TROIS QUESTIONS A FRANCOISE GUILLEMAUT

Les prostituées sont-elles toutes victimes "d'un trafic d'être humain" ?
Ce n'est pas la réalité que vivent les femmes. La loi de sécurité intérieure de 2003 a créé ce chef d'inculpation. Mais il n'y a jamais eu de condamnation depuis. Par contre, pour atteindre l'Europe rêvée, les femmes doivent payer des passeurs. L'espace Schengen est tellement verrouillé que les prix s'envolent. Des dettes entre 2 000 et 45 000 euros (pour l'Afrique subsaharienne) sont contractées qu'elles doivent remboursées alors qu'elles n'ont pas le droit de travailler. Se prostituer s'impose dans bien des cas.

Derrière chaque femme, y a-t-il un proxénète ?
Elles sont tenues par le remboursement de leur dette comme on est tenu de rembourser son emprunt immobilier. C'est un système économique fondé sur la loyauté. Par contre, en France ou au pays, certaines peuvent vivre avec des "julot cascroutes", des hommes qui vivent au crochet des prostituées. Ils ne font pas pour autant partie de réseau mafieux.

Faut-il rouvrir les maisons closes ?
Non. La prostitution devrait pouvoir exister en ville comme d'autres activités de services, sans "ghetto" dédié à cet effet. Ce qui suppose déjà d'abroger un certain nombre de lois existantes, notamment les lois sur le racolage (passif et actif) et la loi sur le proxénétisme hôtelier qui interdit de louer une chambre pour de la prostitution. En clair, il faudrait un véritable statut de "travailleuse du sexe" dont le modèle pourrait être la Suisse, où les prostituées peuvent louer un appartement, travailler en établissement. Dans tous les cas, la première chose à faire est de régulariser les femmes en situation irrégulière, pour stabiliser leur situation et leur permettre si elles le souhaitent de changer d'activité.

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