C’est dans les souvenirs de sa jeunesse agitée que Sorj Chalandon a puisé l’inspiration de son douzième roman, Le Livre de Kells (Kells est le surnom que se donne Chalandon en référence à un évangéliaire irlandais du IXe siècle).
Après avoir quitté Lyon, la ville bien-aimée de son enfance, mais aussi un père violent et détesté ; malgré ses rêves de voyages lointains (il veut se rendre à Katmandou), c’est à Paris que se retrouve Sorj Chalandon, tout juste sorti de l’adolescence.
Il est littéralement à la rue, sans un franc (nous sommes au début des années 70) en poche. Il galère, enchaîne les jobs sans intérêt. Il connaît le froid, la faim, et même la misère. Jusqu’à ce qu’il sympathise avec une bande de militants gauchistes, appartenant à la Gauche Prolétarienne Révolutionnaire. Il découvre les joies du militantisme, l’amitié, la solidarité. Mais aussi les dérapages, les bastons, la violence, les trahisons. Autant d’aspects négatifs qui l’amènent à rejoindre la rédaction du quotidien Libération.
Roman d’apprentissage écrit dans la maturité, Le Livre de Kells restitue parfaitement l’ambiance d’un Paris qui n’existe plus, aussi bien que l’état d’esprit du jeune homme rêvant du “Grand Soir” qu’était Sorj Chalandon. [Lire aussi l’interview de Sorj Chalandon publiée au mois de septembre dans Lyon Capitale.]
Le Livre de Kells – Sorj Chalandon, éditions Grasset, 384 p., 23 €.