "C'est une peine satisfaisante pour nous. Nous avons eu le sentiment d'avoir été pleinement entendus", a réagi devant la presse Me Sefen Guezguez, l'avocat de l'association Errahma et du Conseil des mosquées du Rhône.