vincent Anglade, co directeur du festival des Nuits de Fourvière de Lyon
vincent Anglade, co directeur du festival des Nuits de Fourvière

Nuits de Fourvière : "si on veut de la diversité dans la salle, il faut de la diversité sur scène" assure Vincent Anglade

Vincent Anglade, co-directeur des Nuits de Fourvière, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

La pluie s'est invitée pour l'ouverture des Nuits de Fourvière (2 au 23 juillet). Pour autant, il en faudra beaucoup plus pour refroidir les festivaliers eu égard aux têtes d'affiche, parmi les plus importants noms de la scène musicale nationale et internationale d'hier, d'aujourd'hui et de demain, et, plus globalement, à la programmation riche, dense et éclectique de cette édition 2025

En vrac, Kraftwerk (21 juillet), pionnier allemand de la musique électronique et grand rénovateur de la musique tout court, revient, onze ans après leur concert très spécial en 3D en clôture du festival. Cypress Hill (29 juin), légendes du hip hop US, fera sa première apparition, qu'on imagine enfumée, dans le grand amphithéatre.

La programmation musiques actuelles (et plus si affinités) des Nuits de Fourvière se présente comme un excellent cru tant sur la qualité que sur l’éclectisme. Si elle est traditionnellement plus touffue en juillet, juin démarre les (amicales) hostilités sur les chapeaux de roues, avec de grosses soirées aussi en perspective à partir du lundi 9 juin pour des retrouvailles avec Fontaines D.C., trois ans après leur explosif concert au Transbordeur, Franz Ferdinand (1er juillet), The Kills (22 juillet), Libertines et Pete Doherty (10 juillet).

Une édition des Nuits de Fourvière particulièrement dansée

"Nous avons envie qu'il y ait également de la diversité dans la salle. Et pour qu'il y ait de la diversité dans la salle, il faut qu'il y ait de la diversité sur scène, explique Vincent Anglade, co-directeur des Nuits de Fourvière. Nous sommes très vigilants à cela, à essayer de présenter finalement la programmation la plus ouverte possible. Chaque année, nous allons un peu plus loin dans cette ouverture."

Cette année, les Nuits de Fourvière célèbrent particulièrement la danse avec quatre spectacles en juin et une nuit cabaret, tandis qu’en juillet, Mehdi Kerkouche fera le show avec sa nouvelle création et que le circassien Yoann Bourgeois enveloppera la chanteuse Pomme de sa poésie suspendue. Un beau programme !

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La retranscription complète de l'entretien avec Vincent Anglade

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Vincent Anglade. Bonjour Vincent Anglade, merci d'être venu sur le plateau. Vous êtes co-directeur des Nuits de Fourvière, qui viennent de démarrer, édition 2025. Alors, l'édition 2024 des Nuits de Fourvière a réuni 165 000 spectateurs, fréquentation record de plus de 90 %. En cinq jours, cela fait à peu près 3 000 personnes par jour. L'édition 2025, c'est du 2 juin au 26 juillet, c'est à peu près la même chose, avec deux jours en moins. Vous aviez dit, lorsque vous avez repris la direction avec Dominique Delorme, qu'il fallait "aller plus loin en termes d'ouverture et d'enjeux sociétaux". Concrètement, ça se traduit comment ?

Ça veut dire qu'un travail formidable a effectivement été fait pendant vingt ans par Dominique Delorme pour amener des formes extrêmement différentes, de la pluridisciplinarité comme on dit, avec de la danse, du théâtre, de la musique, du cirque. Nous, nous avions envie de passer encore un cap en amenant des formes encore plus diverses, en allant vers plus de parité, plus de diversité des corps, plus de diversité des regards artistiques. Nous avons envie qu'il y ait également de la diversité dans la salle. Et pour qu'il y ait de la diversité dans la salle, il faut qu'il y ait de la diversité sur scène. Nous sommes très vigilants à cela, à essayer de présenter finalement la programmation la plus ouverte possible. Chaque année, nous allons un peu plus loin dans cette ouverture.

Cette année pour l'édition 2025, cela va être quoi ? Donnez-moi un ou deux exemples.

Nous ouvrons beaucoup aux musiques urbaines, au hip-hop, avec des artistes de l'ancienne génération bien sûr, avec des Américains, ou avec de la soul. Et également avec la nouvelle génération, avec des artistes comme Saint Levant ou Wallace Cleaver, qui vont aller chercher un public beaucoup plus jeune. C'est cette confrontation, ce mélange des cultures et des regards qui nous intéresse beaucoup.

