Bertrand Artigny, vice-président Les Ecologistes de la Métropole de Lyon, revient sur l'annonce de candidature de Bruno Bernard dans 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Les Ecologistes sont entrés en campagne pour les élections métropolitaines dans la foulée de l'annonce de la candidature du président sortant Bruno Bernard. "Une campagne, c’est compliqué, c’est long, il faut des appuis, il faut mettre en place un programme. C’est très fatigant, très usant. Et donc, dans ces cas-là, Bruno Bernard a estimé qu’il était temps, effectivement, d’y aller", explique Bertrand Artigny, vice-président Les Ecologistes de la Métropole de Lyon.
Si la candidate de l'union de la droite et de Jean-Michel Aulas est Véronique Sarselli, c'est sur l'ancien président de l'OL que Bertrand Artigny se focalise : "M. Aulas a du mal à comprendre ce qu’est une collectivité. Il a du mal à comprendre quelles sont les compétences des collectivités : il les mélange. Il y a, aujourd’hui, un certain nombre d’interrogations qu’on se pose, et aussi des problèmes de cohérence d’ensemble".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Bertrand Artigny
Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd’hui, nous accueillons Bertrand Artigny. Vous êtes vice-président de la Métropole, en charge des finances, du groupe écologiste. Bruno Bernard a annoncé ce week-end sa candidature pour un second mandat. Il était temps pour lui, pour vous, d’entrer dans la bataille, sachant que Jean-Michel Aulas, peut-être, a saturé ou en tout cas surinvesti le terrain depuis son alliance avec Véronique Sarselli.
Oui, pas seulement avec Véronique Sarselli. Il a fait alliance aussi avec beaucoup de monde. Après, effectivement, il occupe, comme vous le dites, beaucoup les médias, mais parce que, pour l’instant, il était seul. Enfin, vous savez, je pense que, comme disait un certain Jean de La Fontaine, « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Il est nécessaire, pour quelqu’un qui est tête de liste, de se préparer. Une campagne, c’est compliqué, c’est long, il faut des appuis, il faut mettre en place un programme. C’est très fatigant, très usant. Et donc, dans ces cas-là, Bruno Bernard a estimé qu’il était temps, effectivement, d’y aller. N’oublions pas quand même que Bruno Bernard est en responsabilité, et qu’il a donc à gérer une collectivité importante, celle de la Métropole de Lyon. Il a trouvé opportun de le faire maintenant. Il n’y a pas de souci par rapport à cela. Les équipes sont déjà prêtes, les programmes déjà travaillés. Les relations avec les autres partenaires de la gauche sont déjà là. En fait, l’annonce de Bruno Bernard arrive à un moment où tout le monde est prêt, et aussi à un moment où la gestion de la Métropole ne viendra pas percuter la campagne électorale. Donc, je pense que Bruno Bernard a décidé d’être dans les temps.
Mais pour l’instant, vous êtes en retard, si l’on regarde notamment les sondages. Il y en a eu très peu sur la Métropole, beaucoup plus sur la Ville de Lyon. Mais on voit que la dynamique n’est pas dans le camp des écologistes, que ce soit à la Ville ou à la Métropole. Comment expliquez-vous cela, commencer cette campagne sans élan de sortant ?
Cela fait partie, je dirais, de la notoriété de Jean-Michel Aulas. On l’a connu, vous comme moi, d’un côté festif. On l’a connu à travers l’Olympique lyonnais, un sport phare. On l’a connu aussi défenseur d’un certain type de sport, notamment le sport féminin. Il bénéficie donc d’une certaine aura. Il a effectivement lancé sa campagne là-dessus. D’ailleurs, ce n’est pas lui qui l’a initialement lancée : ce sont d’autres personnes qui l’ont poussé à y aller. Il y a une dynamique. Malheureusement, aujourd’hui, ce qu’on observe, c’est que M. Aulas a du mal à comprendre ce qu’est une collectivité. Il a du mal à comprendre quelles sont les compétences des collectivités : il les mélange. Il y a, aujourd’hui, un certain nombre d’interrogations qu’on se pose, et aussi des problèmes de cohérence d’ensemble. Souvent, il annonce par exemple que la pollution a augmenté pendant le dernier mandat, et quelques jours plus tard, un de ses colistiers, M. Geourjon, à Lyon Mag, dit le contraire, affirmant que la pollution a diminué de manière continue. Il y a donc un certain nombre d’incohérences. Il était important que Bruno Bernard arrive pour qu’on puisse travailler projet par projet sur ce que sera l’avenir des Grands Lyonnais dans les années à venir.
