Congrès FN 2014 Lyon Marine Le Pen
Marine Le Pen à Lyon

Un congrès du FN marqué par le “marinisme”

Des tracts FN, des mini-Jésus, des grattons et du beaujolais offert par Bruno Gollnisch, le 15e congrès du Front national s’est tenu à Lyon les 29 et 30 novembre. Retour sur ce rendez-vous fondamental pour le parti de Marine Le Pen, réélue à 100 % des suffrages exprimés, avant les élections régionales et cantonales de 2015.

Discours de Marine Le Pen à Lyon, le 30 novembre 2014, lors du 15e congrès du FN © Jean-Philippe Ksiazek/AFP

Marine Le Pen à Lyon, le 30 novembre 2014 © J-P. Ksiazek/AFP

Devant son stand de charcuterie au centre des congrès, Dominique, militante FN depuis quinze ans, n’en revient toujours pas : “On a fait des photos super avec Marine Le Pen. On a eu aussi Marion, Philippot et même David Rachline.” À côté, Joëlle Regairaz, conseillère régionale FN de Rhône-Alpes, donne des bouteilles de vin un peu spéciales (voir photo ci-dessous) : “C’est Bruno Gollnisch qui offre 1 200 bouteilles aux congressistes. Son nom est marqué dessus. On a presque vidé le stock, là”, explique-t-elle pendant que d’autres stands viennent se ravitailler. Les goodies du Front national s’arrachent, ce dimanche, avant la fin du 15e congrès du Front national, lancé samedi matin par Christophe Boudot, conseiller régional FN de Rhône-Alpes (qui sera interviewé dans L’Autre Direct mardi matin 2 décembre).

Bouteilles de beaujolais au sceau de Bruno Gollnisch, congrès du FN à Lyon, 29-30 novembre 2014 © Daphné Gastaldi

© D. Gastaldi

Dans l’allée, une conseillère municipale de Meyzieu repart avec un cadre de Marine Le Pen sous le bras. “Depuis douze ans, à chaque congrès ou manif, j’achète une photo ou des objets-souvenirs”, confie-t-elle. Plus loin, une file d’attente se forme devant un box. Ce sont les candidats aux élections, qui doivent se faire tirer le portrait officiellement.

Dans la queue, Olivier Amos et Marie de Kervereguin, qui seront candidats en Isère en 2015, résument l’ambiance générale : “C’est la fin de la traversée du désert pour le FN. Et la réélection de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP samedi soir, c’est le meilleur scénario pour nous. Il ne ralliera jamais les voix de la gauche en 2017”, tranchent-ils.

“Aucun doute, nous serons au second tour en 2017”

Quelques instants plus tard, les militants se pressent dans la salle plénière du centre des congrès, qui sera rapidement pleine. En agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge, ils attendent leur chef, candidate unique à sa réélection, qui vient de rafler sans surprise 100 % des suffrages exprimés. À 15h, Marine Le Pen entre dans une salle chauffée à bloc et euphorique. Sur scène, elle prononce un discours bien rodé, aux thèmes récurrents : la lutte contre la situation économique, contre ce qu’elle appelle “l’UMPS” ; Bruxelles en prend un coup au passage comme les politiques d’immigration. “Nos idées ont envahi le débat public”, estime-t-elle, avant d’affirmer : “Aucun doute, nous serons au second tour en 2017.” Vigoureusement, elle tacle ses adversaires : “Messieurs Sarkozy et Hollande, vous avez tout raté !” La salle explose en hurlements. Les militants chantent “Marine présidente” à tout-va.

Sur scène, se trouvent également les membres du nouveau bureau politique (l’exécutif du parti), nommé dans la matinée, après l’annonce officielle des résultats des élections du comité central. Marion Maréchal-Le Pen, députée FN de 24 ans, a été adoubée par les militants et arrive à la première place, devant Louis Aliot. Au final, trois Le Pen se retrouvent à la tête de ce parti familial : Jean-Marie, le président d’honneur et grand-père, Marine, la présidente et fille, et Marion Maréchal, la petite-fille députée. Malgré sa percée, celle-ci a refusé un poste de vice-présidente du parti. “Elle a beaucoup de travail comme députée. La charge de travail, la représentation du FN à l’Assemblée nationale, ne porte que sur deux élus”, justifie Marine Le Pen. De son côté, Marion Maréchal-Le Pen reconnaît qu’elle “ne voulait pas qu’on puisse reprocher à Marine Le Pen le “front familial””.