Est-ce que le fait que vous soyez un duo, avec Emmanuelle Durand, est aussi une façon d'aller plus loin, de confronter des regards ?

Effectivement, c'est une façon d'aller plus loin. Nous ne sommes pas d'accord sur tout avec Emmanuelle, mais c'est cela qui est passionnant. Nous nous disons : « Oui, mais là, je pense qu'on pourrait peut-être faire autrement » ou « J'imagine que cela va fonctionner ou pas fonctionner ». Nous discutons beaucoup. Et puis, nous avons nos secteurs un peu réservés : moi, je suis plus sur la partie artistique, et Emmanuelle est plus sur toute la question du territoire, de comment nous travaillons avec toute la métropole, avec les mécènes, avec le monde économique, avec les actions culturelles, et comment tout cela se connecte pour finalement créer une sorte de société culturelle pendant deux mois sur la colline.

Il y aura donc des concerts d'envergure : Kool and the Gang, le post-punk de Fontaines D., Cypress Hill, légendes du hip-hop américain, Kraftwerk les pères de l’électro. Il y a tout cela. Mais cette année, les Nuits mettent aussi particulièrement l'accent sur la danse. Vous avez mis le focus sur la danse.

Oui, c’est vrai, cela fait partie du projet d’ouverture. Nous ouvrons ce soir avec une production monumentale du chorégraphe Hofesh Shechter, qui est une véritable star mondiale de la danse. Il présente un projet complètement fou, puisqu'il s'agit d’un concert dansé, avec du public debout, ce qui est assez rare pour un spectacle de danse. C’est vraiment une ambiance de concert de rock, avec trente interprètes sur scène. Ce sera une forme exceptionnelle. Nous avons d’ailleurs rouvert un peu la billetterie. Si vos auditeurs nous entendent, la répétition générale a eu lieu hier. Nous nous sommes dit : « Tiens, rouvrons un peu la billetterie, remettons des places en vente. »

Nous sommes partis de ce spectacle pour tisser un fil autour de la danse, avec des chorégraphes passionnants et des rencontres entre la danse et la musique. Par exemple, le chorégraphe Mehdi Kerkouche va rencontrer la musicienne Lucie Antunes. Le chorégraphe de flamenco Israel Galván va donner son interprétation de l’opéra Carmen avec l’Orchestre national de Lyon. Il y aura donc de nombreuses rencontres qui dessinent un panorama de la danse assez diversifié au final.

Les Nuits de Fourvière, ce n'est donc pas simplement des concerts, c'est aussi de la danse. Tout à l'heure, vous évoquiez les mécènes, les subventions. Cette année, il y a une baisse de subventions d’environ 9 %, soit environ 3000 000 euros de la part de la Métropole de Lyon. Comment avez-vous géré cela ? Il a fallu faire des choix, j'imagine.

Bien sûr, on ne fait pas le même festival avec près de 300 000 euros en moins, c’est une évidence. Heureusement, nous avons eu cette information relativement tôt, dans un climat de discussion très agréable avec les élus de la Métropole. Cela nous a permis d’anticiper, mais nous a aussi obligés à faire des choix.

Par exemple, cette année, vous l’aurez remarqué, nous avons mis en pause le Village de Cirque que nous installions habituellement au domaine de la Croix-Laval. Nous ne l’avons pas monté cette année. Ce sont des choix un peu forts que nous avons dû faire pour anticiper au mieux cet atterrissage budgétaire pour 2025.

Et puis, nous verrons ce qui se passera en 2026, car nous souhaitons aussi préserver nos conditions budgétaires pour cette année-là. En 2026, ce seront les 80 ans de Fourvière. Nous avons envie de marquer cette édition. Nous en avons envie. Après, le contexte économique est le même pour tout le monde. Il y a nos ambitions, nos désirs, et puis la réalité du monde dans lequel nous vivons. Mais en tout cas, nous avons envie de célébrer ces 80 ans d’une manière ou d’une autre.

Très bien. L’émission se termine. Nous avions beaucoup de choses à dire. Nous vous réinviterons, donc. Merci beaucoup Vincent Anglade d'être venu sur le plateau de 6 minutes chrono. Pour plus d’informations : www.lyoncapitale.fr. À très bientôt et bons concerts. Au revoir.

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