Vous parlez de Jean-Michel Aulas, qui n’est pas candidat à la présidence de la Métropole. Pour vous, c’est l’adversaire de Bruno Bernard ? Vous n’évoquez pas la candidate, Véronique Sarselli, de Grand Cœur Lyonnais.
Officiellement, c’est elle. Mais quand vous avez un M. Aulas qui, au début de sa campagne, confond les compétences de la mairie et celles de la Métropole de Lyon, qui annonce qu’il sera un grand vice-président à côté de Mme Sarselli pour aborder l’économie, la santé, l’urbanisme, les mobilités… cela commence à poser question. Je pense qu’il veut s’attaquer à un certain nombre de grands dossiers de la Métropole de Lyon. Ces sujets étant de la compétence de la Métropole, il y aura un vrai débat sur ces types de compétences.
Pour vous, il serait président de fait s’ils étaient élus ?
Ce n’est pas à moi d’en décider entre lui et Mme Sarselli. Ce que j’observe, c’est que M. Aulas est davantage un outil presque marketing, un produit d’appel. Beaucoup de gens se rangent derrière lui pour des raisons qui leur appartiennent. Je pense que Mme Sarselli aurait très bien pu se débrouiller seule si elle l’avait souhaité. Elle a choisi, ou en tout cas ses équipes ont choisi, de se ranger derrière lui. Comme à la Ville de Lyon, M. Pierre Oliver aurait pu très bien mener une campagne et a décidé de se placer derrière M. Aulas. Tout le monde brandit M. Aulas comme un étendard, un outil marketing. Il a un certain nombre de moyens financiers pour organiser sa campagne. Il utilise beaucoup de fiches, il n’est pas très naturel. Et aujourd’hui, il est plutôt dans le refus d’obstacles, dans la fuite en avant concernant les débats auxquels il a été invité.
Il dit pourtant vouloir participer, mais seulement si la Ville et la Métropole commandent un audit neutre et indépendant.
Effectivement, cette histoire d’audit financier, la première fois que j’ai lu cette annonce, j’avoue que je n’avais pas bien compris ce qu’il voulait dire. D’un point de vue déontologique, on ne fait pas un audit sur ce qu’on gère soi-même. Ce n’est donc pas possible. Et on peut se demander ce qu’il souhaite vraiment.
Aujourd’hui, la Métropole de Lyon, comme la Ville de Lyon, a des comptes publics. On ne fait pas ce qu’on veut. La Chambre régionale des comptes les examine. L’agence de notation aussi. Les conseils métropolitains les étudient. Tout est public. Il y avait une époque, je ne sais pas si vous vous souvenez, de l’association Canol. C’était l’association des contribuables du Grand Lyon, qui regardait l’ensemble des comptes de la Métropole, de la Ville et de la Région, et formulait des critiques et recommandations. Comment se fait-il que M. Aulas, à la tête de 450 millions d’euros et entouré d’une équipe importante, ne soit pas capable de désigner deux ou trois experts-comptables pour examiner des données publiques ? Les comptes administratifs de la Métropole sont accessibles à tous. Il a donc tous les chiffres et peut en tirer ses propres conclusions. Je ne comprends pas qu’il adopte ce refus d’obstacle, ce refus du débat. Il l’a déjà refusé avec Grégory Doucet, mais aussi avec Nathalie Perrin-Gilbert et La Tribune de Lyon. Ce n’est donc pas une question de personnes : c’est simplement que M. Aulas ne veut pas débattre avec ses contradicteurs. Cela pose problème.
