Une semaine chez Papa, l'autre chez Maman

Léa, douze ans, aimerait vivre en résidence alternée. « Dès que ma mère est en colère après moi, elle me dit que je n’ai qu’à aller chez mon père. Alors finalement la garde alternée ce serait mieux et ma mère serait moins souvent énervée et en colère.»

Aude vit depuis cinq ans en garde alternée, elle en parle facilement. "Je suis très heureuse de passer une semaine chez papa et une chez maman. J'appartiens à leur vie à tous les deux. Je vois mon petit frère toute une semaine et trouve très sympa l'amie de mon père." Les parents de Louise, onze ans, sont en pleine séparation. Louise nous dit “j’ai expliqué à mes parents, que la garde alternée me plairait bien. Je vivrais chez papa et maman de la même façon, ils restent dans la même ville alors moi, je préférerais. Enfin, j’espère qu’ils arriveront à s’organiser comme ça.” Une semaine, pas plus.

Chloé, quinze ans, vit trois mois chez l'un, trois mois chez l'autre. "À chaque fois, un vrai déménagement. J’ai mes affaires dans une grosse malle qui me suit chez papa et chez maman. Cette malle, je ne la vide jamais complètement, j’ai l’impression de jamais être vraiment installée. Et puis, papa est beaucoup plus sévère que maman pour les sorties, les copines et les copains. Mais bon, sa copine est plutôt sympa. Finalement ça pourrait être pire."

Mélanie trouve l'adaptation trimestrielle difficile, "dès que je me sens bien, il faut repartir, c'était plus cool quand je passais toutes les vacances et tous les week-ends chez papa. Trois mois, c'est trop long." Mélanie est en pleine révolution pubertaire, un âge difficile, les années de collège aussi. Ce passage de l'enfance à l'adolescence et la recherche identitaire ne facilitent pas les choses. Les enfants d’abord ! " Le temps m'a permis d'analyser la façon dont mes parents ont organisé ma vie entre dix et dix-huit ans" nous dit Nathalie, infirmière libérale. "La séparation a été " fair play", ils ont tenté de trouver la meilleure solution pour tous les trois. Je mettrais un bémol car ils souhaitaient que je choisisse avec qui j'allais vivre. Ils ont été obligés de trancher et ont opté pour l'alternance. Ce mode de garde a participé à mon équilibre. Au collège j'ai profité un max de la situation. Oublis en tout genre et petits mensonges, cela m'amusait. Les profs devenaient fous".

Les enseignants sur leur garde

Nicole, conseillère pédagogique dans un LEP est claire : "Mon expérience me prouve que la garde alternée n'est pas la solution idéale. Trop de dispersion, trop de différence dans le quotidien, trop d'effort d'adaptation et trop de prétexte pour camoufler les défaillances. Par rapport à la réussite scolaire ce mode de garde ne me convainc pas et le comportement des parents manque de rigueur. " Jeanne, prof de français abonde dans ce sens : "je ne suis pas pour ce mode de garde. Il est prétexte aux excuses faciles, cela ajoute à leur fragilité.

D'autant, que les enfants de couples séparés ont un seul parent qui s'investit dans la scolarité, et pour 80% des cas c'est la mère". Le succès de ce mode de garde tient à la maturité des parents, à l'amour commun qu'ils ont pour leur enfant et au respect de chacun dans cette trilogie familiale. En chiffres 9 % de résidences sont fixées en alternance. Les juges accordent presque toujours la résidence en alternance lorsque les deux parents en font la demande conjointement. 80,7 % des demandes d'alternance sont formulées conjointement par les deux parents. Moins de 20 % sont demandées par un seul des parents, contre l'avis de l'autre. Les rejets de l'alternance, par le juge, se traduisent par la garde exclusive à un parent, le plus souvent au détriment des pères (85,5 %).

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