La ligne Philippot

Celui qui est présenté comme son principal rival, sur une ligne moins conservatrice, ni à droite ni à gauche, Florian Philippot n’est arrivé qu’à la quatrième place au congrès. Sur scène samedi, il essayait de réaffirmer l’unité du parti et l’absence de “prétendues” divisions : “Le FN, c’est l’inverse de la division. Ici, il n’y a pas de stratégie personnelle. Nous en rions, tellement c’est comique”, récite-t-il. Florian Philippot se dit satisfait malgré tout.

Pour la suite, il compte aider les candidats aux cantonales et sera probablement candidat aux régionales. Par rapport à ces résultats, “ce qui est intéressant, c’est de voir à quel point se sont installés les nouveaux notables, comme Stéphane Ravier, le s nouveaux maires comme Julien Sanchez. Il y a le poids des régions Sud-Est. Globalement, le FN, de Perpignan à Nice, est contre Philippot. Il y a un front méditerranéen. Plus la façade méditerranéenne percera, moins ce sera avantageux pour Philippot”, analyse l’historien Nicolas Lebourg, de l’Observatoire des radicalités politiques.

Une vidéo sans tabou sur Jean-Marie

La star symbolique et historique de ce 15e congrès du Front national reste incontestablement Jean-Marie Le Pen, ovationné à chaque arrivée dans la salle. Une vidéo surprenante (voir ci-dessous), sur fond de musique disco Sunny, a été diffusée avant son discours samedi et compile les archives de ses coups d’éclat. Il y est montré sans précaution conquérant, en train de se battre parfois, de danser ou de draguer. Ses citations les plus connues y sont reprises et ont réjoui ses fans.

Florilège : “Je préfère perdre sur mes idées que gagner sur celles de mes adversaires” ou encore “Je suis ni xénophobe ni raciste, je suis francophile”. Dans son discours de samedi, ses idées extrémistes et populistes ne faiblissent pas sur le “torrent migratoire” ou le “tsunami islamiste”, ses dérapages non plus, sur la Seconde Guerre mondiale, et sont toujours applaudis.

 

Quid des gollnischiens ?

Son ancien bras droit, le radical Bruno Gollnisch, député européen et conseiller régional de Rhône-Alpes, était bien présent également. De nouveau nommé au bureau politique du Front national, il reste dans les ténors du parti, malgré l’éviction en 2011 de ses proches Yvan Benedetti, ancien président de l’Œuvre française, et Alexandre Gabriac des Jeunesses nationalistes (dissolues suite au décès de Clément Méric en 2013).

Christophe Boudot et Bruno Gollnisch © Tim Douet

© Tim Douet

Mais il est intéressant de constater que les “gollnischiens” ont reculé loin dans le classement du comité central. “J’avais proposé à Marine Le Pen la nomination de deux ou trois jeunes talents, mais elle n’y a pas donné suite. Je pense que le bureau politique ne reflète pas la diversité qui ressort de l’élection du comité central, et je le regrette”, lâche Bruno Gollnisch avant de partir.

Le nouveau secrétaire général du parti, le jeune Nicolas Bay, remarque aussi que “certains proches de Gollnisch ont peut-être moins de visibilité mais, d’une façon générale, tout le monde a sa place au Front national. Et en même temps, c’est vrai, il y a un certain renouveau, avec de nouvelles têtes qui émergent”.

Quelques têtes de membres du Bloc identitaire ont également été aperçues pendant le congrès, comme le Lyonnais Damien Rieu, porte-parole de Rebeyne qui est la branche jeune du Bloc identitaire, recruté dernièrement pour un poste de communication par Julien Sanchez, le nouveau maire FN de Beaucaire. Tous n’espèrent qu’une chose : que Marine Le Pen soit en tête au premier tour en 2017.

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