HavardDiscours

Les gagnants de la primaire UMP

En remportant une primaire qu'il a craint de perdre durant l'entre-deux tours sur fond d'alliances surprenantes, Michel Havard a ajouté à sa panoplie son chaînon manquant : un leadership incontestable. Mais cette primaire a fait d'autres heureux : l'UMP du Rhône, qui redoutait un scrutin raté en termes de participation comme de possibles divisions, et... Gérard Collomb et les socialistes qui préféraient s'éviter un duel avec le cogneur Fenech.

Michel Havard

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Contesté par des élus de son groupe municipal (Emmanuel Hamelin et Nora Berra) et par un non-Lyonnais (Georges Fenech), Michel Havard a dû se transfigurer pour emporter une primaire où l'ancien chef de groupe s'est retrouvé seul contre tous. La semaine dernière, il a fendu l'armure en acceptant, pour la première fois, de faire de la "petite politique". Il l'a fait en se plaçant dans le rôle de la victime des combines parisiennes. Il n'a pas hésité à porter l'argument, lui qui d'ordinaire se retranche derrière son dégoût des petites phrases pour justifier sa modération. "Il est allé chercher sa victoire, il a fait une belle campagne. En tant qu'homme, il a changé aussi, il a pris plus d'assurance", glisse aujourd'hui le camp Fenech.

Michel Havard sort de cette primaire renforcé, avec l'assurance d'être le leader de la droite lyonnaise. Sa victoire vient clore tous les reproches qu'il essuie, de la part des élus de l'UMP hors de Lyon et de la presse, sur la faiblesse de l'opposition lyonnaise. Depuis des années, il répond aux attaques en opposant sa feuille de route. En mai 2009, il nous confiait ainsi : "Je ne suis pas un président de groupe qui écrase les autres. Je prends le risque qu'on dise : “Ouais, Havard, il ne s'impose pas.” Ça ne me pose pas de problème, je suis le patron d'une équipe. Et vous verrez qu'à moyen terme, ça paiera." Il dénonçait le parachutage de Georges Fenech et c'est dans son fief du 5e qu'il a construit sa victoire. Depuis des mois, il promet que Lyon se gagnera par le centre plutôt que par la droite, et son concurrent du second tour, tenant d'une ligne plus droitière, s'est essoufflé entre les deux tours, privé de réserve de voix chez les militants qui se reconnaissent dans une droite décomplexée.

Michel Havard prophétisait que les élus qui forment son équipe feraient la différence, sa victoire dans des arrondissements de gauche (7e, 8e et 9e) délaissés par Georges Fenech en ont apporté la preuve. La victoire est totale pour Michel Havard, sur le fond comme sur la forme. La primaire lui a donné la légitimité et la notoriété qui lui manquaient mi-mars, quand il accusait un retard de 20 points par rapport au trio Berra-Fenech-Hamelin. Les militants et sympathisants UMP lyonnais l'ont acquitté dans le procès en manque de leadership que menaient ses rivaux. "Avant, la presse était juste mais dure avec lui, en répétant qu'il n'était pas un leader, mais il ne faut pas oublier qu'il devait composer avec Philippe Cochet, avec des élus d'un groupe qu'il n'avait pas choisi. C'était difficile pour lui. Il devait jongler avec les autres. L'UMP à Paris ne le considérait pas comme un leader. Aujourd'hui, il a plus de confort, il a montré que son travail de terrain avait payé et il est plus audible à Lyon comme au niveau national", note Damien Gouy-Perret, son directeur de campagne.

"Le patron, c'est lui", affirment de concert ses rivaux du second tour. "Il ne va pas changer grand-chose, il n'a pas pris le melon depuis dimanche soir. Il était sur son sillon, il le poursuivra. Il peut juste changer de logique : avant, il cherchait à rallier à lui, maintenant, après sa victoire, c'est plutôt qui m'aime me suive", glisse un de ses proches. Durant la campagne, en se projetant vers l'après-primaire, il prophétisait : "À partir du 9 juin, ce sera très confortable."

La fédération UMP du Rhône

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Cette primaire, la fédération UMP du Rhône n'en voulait pas à la base, pas plus que Paris. Trop cher, trop risqué après le fiasco du duel Copé/Fillon, ce mode n'a été validé qu'après l'inefficacité d'un sondage qui n'aura éclairé que sur l'incapacité de la droite à mettre en difficulté Gérard Collomb. La fédération UMP redoutait une très faible participation. Les 4 500 votants du premier tour l'ont rassurée, et les 1 000 de plus au soir du second tour comblée. La primaire a dépassé le cadre des 3 500 militants encartés et, si seulement 2 % du corps électoral s'est senti concerné par le scrutin, les espérances ont été dépassées. Malgré des tensions inhérentes à un entre-deux tours intense, les candidats ont respecté le code de bonne conduite du début à la fin. L'ampleur de l'écart en faveur de Michel Havard a aussi permis à la fédération UMP d'écarter son pire cauchemar : un scrutin serré avec recompte des voix jusqu'au bout de la nuit et des résultats contestables.

Gérard Collomb

Gérard Collomb ()

© Tim Douet

Au lendemain des ralliements d'Emmanuel Hamelin et de Nora Berra à Georges Fenech, un petit vent de panique a soufflé sur le PS lyonnais. La victoire du député (UMP) de Givors semblait inéluctable. "Il est plus à droite et peut-être trop à droite, mais il va cogner beaucoup plus fort que Michel Havard sur Gérard Collomb. Il ne va pas lâcher le maire de Lyon sur les conflits d'intérêts et c'est un sujet qui peut se retourner contre nous", confiait à ce moment un socialiste. Georges Fenech, lors du débat organisé par Lyon Capitale, faisait écho à cette peur qu'il inspirait aux proches du maire de Lyon : "Les socialistes auraient fait un choix : voter Michel Havard." Les camps Havard et Fenech s'accordent aujourd'hui pour reconnaître que des socialistes sont venus voter, mais la netteté de l'écart les empêche d'attribuer à ces trouble-fête un rôle déterminant. Ces voix contre nature ont, de l'aveu des entourages des deux protagonistes, sûrement joué en faveur de Michel Havard. Le maire de Lyon, par Thierry Braillard interposé, a déjà montré, lors des législatives de 2012, qu'il savait éteindre et battre Michel Havard. La pondération du vainqueur de la primaire UMP sied mieux à Gérard Collomb que la combativité mâtinée de démagogie de Georges Fenech. "Avec Michel Havard, ce sera un affrontement bloc contre bloc au centre avec Gérard Collomb, et nous ne pourrons pas gagner Lyon dans ces conditions", pronostiquait un député (UMP) proche de Georges Fenech, au soir du premier tour.

Les 19 élus qui soutenaient Michel Havard

À la différence d'Emmanuel Hamelin et de Nora Berra – les seuls élus lyonnais candidats contre Michel Havard –, ils ont soutenu le bon candidat. Ils formaient l'équipe de campagne du vainqueur de la primaire. "Durant la dernière semaine, nous avons été meilleurs, parce que nous en voulions plus", témoignait un proche de Michel Havard. Pour certains de ces élus, il s'agissait de leur dernière chance d'être de la partie en 2014. Si le vainqueur de la primaire est contraint d'opérer le rassemblement au lendemain du second tour, Georges Fenech avait lui promis de renouveler les listes pour les municipales. Dès le début de sa campagne, il dissimulait mal son sentiment à l'égard de l'équipe UMP en place : médiocre et inaudible. Aujourd'hui, forts de leur soutien à Michel Havard, ils devraient occuper de meilleures places sur les listes de 2014.

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