Le Grand Lyon achète leur maison pour l'Anneau des sciences

Des habitants de Tassin-la-Demi-Lune ont eu la surprise de voir la métropole de Lyon préempter leur maison dans le cadre de la construction de l'Anneau des sciences. Si David Kimelfeld a pris quelques distances avec le projet, ce dernier est bien amorcé.

Pour Christophe, le projet d'Anneau des sciences, censé boucler le périphérique de Lyon autour de l'année 2030 / 2035, semblait "loin", "un serpent de mer qui traîne depuis trente ans". Pourtant, l'évidence s'est imposée à lui quand il a choisi de vendre sa maison à Tassin-la-Demi-Lune en mars 2019.

En avril, il reçoit une première offre, mais les acquéreurs se rétractent après avoir entendu parler d'un projet de la métropole "visant à construire une deux fois trois voies derrière la maison". En effet, son domicile se situe à proximité direct du projet de l'Anneau des sciences (voir le tracé ici).

En juin, de nouveaux acheteurs se présentent, un compromis de vente est signé, mais trois jours avant la fin du délai permettant à la métropole de se manifester, cette dernière fait valoir son droit de préemption. Au final, le Grand Lyon achète leur maison. Paradoxalement, le logement est mitoyen des deux côtés, et les propriétaires ont acheté en 2018 sans que la Métropole n'intervienne.

Une autre maison sur un échangeur 

En parallèle, Christophe achète une autre maison à 300 mètres de son ancien logement, "située sur l'emprise géographique du futur échangeur de la sortie des trois renards". La Métropole n'a pas préempté la vente, "ils ont reconnu qu'il y avait eu chez eux une défaillance, car ils auraient dû se manifester au moment de la réception de la DIA (demande d'intention d'aliénation) pour laquelle le délai était dépassé", explique Christophe.

"Ils nous ont dit que si l'Anneau des sciences se faisait, il faudrait alors envisager une négociation à l'amiable avant d'en arriver à l'expropriation du fait des nuisances. Cependant, ces éléments n'étant qu'au niveau des études il n'y avait aucun élément valable nous permettant de nous rétracter sans être redevable du coût du caprice", poursuit-il.

Bientôt un collectif

Interpellés par ces deux histoires, les anciens et nouveaux voisins de Christophe ont commencé à se renseigner sur l'Anneau des sciences : "Il y a des gens très différents, d'horizons politiques parfois opposés qui commencent à se mobiliser contre le projet. On voit des pâtissiers, fleuristes, cadres, DRH... des gens qui se voyaient finir leur vie là et qui commencent à s’inquiéter".

Désormais, ils réfléchissent à monter un collectif, "beaucoup de gens sont restés sur 2012 quand l'ancien projet avait été stoppé, ils ne pensaient pas qu'il reviendrait. On préférerait voir des lignes de train, des voies pour les transports en commun, pour les modes doux. Déclasser l'A6 /A7 pour construire une autre route ailleurs, il y a une forme aberration". Trois collectifs contre l'Anneau des sciences sont déjà opérationnels dans l'ouest lyonnais, réunis sous la bannière "ADS Non Merci". Celui de Tassin / Écully pourrait bientôt les rejoindre.

Le projet se poursuit

Interrogée par Lyon Capitale, la métropole de Lyon confirme avoir préempté ce bien "situé dans le périmètre d’intervention de l’opération Anneau des Sciences, de la future Porte 3 Renards, et de la tranchée couverte du Valvert. Des infrastructures de cette envergure nécessitent des procédures pour anticiper la réalisation de certaines études et travaux et c’est donc dans ce cadre que cette procédure a été réalisée."

Si le projet est donc toujours sur les rails, elle précise : "Des études pour un scénario alternatif à l’ADS sont actuellement lancées par les services de la Métropole de Lyon et le Président de la Métropole va donner prochainement sa position concernant ce projet, forts d’éléments concrets". Ces derniers temps, David Kimelfeld a montré un fort attrait pour des scénarios alternatifs, devant être opérationnels d'ici cinq ans, sans renoncer de manière ferme à boucler le périphérique, pour l'instant. En attendant, les services de la métropole continuent donc d'amorcer les bases pour réaliser l'Anneau des sciences. Face au projet, la résistance s'organise, liguant des citoyens d'horizons divers avec un espoir commun : ne jamais voir une nouvelle autoroute urbaine à Lyon.

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