Sans-papiers, il est convoqué en mairie puis arrêté

Ils ont vécu un vrai coup de foudre en mai dernier, et ont décidé de se marier en septembre. Problème, Mohamed n'a pas de papiers. Convoqué avec Sandrine, sa compagne en mairie d'Agnin (Isère) pour signer les papiers du mariage, le Marocain, en France depuis 1989, était attendu par les gendarmes.

Ce qui a commencé par une belle rencontre s'est rapidement transformé en combat juridico-politique. Début mai, près de cent personnes au départ de Paris ont enfilé leurs chaussures de marche pour un périple de plusieurs centaines de kilomètres. Un Paris-Nice à pied pour protester contre la politique menée contre les sans-papiers. Mohamed, Marocain travaillant en France depuis 1989, y participe pour signifier que, comme des centaines d'autres, il travaille, parle français et souhaite sortir de la clandestinité. Sandrine, militante est là en soutien. Depuis, ils vivent ensemble.

Le 13 septembre, ils reçoivent un appel de la secrétaire de mairie d'Agnin, une petite commune en Isère. Motif, une audience est prévue le lendemain à 17 heures afin de signer les bans de leur mariage. Le 14 septembre donc, direction la mairie d'Agnin où Sandrine, 36 ans, vit là depuis 30 ans. "Les gendarmes étaient devant la mairie, ils l'ont embarqué", raconte Sandrine, la compagne de Mohamed. "Ils auraient pu faire de même pour moi, mais dans ce village tout le monde se connaît, alors..." Une version que nie Christian Monteyrenard, maire de la ville. "Il a été arrêté sur la commune mais pas à la mairie", nuance-t-il. "Je ne suis pas au courant de ce qu'a fait ce monsieur, si quelque chose lui est reproché ou non."

Comme un criminel

Après 24 heures de garde à vue à la gendarmerie de Roussillon, Mohamed a été placé 36 heures au centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry. Au tribunal administratif, sa demande de papiers a été rejetée. Le juge des libertés l'a assigné à résidence depuis le 17 septembre. "Il doit signer un bout de papier tous les jours à la gendarmerie, comme un criminel ou un terroriste", déplore Sandrine, qui est enceinte de plusieurs mois. Le 22 septembre, le maire d'Agnin a finalement reçu le couple pour un prochain mariage en mairie. Reste que Mohamed est toujours sous le coup d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF). Sandrine affirme que son futur époux va faire appel et espère obtenir une carte de séjour, après le mariage...

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