Bastien Joint, conseiller municipal délégué à Caluire-et-Cuire et initiateur d'une pétition contre la ZFE, est l'invité de 6 minutes chrono.
Alors que l'Assemblée nationale se prononcera sur le devenir des ZFE à Paris et à Lyon à la fin du mois de mai, Bastien Joint, conseiller municipal délégué à Caluire-et-Cuire, appelle à supprimer le dispositif : "je suis sur le terrain tous les jours chaque semaine et des contacts que l'on a avec les habitants on voit bien que ce sujet de ZFE c'est un sujet de crispation, c'est un sujet qui depuis un certain de mois et bien inquiète beaucoup de monde". "Aujourd'hui, on crée ce type de délit de pauvreté", poursuit-il. Il estime qu'en 2028 avec l'élargissement aux véhicules diesel (Crit'air 2), 500 000 personnes seront concernées.
Elu à Caluire-et-Cuire, une ville dans le périmètre de la ZFE, il assure que si les députés ne supprimaient pas le dispositif, la ville pourrait envisager d'en sortir : " il faudra que tous collectivement nous prenions un certain nombre de décisions responsables là-dessus parce qu'on ne peut pas exclure, et rien qu'à Caluire cela concerne la moitié de nos véhicules. Ca n'est juste pas possible".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Bastien Joint
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Bastien Joint. Vous êtes conseiller municipal délégué à Caluire-et-Cuire, vous êtes conseiller élu Les Républicains, vous avez lancé une pétition contre la ZFE à Lyon, vous avez aussi publié une tribune qui a reçu de nombreux soutiens notamment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette opposition à la ZFE, elle n'est pas tout à fait nouvelle, en revanche vous surfez sur le travail finalement qu'ont fait les députés, les Républicains et du rassemblement national, à l'Assemblée nationale pour demander finalement la suppression de ces ZFE. Est-ce que vous avez bon espoir qu'à Lyon elle soit supprimée puisque on entend dire que le gouvernement voudrait simplement sauver celle de Paris et de Lyon ?
Oui en effet c'est ce qu'on entend dire aujourd'hui, je ne sais pas si on peut dire qu'on surfe sur le travail des députés parce qu'en réalité moi je suis sur le terrain tous les jours chaque semaine et des contacts que l'on a avec les habitants on voit bien que ce sujet de ZFE c'est un sujet de crispation, c'est un sujet qui depuis un certain de mois et bien inquiète beaucoup de monde. Comme je l'avais dit d'ailleurs à Alexandre Jardin et c'est un exemple qui montre le délire dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui, j'ai rencontré récemment sur le marché une dame de 86 ans qui a un véhicule Crit'air 3 et qui est très inquiète parce que ce véhicule de 50 000 kilomètres elle ne peut pas le changer, elle ne peut pas faire de prêts bancaires, aujourd'hui elle ne rentre pas dans le cadre des dérogations puisque son véhicule c'est son seul moyen de se socialiser, d'aller voir ses amis, sa famille, de pouvoir assister à ses rendez-vous médicaux, de pouvoir aller faire ses courses tout simplement et aujourd'hui et bien depuis le 1er janvier on lui dit madame vous ne pouvez plus circuler donc à l'intérieur de la zone faible émission lyonnaise.
Des dérogations il y en a et en plus personne ne contrôle l'application de la ZFE aujourd'hui, c'est un tigre de papier, vous connaissez vous des gens qui sont déjà fait contrôler, qui sont pris une amende pour non-respect de la ZFE ?
Non et justement c'est ce que nous disons d'ailleurs dans cette tribune, aujourd'hui cette ZFE elle n'est pas appliquée pourtant vous avez un certain nombre d'experts qui nous disent qu'elle produit des effets. Le seul effet que la ZFE produit dans l'agglomération lyonnaise c'est tout simplement sur la rotation du parc et notamment sur les nox et c'est vrai que aujourd'hui on voit bien qu'il y a un certain nombre de politiques positives à mener et des politiques structurelles qui ont d'ailleurs été menées par le secteur industriel, par le secteur agricole, par le secteur du logement et qui portent des résultats et d'ailleurs on le voit la qualité de l'air depuis dix ans, c'est le plan de protection de l'atmosphère du grand lion qui l'explique, la qualité de l'air dans le grand lion s'améliore continuellement et de manière structurelle.
Pour vous ça n'a aucun rapport avec la ZFE ?
