Projet de téléphérique © Antoine Merlet / Simulation Lyon Capitale

Métro E, téléphérique à Lyon : 11 députés du Rhône sur 14 fustigent la majorité écologiste et réclament un débat public

11 députés du Rhône (sur 14) et un sénateur, tous de la majorité présidentielle, ont saisi la Commission nationale de début public pour demander un débat public sur les projets votés au plan de mandat du Sytral dans la Métropole de Lyon et dans le Rhône, et notamment le fameux téléphérique entre Francheville et Lyon. Les élus fustigent le manque de concertation de la majorité écologiste au Sytral.

"Le Sytral fait tout à l'envers". A l'initiative du député Modem de la 12e circonscription du Rhône, Cyrille Isaac-Sibille, 12 parlementaires du Rhône ont saisi la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) pour réclamer un débat public sur le plan de mandat du Sytral, voté en décembre 2020.

Selon ces parlementaires "après avoir décidé, voté et financé son plan de mandat, la gouvernance du Sytral souhaite consulter les habitants et ceci, a posteriori et de manière morcelée", eux veulent "un débat public sur la globalité des projets organisé par la CNDP. "Seule une présentation neutre, complète et chiffrée des projets peut permettre de recueillir une expression sincère de tous les habitants de la Métropole de Lyon", expliquent les 11 députés du Rhône (sur 14) qui ont saisi la CNDP. Tous de la majorité présidentielle. Les députés des 1ère, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 10e, 11e, 12e, 13e et 14e circonscriptions du Rhône. Un débat sur tout : Métros, trams, téléphérique.

Le Métro E et le téléphérique au centre des débats

En décembre 2020, le Sytral a voté un vaste plan d'investissement de 2,55 milliards d'euros avec notamment la réalisation de la 1ère ligne de transport par câble dans la Métropole de Lyon, pour 2025, le fameux téléphérique entre Francheville et Lyon qui fait tant débat.

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Accusé par nombre d'opposants - mais pas que - d'avoir clairement manqué de concertation en amont de l'annonce de la décision de ce projet de téléphérique en décembre 2020, le Sytral tente de récupérer la main. Mais rame. Fin mars, le Sytral annonçait qu'une concertation préalable sera menée à l'automne 2021 afin de soumettre à l’avis des citoyens plusieurs hypothèses de tracés ainsi que les principes d’insertion des stations et pylônes. "Afin de répondre aux interrogations des habitants autour de ce nouveau mode de transport et que les échanges se déroulent dans les meilleures conditions possibles, nous avons fait le choix de mener cette concertation préalable sous l’égide d’un garant désigné par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui assurera notamment la pertinence, la qualité et la sincérité des informations diffusées", expliquait fin mars le président EELV du Sytral, Bruno Bernard. "Il faut concerter de façon efficace, transparente. Les tracés peuvent être très nombreux. La concertation s'annonce passionnante", poursuivait le président Bernard, aussi président de la Métropole de Lyon.

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L'annonce du lancement de cette concertation préalable sous l'égide d'un garant désigné par la CNDP a été fustigée par la maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli, farouchement opposée au projet de transport par câble qui doit survoler sa commune. "La simple saisine d’un garant du CNDP est le degré 1 sur l’échelle de la concertation. Avec cette saisine c’est le SYTRAL qui détermine le périmètre de la concertation et non la CNDP", soulignait fin mars Véronique Sarselli, dénonçant un" RMI de la concertation". "La CNDP aurait pu être un excellent outil si l’ensemble du « projet de mandat » du SYTRAL était soumis à la procédure de débat public", ajoute-t-elle.

La maire de Sainte-Foy poursuivait : "Lorsque le garant de la CNDP communiquera le bilan (logiquement) défavorable de ce mode de transport, ce ne sera qu’une pièce de l’enquête publique. Le bilan de cette concertation CNDP est strictement consultatif et n’engage en RIEN, absolument en RIEN l’arbitrage final tant du SYTRAL que de la déclaration d’utilité publique". Avant de conclure, catégorique : "Face à un projet au forceps et une concertation sous péridurale, nous invitons l’ensemble des citoyens et des associations à poursuivre leurs oppositions farouches et argumentées".

Les parlementaires veulent un débat public, pas une concertation préalable

Cette fameuse "procédure de débat public", c'est ce qui est réclamée aujourd'hui par 11 députés sur 14 du Rhône. Un débat public, pas une concertation préalable. C'est quoi la différence ? La concertation préalable est organisée par le maître d'ouvrage, donc le Sytral, sous l'égide d'un garant. Le début public est lui organisé par la CNDP. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Dans le cadre de la concertation préalable, le maître d'ouvrage doit évidemment être à l'écoute des participants mais il a le fin mot de l'histoire.

"Le Sytral fait tout à l'envers", a fustigé le député Cyrille Isaac-Sibille, de la circonscription notamment d'Oullins et de Sainte-Foy-lès-Lyon. "Les habitants ont la perception qu'on ne leur dit pas tout. Ils veulent avoir la parole", insiste le député.

Sur le projet de Métro E, vivement défendu par les 12 parlementaires, ces derniers accusent les écologistes au pouvoir à la Métropole de Lyon et au Sytral de vouloir abandonner le projet. Sans le dire. "La gouvernance au Sytral avance de manière cachée. Quand on fait de la politique, il faut être clair, il faut dire ce qu'on veut faire, il faut être transparent, il faut être courageux. Ils avancent caché, sans dire leurs objectifs", fustige Isaac-Sibille. "Le projet de métro E, ils veulent l'enterrer", a regretté Thomas Rudigoz, député LREM de Lyon. Nous voulons un véritable débat porté par la CNDP". Le projet de métro E avait recueilli un large consensus dans la précédente mandature au Sytral, toutes tendances politiques confondues.

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Plusieurs projets de métro doivent être présentés et proposés à la concertation à l'automne 2021 : le fameux métro E, mais aussi la prolongation du métro B à Rillieux, la prolongation du métro A à Meyzieu et celle du D à La Duchère. Les élus de l'opposition ne veulent pas se laisser enfermer dans une guerre de métros. "A la Métropole de Lyon, ils nous font croire qu'il y aura un débat sur les métros à l'automne alors que les dés sont déjà pipés, ils ne veulent pas du métro E, et pas beaucoup des autres métros non plus", pouffe un parlementaire rhodanien.

La décision de la CNDP attendue au mois de mai

Bruno Bonnell, le député de LREM de Villeurbanne, dénonce quant à lui "la méthode et l'attitude" des écologistes à la tête de la Métropole de Lyon et du Sytral. "En matière de transports, il y a une continuité à avoir dans l'histoire de Lyon. Il est important de garder une visibilité au fil des mandats. On n'est pas élu d'un territoire sans un héritage", a-t-il ajouté, évoquant "une alerte verte" et un "moratoire mou" du Sytral "en attendant que les choses pourrissent"

Les parlementaires du Rhône vont être entendus par la CNDP, une instance actuellement présidée par Chantal Jouanno, l'ancienne ministre des Sports et secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie. Une décision de la CNDP est attendue au mois de mai. Mais on a pas fini d'entendre parler des mobilités dans la Métropole de Lyon ces prochaines semaines...

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