En visite dans un poste de police, le maire de Lyon a réaffirmé ses priorités en matière de sécurité, à quelques mois des élections municipales.
Les polémiques et frustrations de la veille liées à la visite d'Aurore Bergé à Lyon sont oubliées ce jeudi matin. Costume de maire enfilé, cravate noué, l'édile écologiste de Lyon se rend au poste de police municipale du 8e arrondissement. "Je passe devant tous les matins, il était temps que je vienne vous rencontrer", lance Grégory Doucet au chef de poste Brice Elger.
Une visite de terrain ouverte à quelques journalistes, au cours de laquelle le maire a de nouveau réaffirmé sa volonté "d'augmenter les effectifs partout dans la ville". "Avec deux agents supplémentaires, nous pourrons vraiment augmenter les patrouilles. Il nous faut les hommes pour produire de la sécurité locale" confie ainsi Brice Elger, qui dirige ce poste où travaillent onze personnes.
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"Nous avons la ferme intention de maintenir tous nos postes de police municipale"
Le lieu, "vieillissant", a bénéficié d'un rafraîchissement des peintures et du matériel. Il a également été équipé de sa propre armurerie à l'été 2024. Les policiers devaient jusqu'alors se rendre au poste du 7e arrondissement pour s'équiper, puis revenir dans le 8e. "Une perte d'une heure de patrouille par jour", estime le chef de poste, qui salue les récents aménagements.
Et Grégory Doucet de rappeler qu'à "(son) arrivée, il y avait un projet de regroupement des postes de police des 7e et 8e arrondissements". "Nous n'avons pas voulu le faire pour maintenir ce service de proximité", indique le maire, alors que le lieu accueille jusqu'à dix personnes par jour, principalement âgées. "Nous avons la ferme intention de maintenir tous nos postes de police municipale", poursuit-il.
"Je pense que nous avons réussi à obtenir une attractivité satisfaisante"
Et pour faire vivre ces postes de police et atteindre l'effectif théorique de la police municipale lyonnaise de 364 agents, Grégory Doucet a multiplié les gestes depuis plusieurs mois. D'abord en recrutant 180 agents depuis le début du mandat, plus que sur les mandats de Gérard Collomb où les effectifs baissaient. Pas suffisant pour maintenir durablement les effectifs à un bon niveau, la faute à de nombreux départs liés à un manque d'attractivité dans un contexte de vive concurrence entre municipalités.
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Alors, trois vagues de revalorisation ont été réalisées, pour un montant de 1,1 million d'euros, dans un contexte austéritaire. "Cela fait 15 ans que nous n'avons pas autant recruté, nous avons régulièrement des retours d'anciens lyonnais. Je pense que nous avons réussi à obtenir une attractivité satisfaisante", considère le maire. En juin, le conseil municipal a par ailleurs voté la mise en œuvre d'un "engagement de servir" de trois ans pour les policiers formés par la Ville de Lyon.
Pragmatisme ou opportunisme, Grégory Doucet a changé de braquet
"C'est normal de se dire, 'la ville m'offre un emploi, me forme, m'équipe, je vais rester quelques années dans cette collectivité", juge Brice Elger, rappelant que la formation d'un policier municipal coûte entre 30 et 40 000 € à la municipalité. L'avis est partagé par les agents du poste, évoquant notamment l'importance de la "loyauté" dans leur métier.
Le costume et la cravate qu'a enfilés Grégory Doucet ce matin, c'est donc aussi l'habit d'un responsable politique devenu, si ce n'est plus attentif, plus proactif au sujet de la sécurité. Une image qu'il tente depuis plusieurs mois d'insuffler, comme lorsqu'il accorde un entretien à un quotidien national sur cet unique sujet. Par conviction, par électoralisme, ou par pragmatisme, après cinq ans de mandat confronté au réel, chacun jugera. Quoi qu'il en soit, le maire a décidé de déployer une soixantaine de nouvelles caméras sur le territoire, après une mission d'information, puis un audit.
Une quarantaine de nouvelles caméras d'ici la fin de l'année
L'écologiste défendra son pragmatisme, une partie de la gauche déplorera une droitisation, et la droite dénoncera le temps perdu et une conversion tardive à la vidéosurveillance. La vérité est elle toujours plus complexe que les clivages politiques. Reste qu'avec la prochaine entrée en piste de Jean-Michel Aulas, et une éventuelle candidature de LFI au premier tour, Grégory Doucet se dit certainement qu'il a tout à gagner en musclant (un peu) son discours sur ce thème là. Histoire de grappiller les quelques voix d'indécis rebutés par les outrances successives de l'ex-président de l'OL, et de s'imposer pour La France insoumise comme seule alternative à une droite qu'elle juge "réactionnaire" au second tour.
Une quarantaine de nouvelles caméras seront quoi qu'il en soit déployées d'ici à la fin de l'année 2025, tandis que la vingtaine restante sera mise en service d'ici mars 2026. Et à l'heure où ses futurs opposants dans la campagne des municipales promettent d'installer 2 000 nouvelles caméras dans la ville, l'homme de gauche qu'est Grégory Doucet est bien obligé de le redire : "Ce que nous portons en matière de sécurité, c'est d'abord des hommes et des femmes, d'abord des policiers et des policières présentes sur le terrain."
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Avaqnt même la fin de son ultime mandat, le khmer a plusieurs fois mangé son chapeau, question sécurité !