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Montebourg, s’il était anglais, il “aurait déjà été viré”

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Aux yeux des médias anglo-saxons, il personnifie l’interventionnisme du gouvernement français et les difficultés de notre économie.

Montebourg, Moscovici : l’un des deux ne passera pas l’année à Bercy. À en croire les tirs nourris de Ségolène Royal, d’Élisabeth Guigou et surtout de Laurent Fabius, le ministère de l’Économie a besoin d’un vrai patron. Et ne peut supporter plus longtemps l’affrontement de deux crocodiles dans le même marigot. Plus en phase avec la ligne réformiste de Pierre Moscovici, François Hollande devrait se passer du chantre de la démondialisation. Mais le peut-il vraiment ?

“Il donne une couleur à gauche”

Contredit par le Premier ministre à propos de la nationalisation de Florange, Arnaud Montebourg avait déjà brandi sa démission. Refusée ! Pour Sophie Pedder, chef du bureau parisien de The Economist, si le ministre du Redressement productif était britannique, il “aurait déjà été viré”, pour ses prises de position dissonantes. Toutefois, analyse-t-elle, “il joue un rôle : François Hollande peut penser qu’il est plus utile à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement ; il donne une couleur à gauche à une direction sociale-démocrate”.

“Enfant terrible” selon The Economist

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Peu connu en dehors de l’Hexagone, Arnaud Montebourg a eu son heure de gloire, au printemps, dans les médias anglo-saxons. “Ce sont les entreprises qui créent la richesse, l’activité et donc l’emploi”, lançait le 29 avril François Hollande, lors des Assises de l’entreprenariat. Patatras : le lendemain, le Wall Street Journal ne retenait que l’intervention du ministre dans les discussions entre le Français Dailymotion et l’Américain Yahoo ! Dans la foulée, les médias anglo-saxons se déchaînaient.

La France “se tire une balle dans le pied”, titrait le New York Times dans un éditorial. “Maintenir le ministre en place crée une confusion dans la politique économique française. Les réformistes du Gouvernement tentent de convaincre que la France est ouverte au business. Mais ce type de message demeure inaudible après qu’Arnaud Montebourg a récemment mis sur la table une menace de nationalisation”, écrivait The Economist, faisant référence au forcing du ministre dans le dossier Mittal. “Sur le strict plan des effets de manches, difficile de battre Arnaud Montebourg”, reconnaissait l’hebdomadaire britannique le 8 décembre dernier dans un portrait intitulé (en français) “Enfant terrible”. En comparaison, ses résultats sont selon eux bien maigres : “Est-ce qu’il a pu empêcher la fermeture des usines de Florange et d’Aulnay-sous-Bois ? Non”, tranche Sophie Pedder.

“Les prises de position de Montebourg sont contre-productives”

Pour les médias anglo-saxons, Arnaud Montebourg personnifie la médiocrité de l’économie française. Selon Nicolas Véron, économiste au sein du think tank Bruegel, si l’on s’en tient aux critères objectifs, la France ne s’en tire pourtant pas trop mal en termes de compétitivité, “mais des annonces comme la taxe de 75 %, l’affaire Mittal ou cette intervention sur Dailymotion ont eu un effet désastreux. Les prises de position de Montebourg sont contre-productives pour l’économie française”. “Il insiste tellement sur la sauvegarde des emplois de la vieille industrie française que le message qu’il envoie est de sauver le passé, juge Sophie Pedder. Son énergie pourrait être mieux déployée. L’économie de la connaissance, le numérique, l’innovation : c’est cela qu’il faut encourager, pour faire émerger un Google ou un Apple à la française.”

“C’est un ministre folklorique”

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Il est difficile de trouver un étranger, y compris en Europe du Sud, pour adhérer au discours social du ministre du Redressement productif. Du côté italien, le protectionnisme – même européen – défendu par Arnaud Montebourg est reçu avec des grincements de dents. Chef du bureau économie chez Euronews et correspondant en France de Rai International, Annibale Fracasso (photo ci-contre) se souvient que les autorités italiennes ne sont pas intervenues pour empêcher les multinationales françaises de piocher dans les trésors transalpins : Lactalis a racheté Parmalat, Air France est entrée au capital d’Alitalia, alors que “les Italiens n’arrivent pas à rentrer dans les chemins de fer français”.

“Dans un monde globalisé, c’est un ministre folklorique, qui tient des propos populaires voire populistes. Il essaie de couper la route à Mélenchon. C’est le seul ministre à avoir le soutien des syndicats et des ouvriers”, poursuit l’Italien. Quand on le ramène au protectionnisme européen, le journaliste persiste : “C’est impossible pour un pays comme nous, qui n’avons pas de matières premières. De toute façon, les Italiens préfèrent acheter Mercedes que Fiat.” Qu’en dit Montebourg ?

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