Remaniement : le retour de Carignon ?

et puis, plus rien. Une longue éclipse de dix ans entre sa condamnation à cinq ans de prison, dont quatre ans ferme pour corruption en 1996 et sa réapparition en soutien du candidat Sarkozy aux législatives de 2007, où il fut laminé.

Sera-t-il ministre à l'issu du remaniement ? Ministre de " mission " comme l'annonce Le Parisien ? Et sur quel sujet, lui qui se présente aujourd'hui comme consultant en investissement pour les PME ?

Interrogé par Grenews, site grenoblois, l'intéressé dément mollement, tout en confirmant que le président de la République l'a appelé mardi dernier :

" Ce que je peux vous dire, en tout cas, c'est qu'il n'y a aucun lien avec le remaniement, aucun lien de calendrier. "

L'ancien proche de Michel Noir, François Léotard et autres disparus de la scène politique, est toujours resté proche de Nicolas Sarkozy. Il le dit sans fard dans un entretien réalisé dix jours avant les élections européennes, toujours par l'équipe de Grenews :

" Vous savez, il y a ceux qui voient Nicolas Sarkozy dans des réunions mais que Nicolas ne voit pas. Et puis il y a ceux que Nicolas voit. Moi, j'appartiens à la seconde catégorie, voilà. "

Avec, en prime, la touche personnelle qui harmonise le tableau des relations idylliques...

" Il nous a fait l'amitié, à Jacqueline et moi, de nous inviter, juste Carla et lui, passer une soirée samedi.
- A l'Elysée ?
- Non. J'ai vu Claude Guéant la semaine dernière. Je vois Brice Hortefeux lundi matin, voilà (...) ça nous a fait très plaisir, à Jacqueline et moi, de passer une soirée avec Carla et Nicolas. C'est un privilège. "

Alain Carignon est un homme bien en cour.

A l'origine d'un pétage de plomb, en direct sur France Inter

Sa proximité avec Nicolas Sarkozy s'est d'ailleurs bruyamment manifestée, le 13 octobre 2004. Ce jour-là, le ministre de l'Economie et des finances est l'invité de Stéphane Paoli, à 8h20, dans la matinale de France Inter. Arrivé légèrement en avance, il patiente en régie en écoutant le journal de 7h30, présenté par Bernadette Chamonaz.

Soudain, la présentatrice " lance " le témoignage de Raymond Avrillier, élu Vert de l'Isère qui évoque les liens Sarkozy/Carignon en parlant du cas Xavier Peneau, ex-directeur de cabinet du maire de Grenoble. L'homme a été condamné, solidairement avec Carignon, à rembourser 126 563 euros aux contribuables isérois, dans l'affaire du rond-point Alpexpo, où le président du Conseil général s'est laissé aller à toucher une commission de 2%. Or, fin 2003, Peneau, haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, a fait l'objet d'une promotion par... Nicolas Sarkozy.

En entendant ce témoignage factuel, le ministre sort de ses gonds, pénètre dans le studio de radio et, piqué au vif, fustige la diffusion de cet extrait sonore. Passablement énervé, Nicolas Sarkozy s'étonne qu'on puisse lâcher ses amis, " qu'on laisse [Alain Carignon] crever dans le caniveau ". Puis il ressort du studio, menace de quitter la radio et finalement, se ravise, calmé par le talent diplomatique de Stéphane Paoli. L'épisode n'a pas été oublié dans les couloirs de la maison ronde.

Un palmarès que les électeurs n'oublient pas

Localement, Alain Carignon a refroidi les plus chaleureux de ses anciens amis. Les riverains de Rue89 s'en souviennent : en 2007, le député UMP Richard Cazenave, lui a soigneusement savonné la planche dans la très bourgeoise première circonscription grenobloise, au pied de la Chartreuse.

Résultat : un lourd échec aux législatives (battu par la candidate socialiste par 63% des voix au second tour) et la reculade aux municipales. Sur le web, les anti-Carignon n'ont pas manqué de rappeler les affaires pour lesquelles le député-maire de Grenoble fut jugé et condamné, en raison de ses (trop) nombreux liens avec la Lyonnaise des eaux de Jérôme Monod.

Pour les fans, de longs extraits de l'arrêt de la Cour d'appel de Lyon du 9 juillet 1996 sont disponsibles, rappelant dix ans de fréquentation abusive du pouvoir de 1984 et 1993. En tout, Alain Carignon a bénéficié d'avantages matériels pour un montant de 19 073 150 francs. Entre autres :

  • d'un appartement, boulevard Saint-Germain à Paris, financé par des honoraires du groupe Merlin pour un montant de 9 373 060 francs et de la société Lyonnaise des eaux pour un montant de 2 220 000 francs ;
  • d'avantages à hauteur de 5 360 000 francs pour son groupe de presse Dauphiné News, là aussi financés par la Lyonnaise des eaux ;
  • de voyages en avions privés pour un montant de 2 487 598,50 francs ;
  • d'une croisière en Méditerranée d'un coût de 170 784 francs, courant août 1987.

Et la justice a tranché : " pacte de corruption ". Aujourd'hui, Alain Carignon n'est donc " candidat à rien ", mais toujours prêt à tout. Quant à son dernier post sur son blog personnel, il remonte au 19 novembre 2007...

Photo : Alain Carignon quitte le tribunal de Lyon à la fin des débats de son procès pour corruption le 3 octobre 1995 (Robert Pratta/Reuters).

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