Ce que je dis c'est que la ZFE aujourd'hui elle n'est pas verbalisée, aujourd'hui vous savez nous n'avons plus le droit donc d'utiliser les véhicules Crit'air 5, 4 et 3 qui sont donc les plus polluants mais comme il n'y a pas de verbalisation et bien vous avez encore un certain nombre de véhicules qui circulent, rien qu'à caluire sur 22000 cartes grises il y a 4000 véhicules qui sont concernés Crit'air 5, 4 et 3 et à terme d'ici fin 2027 puisque vous le savez Bruno Bernard a repoussé l'interdiction des véhicules Crit'air 2 sûrement pour un certain nombre d'éléments électoraux à la fin d'année 2027 et bien cela concernera à caluire 10 000 véhicules dans le grand Lyon c'est 500 000 et quand vous élargissez finalement le périmètre à un certain nombre de territoires limitrophes et bien de l'agglomération lyonnaise vous arrivez à plus d'un million de véhicules c'est juste hallucinant et c'est ça aujourd'hui que nous refusons parce que nous pensons qu'effectivement c'est une entrave à la liberté tout simplement des grands lyonnais.
Mais on peut aussi vous dire que ces ZFE sont là pour améliorer la qualité de l'air et que vous en tant qu'élu vous allez dire c'est pas grave si la qualité de l'air ne s'améliore pas dans ma ville finalement il y a un dilemme en fait il faut choisir soit la voiture soit la pollution.
Non Paul Terra ce que ce que je dis c'est que avant d'aller interdire les gens d'utiliser leur véhicule il y a plein de politiques positives à mener et c'est ce que font toutes les strates de collectivité c'est ce que fait la région c'est ce que fait le département c'est ce que font nos communes et d'ailleurs à Caluire il y a un certain nombre d'exemples que nous menons une charte environnementale qui a été mise en place nous mettons en place également une ferme urbaine vous le savez c'est le projet que je pilote nous travaillons aussi sur les économies d'énergie nous travaillons sur le réemploi dans nos bâtiments toutes ces politiques donc corrélées à notre territoire ont un impact positif sur la qualité de l'air et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il y a des résultats donc à l'échelle de notre agglomération tout simplement parce que ce que nous devons
mettre en place et bien nous le faisons.
Caluire-et-Cuire fait partie du périmètre de la ZFE de Lyon qui englobe Lyon, Villeurbanne, Caluire et d'autres communes tout ou partie d'autres communes est ce que vous pourriez vous sortir de cette ZFE est ce qu'une commune peut dire moi finalement je refuse de participer à ce dispositif puisque vous avez accepté d'y entrer...
Nous avons accepté d'y entrer au précédent mandat, moi je n'étais pas au conseil municipal et nous y sommes entrés pour une raison assez simple et que personne ne dément aujourd'hui, c'était une ZFE qui concernait les professionnels et qui consistait à diviser le territoire de Caluire en deux et nous allions nous retrouver avec tout le trafic de transit qui allait pénaliser pour le coup très fortement la qualité de l'air à Caluire. Et donc c'est la raison pour laquelle nous y sommes entrés à l'époque. Maintenant, moi j'attends des députés qu'il y ait de la responsabilité, des sénateurs également, c'est la raison pour laquelle je leur ai écrit la semaine dernière pour leur demander de regarder avec vigilance ce qui se passe au Parlement. Je vois bien que c'est un sujet de crispation aussi au niveau du gouvernement, donc de coalition emmenée par monsieur Bayrou avec je pense un certain nombre de divergences de vue parmi les membres du gouvernement puisque ce débat a à nouveau été reporté à la fin du mois de mai. Donc à ce moment-là nous verrons effectivement ce qui sera acté pour Paris et Lyon, en tout cas il faudra que tous collectivement nous prenions un certain nombre de décisions responsables là-dessus parce qu'on ne peut pas exclure, et rien qu'à Caluire cela concerne la moitié de nos véhicules, ça n'est juste pas possible.
Après on pourrait aussi dire qu'il y avait des dispositifs d'accompagnement, des aides gouvernementales et que c'est ce gouvernement de coalition auquel les Républicains appartiennent qui les a supprimés. C'est-à-dire que l'exclusion sociale vous y contribuez aussi ? Vous la dénoncez tout en y contribuant ?
Nous sommes dans une métropole d'un million quatre cent mille habitants. Savez-vous combien d'aides ont été demandées à la métropole de Lyon ? Il y a eu 500 dossiers déposés. Est-ce que vous pensez que la communication, notamment sur les Crit'air 3, sur les Crit'air 2, a été suffisante pour faire en sorte qu'aujourd'hui les professionnels et les habitants puissent demander ces aides ? Pas plus tard que la semaine dernière je discutais avec un forain sur le marché de Caluire qui me disait qu'il avait effectivement lui acheté un véhicule Crit'air 2, plus de 100 000 euros, un camion pour transporter ses fruits et ses légumes et qu'aujourd'hui, avec la volonté de la métropole d'aller plus loin que la loi, il se retrouverait potentiellement très fortement pénalisé. Et c'est ça que nous refusons. Nous on est dans la vraie vie, on est connecté aux réalités et moi je ne peux pas supporter qu'aujourd'hui on crée ce type de délit de pauvreté et en tout cas de gens qui travaillent, qui vont voir le médecin, qui vont visiter leur famille parce que tout simplement, je pense que dans ce pays il y a suffisamment de fractures pour ne pas en rajouter.