Emeutes urbaines : un an après le 21 octobre, 35 plaintes courent toujours

Il y a un an, en plein conflit sur les retraites ; les forces de l'ordre bouclaient la place Bellecour et 300 personnes durant six longues heures. Mesure préventive pour les uns, répressive pour les autres. Trente-cinq plaignants demandent aujourd'hui au doyen des juges d'instruction du Tribunal de Grande Instance de Lyon d'ouvrir une enquête. Un juge d'instruction devrait être nommé.

Il y a de grandes chances pour que leur démarche aboutisse. Trente-cinq plaignants soutenus par le collectif du 21 octobre, ont écrit, le 21 juillet dernier, au doyen des juges d'instruction du tribunal de grande instance de Lyon. Ils lui ont demandé d'ouvrir une information judiciaire sur les faits qui se sont déroulés à Lyon le 21 octobre 2010. "La demande a été prise en compte et un juge d'instruction devrait être nommé prochainement", estime Bertrand Sayn, l'avocat chargé du dossier.

15 plaignants individuels et 30 organisations parmi lesquelles l'UNEF, L'union nationale Lycéenne, la FCPE du Rhône, la LDH Rhône et d'autres ont mandaté Bertrand Sayn pour attaquer les autorités publiques en justice. Pour rappel, le 21 octobre 2010, après deux jours et demi d'émeutes au centre ville de Lyon, en marge des manifestations contre la réforme des retraites, les forces de l'ordre encerclent la place Bellecour. Un cordon de CRS prend au piège les émeutiers, opération efficace qui ramènera le calme, mais aussi, et c'est là que l'opération pose problème : une majorité de manifestants pacifistes venus protester contre l'allongement de la durée de cotisation.

Une atteinte aux libertés individuelles

Ce jeudi là 300 personnes environ passent six heures enfermés à ciel ouvert place Bellecour, avant que les policiers ne procèdent à une vérification systématique de leur identité et, sur ordre de leur hiérarchie, qu'ils les prennent en photo pour un fichage "temporaire" assurent les autorités. Ils ne pourront jamais participer à la manifestation à laquelle ils voulaient se joindre, manifestation pourtant déposée et autorisée par la préfecture "avec comme point de départ la place Bellecour", assurent les organisations syndicales.

Depuis les témoignages ont été collectés par le collectif du 21 octobre. Durant l'après-midi, les manifestants raconte comment les forces de l'ordre ont "exfiltré au faciès" certains manifestants, usant de réflexion racistes à l'encontre des émeutiers présumés. Ils portent plainte pour "discrimination" et "atteintes arbitraires aux libertés individuelles", c'est-à-dire à la liberté de manifester et à celle d'aller et venir. Le défenseur des Droits et la CNIL sont sur le point d'être saisis. En vue d'un procès éventuel, ils se constituent également partie civile.

"Nous irons jusqu'au bout parce que certains jeunes ont été traumatisés par cet après-midi de contrôle policier. Les plus émotifs ont craqué et les filles ne pouvaient même pas aller aux toilettes. Pour certains c'était leur première manifestation. Ils ont été très marqués", insiste Emmanuelle Yanni, militante NPA membre du Collectif du 21 octobre.

Le collectif organise par ailleurs ce samedi 22 octobre, en mémoire des événements survenus il y a un an, une conférence-débat avec l'avocat italien Gilberto Pagani, une magistrate, vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme, Evelyne Sire-Marin et Bertrand Sayn, l'avocat du collectif et des plaignants du 21 octobre, à la Bourse du travail à Lyon 3e.

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