1ER TOUR : LYON FAIT PLUS FORT QUE LA FRANCE

Encore plus civique que le reste de la France, encore plus Sarkozy, encore moins extrémiste, encore plus vote utile... Paradoxalement, cette ville tenue par la gauche fait un triomphe à la droite.

Quel scrutin ! Quelle participation ! Pour ce premier tour de la présidentielle 2007 les Français se sont rués dans les urnes comme s'ils voulaient de nouveau croire aux forces du civisme comme levier de changement. 2002 effacé, l'extrême-droite est réduite. Le décor est en place pour une France comme de nouveau optimiste. Dans ce grand dessin écrit par 43 millions d'électeurs - 8 de plus qu'en 2002 - Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont signé deux victoires personnelles et remarquables. Pour eux, c'était la première campagne présidentielle et les voilà en finale, du jamais vu sous la Ve République. La France n'a plus peur des "bleus", ni des quinquagénaires !

Euphorie diffuse
Dans ce climat, Lyon a accentué tous les marqueurs de ce scrutin si singulier. Tout d'abord, les Lyonnais se sont montrés encore plus civiques que l'ensemble des Français. Avec seulement 13, 59% d'abstention contre 15, 31% en France, la seule ville de Lyon a fait très fort et a envoyé
237 041 votants aux urnes. Le Rhône et la région Rhône-Alpes ont aussi nettement plus voté que l'ensemble des Français. La fierté collective de participer à ce scrutin historique a produit cette euphorie diffuse mais palpable qui a marqué la journée du vote. Il s'agissait de remettre à l'heure les pendules de la démocratie, d'effacer 2002. Et Lyon a été aux premières loges de ce rendez-vous-là.

Mais Lyon a aussi accentué les grands mouvements nationaux et favorisé les grands candidats.

Avec près de 34, 5% à Lyon mais aussi dans le Grand Lyon, Sarkozy fait un score encore plus royal qu'au niveau national. C'est le grand gagnant. Dans le 6e arrondissement de Lyon et à l'ouest de l'agglomération, c'est même Sarkoland, avec des scores qui frisent ou dépassent les 50%. Et François Bayrou cartonne à Lyon par rapport à son score national en étant 3, 5% au-dessus. L'effet s'estompe un peu en Rhône-Alpes, dans le Rhône ou dans le Grand Lyon où il est tout de même à 2 points au-dessus de son niveau national. Enfin, Ségolène Royal qui gagne un petit point de plus à Lyon qu'au national fait deux points de moins en Rhône-Alpes et dans le Rhône. Dans la région, les bons scores de Bayrou font visiblement de l'ombre à la candidate.

Effondrement du FN
Mais le plus spectaculaire dans l'agglomération et à Lyon est sans aucun doute l'effondrement de l'extrême-droite. Quand l'extrême droite perd 6 points au niveau national, elle en perd 10 dans Lyon, passant de près de 17% à 6, 5% ! En cinq ans, Le Pen et Mégret ont perdu dans la ville plus de 14 000 voix, la moitié de leurs électeurs. Dans le 8e arrondissement, l'extrème-droite passe de 23% à 9% et Sarkozy arrive en tête.
A Vaulx-en-Velin, l'extrême-droite passe de 25 à 9% ; à Vénissieux de 26 à 10%. Quand le FN parle de "hold-up", on comprend pourquoi. Les chiffres montrent que Nicolas Sarkozy a séduit une partie non négligeable des électeurs du FN, redessinant à Lyon - mais plus encore en périphérie - une nouvelle carte politique. A l'est, le candidat UMP arrive en tête dans beaucoup de villes de gauche symboliques : à Bron, à Saint-Priest, à Décines. Les quartiers populaires ont voté Sarkozy.

D'autre part, Lyon a visiblement plus "voté utile" qu'ailleurs, réduisant en miettes les petits candidats. Et y compris les Verts traditionnellement puissants ici. Noël Mamère faisait plus de 7% à Lyon en 2002, Dominique Voynet vient d'obtenir 1, 87% !

Mais en réalité les singularités lyonnaises apparaissent surtout quand on compare Lyon aux autres grandes villes de France. Dans le pays, Ségolène Royal a indéniablement bénéficié d'un phénomène urbain. Elle est arrivée largement en tête dans des villes de gauche comme Paris, Lille, Nantes, Grenoble (10 points de plus que Sarkozy) mais aussi dans des villes de droite comme Bordeaux, Toulouse ou Saint-Etienne ! Le score de la candidate socialiste et d'ailleurs de l'ensemble de la gauche à Lyon apparaît donc par comparaison comme une véritable contre-performance qui a de quoi sérieusement inquiéter Gérard Collomb . A Villeurbanne, Sarkozy et Royal sont à quasi-égalité. Bayrou avec ses 20% et le Pen avec ses 8% y seront les arbitres des prochaines élections. Comme ils le seront le 6 mai, au niveau national.

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