"Le défi, c'est d'arriver à la fin du premier acte sans que les gens aient regardé leur montre"

Qu'est ce qui vous a attiré dans cette œuvre de Wagner ?
Siegfried fait partie des opéras les plus abstraits de Wagner. Ca se passe dans une forêt qui est ici traitée de façon plutôt psychanalytique. On est dans une étude psychique du personnage, pas dans la narration contraignante. C'est une œuvre ouverte que j'ai voulu partager avec le spectateur en faisant des références freudiennes. Tous les personnages sont par exemple habillés comme Siegfried, tous sont un personnage qu'on doit recomposer.
Le spectacle dure plus de 4h. Comment pensez-vous maintenir le public en haleine ?
Pour Wagner, j'ai toute une stratégie qui consiste à donner au temps un nouveau rythme. Je travaille énormément sur l'épuration. On n'est pas en train de remplir le temps, mais plus dans une attitude méditative. Le défi avec Siegfried, c'est d'arriver à la fin du premier acte sans que les gens aient regardé leur montre.
Mais, bon, il reste encore deux actes après ça...
En général, les gens sont préparés quand ils vont voir Siegfried. On sait que ce n'est pas un opéra d'une heure. Mais définitivement, la gestion du temps fait partie de mon focus de mise en scène. Avec les acteurs, avec les chanteurs, j'essaie de donner une nouvelle échelle au temps. J'encourage tout le monde à l'économie, à jouer dans des positions simples. C'est un rythme lent mais qui demeure tout de même actif. Il entraîne le spectateur sans que cela ne paraisse long.
On retrouve ce rythme dans votre cinéma...
Avec mon prochain film Soie (bientôt sur les écrans, Ndlr), je suis allé au bout du truc. J'aime bien flirter avec la lenteur, avec la méditation.
Est-ce difficile de passer du cinéma à l'opéra ?
La technique change bien évidemment mais le dénominateur commun entre le cinéma, le théâtre et l'opéra, c'est le spectateur, les gens qui se paient un billet, réservent une soirée pour s'asseoir dans une salle noire. Et pour moi, un jour, la salle est pleine et mon rôle, c'est de faire en sorte qu'il y ait un lien entre eux et une œuvre qui raisonne le mieux possible dans leur cerveau.

Siegfried, de Richard Wagner, mise en scène : François Girard, direction musicale : Gerard Korsten avec l'Orchestre de l'Opéra de Lyon. Jusqu'au 13 novembre, à l'Opéra de Lyon, Place de la Comédie, Lyon 1er. 08 26 30 53 25 ou www.opera-lyon.com

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