Vingt ans de prison ont été requis contre un ex-opérateur du Samu accusé de viols. Il comparaît devant la cour criminelle du Rhône à Lyon.
Vingt ans de prison ont été requis jeudi à Lyon contre un sexagénaire, ancien opérateur du Samu et bénévole à la Croix-Rouge, accusé de multiples viols et agressions sexuelles sur des victimes, mineures pour la plupart.
Laurent Moussière "s'est comporté comme un prédateur sexuel", a déclaré l'avocat général Vincent Auger en requérant la peine maximale encourue. "Un prédateur qu'il faut empêcher de nuire le plus longtemps possible", a-t-il ajouté en demandant une période de sûreté des deux-tiers.
L'accusé reconnait des actes "malsains"
L'accusé, 60 ans, a reconnu l'essentiel des faits dès le début de son procès devant la cour criminelle du Rhône, le 1er décembre, ainsi qu'avoir commis des actes "malsains", mais a rejeté ce qualificatif de "prédateur". Il lui est reproché d'avoir profité de son statut pour se rapprocher de jeunes garçons en difficulté et d'avoir fait une quarantaine de victimes à Lyon et dans sa région entre le début des années 1990 et jusqu'à son arrestation à Périgueux en 2021.
Témoins et experts ont mis en lumière un mode opératoire constant au détriment de victimes au profil similaire: de jeunes adolescents, rencontrés entre 13 et 16 ans en moyenne, "isolés" et "vulnérables", souvent en carence familiale, que l'accusé faisait venir chez lui en organisant des fêtes et en leur proposant alcool et cannabis.
"Ami de la famille"
Laurent Moussière parvenait, selon eux, à tisser des liens de confiance avec les jeunes en jouant de sa situation : bénévole à la Croix-Rouge, opérateur du Samu, il a même brièvement travaillé à la police judiciaire. "Ami de la famille", "grand frère", l'homme avait su suscité la confiance de ses victimes, et parfois aussi de leurs proches. "Emprise" : le mot est répété tout au long du procès.
Ce n'est qu'en 2019 qu'une de ses victimes l'a dénoncé, lors d'une audition par des gendarmes sur une toute autre affaire -- il avait été témoin d'une bagarre. L'instruction a ensuite permis de recenser 38 victimes. Seules 21 ont été retenues. "Il est le champion de la prescription", a déploré Me Jean Sannier, conseil de plusieurs parties civiles et de l'association Innocence en danger.
"C'est le procès d'une vie de trente ans de prédation", a résumé Me Grégoire Deydier, également pour les parties civiles.
