Près de l’entrée du tunnel de la Croix-Rousse DR

Le péage urbain ne passe pas

C'est envisageable depuis le 29 septembre. Le jour où le Sénat a adopté un amendement qui permettra bientôt, si l'Assemblée nationale le valide, de tester le dispositif de péage urbain en France, dans les villes de plus de 300 000 habitants. Lyon est concernée au premier chef. Rappelons que le péage urbain pourrait permettre de circonscrire le centre-ville de l'agglomération et d'y interdire les voitures, sauf dérogation ou paiement d'un droit d'entrée, avec système de contrôle vidéo aux frontières. Mais le Sénat prévoit de laisser ce dispositif à l'initiative des collectivités territoriales.

Or à Lyon, tous les politiques sont contre, au premier rang desquels le maire et président du Grand Lyon. Gérard Collomb qui déclarait récemment sur son blog, "avant de passer à cette phase-là, il faut d'abord [...] terminer le bouclage du périphérique, en articulation avec les transports en commun (ferrés ou métro, tramway, etc.) grâce à des parkings relais multipliés aux entrées de l'agglomération". Comprendre : pas avant huit ou dix ans. Son 1er adjoint, délégué aux Transports, Jean-Louis Touraine est encore plus catégorique. "J'ai fait voter un amendement dans le dernier mandat qui empêche la mise en place d'un péage urbain. Tant que nous serons au pouvoir, il n'y aura pas de péage urbain à Lyon".

Jean-Louis Touraine qui justifie, "la surface du centre-ville est trop faible et ce système n'apporte pas d'intérêt majeur chez nous. En plus, un péage urbain aurait comme effet contreproductif d'augmenter la ségrégation spatiale à Lyon, sans limiter tellement la pollution de l'air". L'adjoint aux Transports qui se targue enfin d'avoir "réussi à faire baisser la circulation automobile de 20% au centre-ville, sans péage urbain".

Même analyse pour Bernard Soulage, chargé des Transports à la région Rhône-Alpes. Celui-ci préconise de ne pas entrer dans une logique de péage urbain, "ni de péage d'ouvrage, type Téo, ni de péage à la londonienne, mais plutôt de favoriser les dispositifs type carte orange, ou carte Oura comme dans la région Rhône-Alpes. Toute personne qui entre alors dans le périmètre de l'agglomération devrait avoir cette carte et cela lui permettrait d'accéder aussi bien à Lyon en voiture qu'en transports en commun. Et après, pourquoi ne pas imaginer des réductions de tarifs en fonction des revenus ?", imagine le vice-président régional.

Les verts et l'UMP contre le péage également

Même son de cloche chez les Verts. Etienne Tête, adjoint au cadre de vie à la mairie de Lyon, précise que "les Verts se sont toujours exprimés contre le péage urbain, car ce système implique l'installation de technologies extrêmement coûteuses et de plus, ce système renvoie un peu plus les couches populaires en périphérie". Les Verts privilégient donc eux aussi la multimodalité. Etienne Tête imagine plutôt de mettre en place un système de vignette automobile pour accéder à l'agglomération ou y demeurer.

Enfin, Michel Havard, chef de file du groupe UMP au Conseil municipal de Lyon s'oppose lui aussi au péage urbain. "L'agglomération lyonnaise ne se prête pas à ce type de dispositif, la Presqu'île est un territoire insuffisamment grand et si l'on décide d'englober la Part-Dieu, par exemple, où s'arrête alors le centre de Lyon ?". Difficile à dire, selon le député UMP et donc difficile alors de circonscrire le territoire qu'engloberait un péage urbain à Lyon.

Les associations partagées

Quant aux associations, elles sont plus favorables au péage urbain. "Tout ce qui permet de limiter la circulation automobile en ville doit être expérimenté", argue Nicolas Igersheim, président de l'association "La ville à vélo". Ce dernier rappelle que la mise en place d'un péage urbain à Londres a permis de refondre complétement les horaires de transports en commun. "Les bus roulaient tellement bien qu'ils arrivaient en avance sur leurs horaires. Maintenant, quand vous arrivez aux arrêts de bus à Londres, vous avez ainsi trois bus qui vous attendent". Et Nicolas Igersheim de renchérir, "96 % de la voirie lyonnaise est congestionnée aujourd'hui par des véhicules qui pour la majorité d'entre eux ne roulent pas. Si le péage urbain pouvait permettre d'en faire disparaître une partie, ce ne serait pas plus mal pour la santé physique, mentale et financière de tout le monde".

Enfin, Alain Chabrolle, représentant de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la nature (Frapna) et de France Nature Environnement est plus pragmatique. "Le péage urbain n'est qu'un élément dans la boîte à outils que constitue le plan de protection de l'atmosphère adopté par Lyon. Aussi doit-on étudier l'intérêt de ce dispositif relativement aux autres mesures, comme la limitation de la vitesse sur autoroute qui a fait ses preuves. Sur le périphérique de Lyon par exemple, elle permet de diminuer la pollution de l'air de manière conséquente". En tous cas, assure le défenseur de la nature, "il faudra se diriger à l'avenir vers moins de pollution de l'air à Lyon, par ce moyen ou par d'autres".

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