Vue sur les tours depuis le jardin du Rosaire sur la colline de Fourvière, à Lyon
Lyon décroche la 2e place de villes de congrès en France. (Photo William Pham)

Lyon d'après...

À Lyon, la géographie urbaine a déjà changé, avec la multiplication des pistes cyclables, la recrudescence des bouchons. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale. 

Fin d’année. La saison des marrons (sur le coin de l’œil ou en cornet). Le temps des bilans aussi. Inventaire à la pré-Verts. Introspection, comptabilité et tableaux de tous poils. Pour leurs 500 premiers jours à l’hôtel de ville (sous les fenêtres duquel les bécanes font désormais la roue), les Verts ont déroulé le tamis rouge.

Le hashtag #500joursecolos a fleuri sur les réseaux sociaux comme le crocus sativus sur les toits de la Part-Dieu. Les écologistes se sont félicités de leur “bon sens (mis) au service de la collectivité”. Chacun appréciera.

“Une page se tourne pour Lyon et un nouveau chapitre s’ouvre”, déclarait solennellement Grégory Doucet dans son discours d’investiture, le 4 juillet 2020. Le jour de l’indépendance des Américains. À qui d’ailleurs, le maire de Lyon avait apporté son soutien, lors des violentes manifestations pro- Trump. Plus prompt à réagir à ce qui se passe outre-Atlantique qu’aux rodéos lyonnais, avaient alors foudroyé les Lyonnais. Depuis, le premier édile a mis de l’eau dans son vin bio.

Une rupture souhaitée avec les anciennes mandatures et “une gestion différente de la ville”. Si les Verts ont ni plus ni moins reproduit l’exercice d’autosatisfecit cher à tout l’arc politique – pour la rupture, on repassera –, il faut reconnaître, sur la forme, de profonds changements avec plus de place pour la concertation. L’idée : mieux associer les habitants aux décisions politiques. Reste que, pour l’heure, le bilan est passablement mitigé et les retours d’expérience des élus, tous bords confondus, peu prometteurs.

La carte et le territoire. L’une des approches de Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely, dans leur essai La France sous nos yeux, a été de retranscrire en langage sociologique et statistique les réalités décrites par Houellebecq. Passionnant. Leurs cartes sont de formidables enseignements sur le mouvement des plaques tectoniques dans la société française.

Supply chain du cannabis. On y observe, de haut, la carte des autoroutes de la “beuh” et de la résine de hasch : les convoyeurs parcourent la même France que les chauffeurs routiers d’Amazon, les mêmes paysages faits de barrières de péage, d’aires de repos et de stations-services. On s’étonne de la géographie des graisses de cuisson : l’huile d’olive est devenue majoritaire dans le Rhône (alors qu’il était mi-beurre mi-oléagineux dans les années 30). On découvre l’engouement des Lyonnais pour le pole dance et les clubs de bikers. On apprend que près de 40 000 piscines sont déclarées dans le Rhône, avec une forte concentration de bleu de cobalt autour de Lyon, notamment dans les très résidentiels monts d’Or.

À Lyon, la géographie urbaine a déjà changé, avec la multiplication des pistes cyclables, la recrudescence des bouchons (pas les mémoires culinaires de la ville, voraces gardiens du temple, non les embouteillages). Les villes sont des écosystèmes complexes. Un petit changement ici peut avoir un impact énorme sur le fonctionnement global. Effet papillon.

Et désormais dans les rues de Lyon, les bacs à compost. Une étape assurément importante dans le tri de nos déchets alimentaires, qui représentent l’équivalent de 2,5 fois le volume de la tour de la Part-Dieu (en se basant sur les calculs de la Métropole). Le choix du pragmatisme... sur l’esthétique. Éloge de la laideur. Et de nouveaux usages qui viennent se déposer sur des couches plus anciennes. Une hybridation qui présage du Lyon d’après.

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