Soleil sur une rivière

L'été en pente douce

Si l’été est une géographie, c’est surtout un état. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.

"Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été."

L’été sera coloré et sonore, à l’image de la poésie de Théodore de Banville. Lire, c’est partir. Pas de programme, ni d’agenda. Juste la brise de l’été, la mélodie de l’insouciance, l’harmonie des imaginaires.

Que la fête commence ! Envolés le cynisme et le machiavélisme des politiques. Oubliée la France au bord de l’explosion, des "extrêmes (qui) se font la courte échelle" (Franz-Olivier Giesbert du Point) et qui glissent entre les cuisses lisses de la République.

Horizon dégagé, calme plat. Nouvelle respiration. On fait un break, on débranche (le smartphone, notamment). Ce qui ne signifie pas ne plus s’impliquer ou ne plus être concerné. Mais sans la démesure et les tensions.

Si l’été est une géographie, c’est surtout un état. On rompt avec le quotidien, on souffle, on se ressource. L’occasion de faire un bilan et de mettre sur pause nos passions tristes et nos obsessions déclinistes collectives.

On lâche, le temps d’un été, la société inquiète, peu à l’aise avec les transformations qui la traversent. "Les Français vivent de leur mal-être comme les Anglais de la famille royale", écrivait en 2013 le correspondant du New York Times Roger Cohen.

Bleak is chic (triste, c’est chic) ? En 2022, penchons plutôt roger-bontemps, réjoui. Cool, c’est définitivement mieux. Avec, en toile de fond, le prisme du bien-être subjectif : vaporeux, indolent, sans souci. En un mot : optimiste. Angèle-isons-nous pardi ! "Le spleen n’est plus à la mode. C’est pas compliqué d’être heureux."

Pas sûr que l’été répare la société. Mais la saison a le don d’effacer les migraines… qui nous prennent souvent la tête.

L’été sera chaud. Alors perchons-nous. Été-quilas sunrise des terrasses, été-ssiture des festivals, été-xtiles qui s’amenuisent.
Et oublions l’été-nors du gouvernement – sur le fil – et l’été-nébreux chiffres du covid.

"La lumière de l’été est plus rasante qu’un discours électoral", disait Frédéric Dard. À bon entendeur.

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