Nuits sonores 2013 : l’expérience avait du sens

En dépassant les 100 000 spectateurs cette année, les Nuits sonores ont entamé leur deuxième décennie avec force et assurance. Retour sur l’identité du festival – garante de son succès – et les temps forts de cette édition 2013.

Proposer une programmation exigeante composée principalement de musiques électroniques, tout en valorisant la ville de Lyon et son urbanisme : la philosophie des organisateurs demeure intacte depuis la création du festival, en 2003. Son intégration dans les vieux quartiers, les places et autres monuments historiques jalonnant la ville donne en effet aux néophytes l’impression générale d’assister à une grandiose fête locale, sûrement pas à un festival.

Identité NS

Plutôt que de miser sur une scène gigantesque, de compiler les têtes d’affiche et de bien mettre à l’écart l’ivresse collective, les Nuits sonores font tout l’inverse : les artistes programmés sont souvent connus des seuls initiés, les événements sont répartis dans toute la ville et à n’importe quelle heure de la journée. “Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir vivre le festival dans la ville, confiait Vincent Carry, son directeur, en 2012. D’en ressentir l’énergie, de passer d’un bar à un club, d’une galerie d’art contemporain à un parc, d’une friche industrielle à un after situé autre part dans Lyon, etc. D’être dans une mobilité urbaine intéressante en somme, de découvrir la ville différemment”.

En considérant Lyon – cité à taille humaine et gorgée d’histoire – comme une force, le festival n’est pas seulement devenu un événement de premier plan pour la visibilité et l’attractivité culturelle de Lyon, il s’est surtout singularisé par la force de son identité. À l’image de la Fête des lumières, les Nuits sonores font des envieux.

Extra !

Avec sa trentaine d’Extra!, le maître mot des Nuits sonores fut bel et bien l’expérience. Under The Bridge, véritable installation techno sous le pont Winston-Churchill, fut l’un des plus réussis (et des plus bondés). J’peux pas, j’ai yoga! également, qui investit le jardin des Chartreux. Pour les plus petits, les Mini Sonores furent tout autant surprenants ; l’atelier déjanté Digital Breakfast – détournant l’univers du petit-déjeuner en instruments de musique numérique – nous aurait bien tenté, avouons-le.

Les NS, ce sont aussi des Apéros, sonores évidemment. Notre préféré fut sans conteste celui de la place Rouville, où l’on pouvait déguster des huîtres et du vin blanc, bercé par la musique techno, devant le magnifique panorama offert sur Fourvière et les quais de Saône.

Dilemme et coups de cœur

Sans véritable tête d’affiche, l’idée du festival fait finalement sens : en redécouvrant la ville, pourquoi ne pas découvrir de nouveaux artistes ? Cette année, les Nuits sonores en ont rassemblé près de 300. En tête : Carl Cox, Disclosure ou encore Charanjit Singh. Pas vraiment le genre de musiciens bankables rendant impulsif l’achat d’un pass intégral à 140 euros. Pourtant, en six jours, plus de 100 000 personnes se sont déplacées pour le festival, qui établit ainsi un nouveau record d’affluence.

Véritable temps fort des NS 2013, le live de Pantha du Prince & The Bell Laboratory était somptueux, presque sacerdotal (cloches obligent). Au même moment, Mark Ernestus et son projet Jeri-Jeri nous faisait voyager en pays sénégalais, peut-être le plus gros dilemme du festival (on a tout de même tenté de voir les deux). Disclosure électrisa la foule avec un live dansant extrêmement efficace, ponctué de vocaux suaves, et dévoila pour l’occasion plusieurs titres de son futur album. Ben Klock confirma tout le bien qu’on pensait de lui, King Krule nous jeta son talent en pleine figure et Charanjit Singh délivra l’un des lives les plus trippants qu’on ait entendus, entre ragas indiens et basslines acides. Nurse With Wound, Diamond Version et DSCRD nous laissèrent bouche bée, abasourdi par leur live expérimental plein de caractère et de maîtrise. Le garage rock énergique des Monsters (et leur fin, drôle au possible) ainsi que toute la petite colonie du label parisien Born Bad (principalement au Clacson) nous ont également pas mal scotché. Enfin, remercions Diane et P.I.L.A.R., deux DJ lyonnaises qui ont su inaugurer avec brio cette magnifique édition 2013. Vivement l’année prochaine !

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