David Kimelfeld

Présidentielle 2022 : le doute pointe chez les macronistes

Chaque semaine, Lyon Capitale vous propose un récap’ des intentions de vote à la présidentielle en s’appuyant sur les sondages quotidiens Ifop-Fiducial pour Paris Match, LCI et Sud Radio. David Kimelfeld, ancien président de la métropole de Lyon et soutien d’Emmanuel Macron, en donne ce vendredi sa lecture.

Sondage Ifop Fiducial du 8 avril 2022

L’armure des certitudes se fendille à mesure que le premier tour approche chez LREM (La République en Marche). “J’étais persuadé que nous aurions une campagne où il faudrait aller chercher les votes les uns après les autres. Je ne me fiais pas aux sondages. Nous sommes dans un débat projet contre projet. Il faut faire campagne jusqu’au bout”, prévenait Thomas Rudigoz, député LREM, dans notre émission 6 minutes chrono. Depuis trois semaines, nos sondages quotidiens montrent un président en campagne en perte de vitesse depuis qu’il a réellement endossé, même à temps très partiel, l’habit de candidat. Sa chute continue cette semaine et entretient la peur d’un électorat LREM démobilisé à force de croire l’élection déjà gagnée. Emmanuel Macron se retrouve désormais crédité de 26% d’intentions de vote et sent le souffle de Marine Le Pen dans son dos (24%). Elle est désormais dans la marge d’erreur. Et c’est encore plus vrai pour le second tour. Les courbes des deux candidats ne cessent de se rapprocher. La présidente du Rassemblement national est désormais créditée de 47,5% d’intentions de vote. L’écart n’a jamais été aussi faible et paraît même infime au regard du verdict des urnes il y a cinq ans. Au soir du second tour, Marine Le Pen n’avait obtenu que 33,90 % des suffrages.

Sondage Ifop Fiducial du 8 avril 2022

Pour le premier tour, Jean-Luc Mélenchon pourrait revivre ce dimanche soir le film de la présidentielle 2017 et se dire qu’il lui aura manqué une semaine de campagne. Le candidat de la France insoumise poursuit sa remontée, mais devrait se contenter d’une médaille de bronze sans autre saveur que celle des honneurs dans la course à l’Élysée. La dernière semaine marque aussi un effet vote utile qui pénaliserait Eric Zemmour ou Valérie Pécresse qui basculent tous deux sous la barre symbolique des 10%.


“Une absence de campagne”

David Kimelfeld, ancien président de la métropole de Lyon et soutien d’Emmanuel Macron, s’inquiète de la dynamique de Marine Le Pen dans la dernière ligne droite de la campagne de premier tour.

L’issue du premier tour semble assez précise. Pensez-vous qu’il peut encore y avoir des surprises d’ici dimanche soir 20 heures ?

Je pense que l’on se dirige vers la revanche de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, mais je ne suis pas sûr que leurs courbes ne se croisent pas. Emmanuel Macron perd 0,5 point par jour et Marine Le Pen en gagne tout autant. Tout le monde pensait que le président sortant virerait en tête, mais la dynamique n’est pas de son côté. Jean-Luc Mélenchon fera un score intéressant autour de 18%, mais ne devrait pas pouvoir recoller.

Le cours de l’élection pourrait-il être différent si Marine Le Pen vire en tête…

On m’a toujours appris qu’il valait mieux arriver en tête du premier tour. C’est presque psychologique. Marine Le Pen dispose, en plus, par rapport à d’habitude de réserves de voix ce qui rend la situation dangereuse.

Pendant longtemps, l’élection semblait assurée pour le candidat qui affrontait un candidat du Rassemblement national au second tour. Comment expliquez-vous que ce ne soit plus le cas ?

Je n’ai pas peur qu’Emmanuel Macron perde, mais je suis préoccupé quand je vois les sondages qui annoncent un résultat à 52-48%. À deux points près, tout peut basculer. Eric Zemmour a lissé l’image de Marine Le Pen. Valérie Pécresse explique qu’elle ne donnera pas de consigne de vote ce qui est une manière de dire que Marine Le Pen, ce n’est pas l’horreur. Elle s’est aussi améliorée au sens technique. À partir de là, on peut avoir des craintes même si la campagne de second tour ne sera pas la même. Quand Eric Zemmour lui apportera son soutien, cela rappellera qui est Marine Le Pen. J’espère aussi qu’à gauche comme à droite ceux qui se disent “c’est bonnet blanc et blanc bonnet” iront voter au bord du précipice.

Emmanuel Macron a-t-il fait des erreurs dans cette campagne ?

Au vu du contexte et du temps qui lui est imparti, il ne fait pas une mauvaise campagne. Sa stratégie était de faire campagne a minima, mais la guerre en Ukraine l’a obligé à en faire encore moins. Aujourd’hui, on voit qu’il manque de présence, de débat et qu’il n’imprime pas. Ne pas avoir participé au débat de France ne lui a pas fait gagner des voix. Ce sont des choix qui agacent les gens. Cette absence de campagne et le désintérêt qui va avec est frappant. D’habitude les gens parlent de la présidentielle à quelques jours du scrutin.

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