Samy Kefi-Jérôme est conseiller délégué à la stratégie digitale de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il est en charge de la filière du jeu vidéo régionale.

Lyon Capitale : Qu’est-ce qui a poussé la région Auvergne-Rhône-Alpes à autant s’intéresser aux jeux vidéo ?
Samy Kefi-Jérôme : La première chose c’est que Laurent Wauquiez a une appétence naturelle pour le jeu vidéo, il est lui-même joueur. Ensuite, le jeu vidéo est un véritable phénomène de société : 70 % des Français y jouent régulièrement. C’est un art total, universel et ancestral, le jeu étant une pratique millénaire à la base de l’éducation. Il y a aussi un véritable enjeu économique puisque le jeu vidéo est devenu la première industrie culturelle au monde, devant le cinéma, le livre et la musique. En tant qu’acteur public, nous ne pouvions ni passer à côté ni rester sur les anciens schémas d’accompagnement de la culture. Malgré tout cela, le jeu vidéo est souvent regardé comme une sorte d’ovni, un objet qui n’a rien à faire dans le champ de l’action publique.
Comment faire évoluer l’image du jeu vidéo ?
Le mot d’ordre en Auvergne-Rhône-Alpes est clair : “le jeu vidéo, c’est du sérieux” et notre cap, c’est de devenir la région n° 1 en Europe. Quand on était gamin et qu’on pouvait se hasarder à rêver une carrière dans le jeu vidéo, les parents nous regardaient avec de grands yeux en objectant : “Redescends sur terre, bosse tes maths et ton français.” Il était inenvisageable que cela puisse devenir un métier. Aujourd’hui, tous les sortants des écoles de jeux vidéo s’arrachent à prix d’or, ils sont même débauchés avant la fin de leurs études tant les besoins sont grands. Les développeurs décrochent du travail les yeux fermés ; même les joueurs, c’est la grande nouveauté, trouvent des emplois dans des équipes d’e-sport [compétition de jeux vidéo, NdlR] qui les rémunèrent. On ne peut donc pas traiter le jeu vidéo avec dédain, comme le fait l’immense majorité des politiques, en disant : “C’est un truc de gamin, ça leur passera.” Le jeu vidéo doit être plus légitimé en tant qu’objet culturel et pratique partagée.
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Extrait
Immersion au cœur de la filière vidéoludique lyonnaise – suite au sacre d’un studio de Lyon ayant réalisé le meilleur jeu vidéo français – un juteux business, fortement créateur de richesses et d’emplois durables sur le territoire.
Saviez-vous que le meilleur jeu vidéo français de l’année avait été créé à Lyon ? Que la filière aurhalpine du jeu vidéo pesait pas loin d’un milliard d’euros et employait 3 000 personnes ? Que tous les sortants des écoles de jeux vidéo lyonnaises s’arrachaient à prix d’or et, mieux, étaient débauchés avant même la fin de leurs études ? Pas sérieux le jeu vidéo ?
La région est tellement cotée dans le milieu que les studios font des pieds et des mains pour venir s’y installer. Dernier exemple en date, un studio taïwanais ouvre – c’est en cours de finalisation – une antenne à Lyon, avec quatre-vingts emplois à la clé. L’été dernier, c’est l’éditeur de jeux vidéo parisien Microids qui a annoncé la création d’un nouveau studio de développement dans la capitale des Gaules. Il y a huit mois, suite à une levée de fonds de 150 millions de dollars, Virtuos, l’un des leaders mondiaux de développement de jeux vidéo (impliqué dans la plupart des blockbusters de l’industrie du jeu vidéo : “Fifa”, “Final Fantasy”) a renforcé sa présence en Europe en créant un studio au cœur du Grand Hôtel-Dieu.