Et si le problème était au-delà du cumul, l'addition des mandats ?

Le sentiment est diffus, inexprimé mais l’impression est généralisée, ils ne sont peut-être tout simplement pas à la hauteur, les politiques de droite comme de gauche, les premiers couteaux comme les seconds. Habiles certes, intelligents pour la plupart, honnêtes pour certains, mais pour quelles raisons les résultats ne sont-ils pas au rendez-vous ?

Les Giscard, les Mitterrand, les Chirac, les Sarkozy, les Hollande, les Fillon, les Ayrault… on pourrait en citer bien d’autres, aucun ne nous impressionne, si nous devions recenser leurs succès essentiels, nous serions bien en peine. De grandes réformes sociétales ont certes été réalisées, la légalisation de la contraception, de l’avortement, la suppression de la peine de mort, le mariage pour tous, demain l’euthanasie pour les malades en fin de vie, mais ces réformes étaient dans l’air du temps, elles ont été adoptées presque partout dans les démocraties modernes. Elles ne sont donc pas à mettre au crédit de personnalités en particulier, elles sont le fruit de l’époque, de l’évolution des mœurs et des compréhensions.

Qu’en est-il de tout le reste, notre société est-elle harmonieuse, équilibrée, entreprenante, porteuse d’espoirs ? La réponse est essentiellement négative, nous ne croyons plus vraiment à l’avenir, comme si nous étions tous atteints d’une sorte de langueur collective devant l’accroissement continu du chômage, de la pauvreté, de la précarité. Les circonstances internationales, les crises financières et économiques successives sont pour partie responsables, mais aussi les mauvaises gestions, les mesures nécessaires retardées pour des raisons de confort, d’idéologie, de démagogie électorale, de sorte qu’il faut bien s’interroger sur la qualité de nos dirigeants et la pertinence de leur action.

La politique ne doit pas être un métier

La réponse ne résiderait-elle pas, indépendamment du cumul des mandats, dans leur addition ? La politique est une longue course au pouvoir et aux postes : conseiller municipal, général, régional, député, ministre, puis… Bien entendu quand ils arrivent au pouvoir, l’homme ou la femme politique essayent de faire au mieux, mais il faut continuer à plaire en vue de la prochaine élection, de sorte qu’une forme de démagogie est consubstantielle au pouvoir politique démocratique.

La politique est un métier, ils le reconnaissent et le revendiquent même en clamant par pudeur que leur ambition primordiale est de servir la collectivité. Mais c’est une erreur fondamentale ; la politique ne doit pas être un métier. Le rôle d’un député, d’un ministre, d’un président, c’est de comprendre une situation, d’adopter et d’appliquer les mesures les plus appropriées possibles.

Pas un spécialiste

Un homme politique n’est pas un spécialiste, ainsi, ce ne sont que des exemples, Jérôme Cahuzac ministre du Budget est chirurgien, Christiane Taubira Garde des Sceaux a une formation d’économiste, Jean-Yves Le Drian ministre de la Défense était professeur d’histoire, il en va de même à droite, Nicolas Sarkozy, ministre du Budget, de la Communication, de l’Intérieur, de l’Économie et des Finances, est avocat (il n’a jamais été Garde des Sceaux) François Fillon, juriste aussi, a été ministre de l’Enseignement supérieur et de la Technologie, des Postes, du Travail, etc.

La formation, l’expérience des hommes politiques ne sont donc pour rien ou pour peu de choses dans l’exercice de leurs responsabilités et ce d’autant qu’ils sont pour la plupart entrés en politique dès la fin de leurs études et qu’ils n’ont que très peu exercé de fonctions professionnelles dans la société civile. Voter des lois, diriger des ministères, gouverner un État n’est donc et ne doit pas être un métier mais demeurer exclusivement un mandat dédié. "Gouverner c’est prévoir", disait Émile de Girardin, "Gouverner c’est choisir" , précisait Pierre Mendès France. Prévoir et choisir relèvent de l’intelligence, de la sagesse, de la sensibilité, quant aux données et paramètres des choix, c’est la tâche des services, des fonctionnaires, des conseillers de les fournir.

"Casser" ce système carriériste

Comprendre et décider ne sont pas un métier et ne doivent pas l’être ; le "métier" auquel se réfèrent nos hommes politiques, c’est celui d’être élu, ce qui n’intéresse qu’eux et ne concerne pas en définitive la collectivité. Le cycle des mandats et l’alternance inévitable compte tenu de l’échec de l’équipe dirigeante, nourrissent le carriérisme ; un homme politique n’est donc jamais "mort" et il a toujours l’espoir de revenir au pouvoir, d’où les choix et les postures de séduction, les promesses irréalistes : "le changement, c’est maintenant", ce n’est qu’un exemple.

La seule solution consiste à "casser" ce système carriériste en prohibant le cumul des mandats mais aussi et surtout le nombre des mandats pour que ces derniers deviennent une mission particulière limitée dans le temps et non l’un des échelons d’une ambition individuelle.

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