David Kimelfeld, à Lyon, en octobre 2019 © Antoine Merlet
David Kimelfeld, à Lyon, en octobre 2019 © Antoine Merlet

David Kimelfeld de retour au conseil municipal de Lyon pour "proposer une alternative"

Après deux années d’absence du conseil municipal de Lyon, David Kimelfeld, l’ancien maire du 4e arrondissement et président de la Métropole de Lyon, fera son retour ce jeudi dans l’hémicycle. À 4 ans des prochaines élections locales, l’élu veut "peser sur les débats" et proposer une alternative. Un adversaire de plus et de poids pour le maire de Lyon Grégory Doucet. 

Tout juste un peu plus d’un mois après la décision de Sylvie Palomino de démissionner de ses mandats politiques pour "raisons personnelles et professionnelles", David Kimelfeld va faire son retour au conseil municipal de Lyon ce jeudi 7 juillet pour la remplacer. Deuxième sur la liste Respirations derrière Mme Palomino lors des dernières élections municipales, l’ancien maire du 4e arrondissement et président de la Métropole prendra cette fois place sur les bancs de l’opposition. 

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À quelques heures de revenir dans l’hémicycle, il a accepté d’évoquer le rôle qu’il entend jouer dans cette opposition, où il souhaite proposer quelque chose de "constructif" afin de "préparer le terrain pour 2026". Futur adversaire de taille de Grégory Doucet, l’élu de 61 ans estime que le maire de Lyon à une "lecture unique des sujets par la transition écologique". Cependant, ce qui le dérange le plus "ce n’est pas tellement ce qu’il fait, mais plutôt sur ce qu’il ne fait pas".

Lyon Capitale. Vous faites votre retour au conseil municipal de Lyon aux côtés de Georges Képénékian. Comptez-vous peser sur les débats avec ce binôme d’expérience ? 

David Kimelfeld. Je voudrais d’abord rappeler que ce retour n’était pas planifié ou organisé. C’est la démission de Sylvie Palomino qui fait que je rentre au conseil municipal. Néanmoins, comme tout élu d’opposition je compte bien peser sur les débats, il est vrai avec un caractère un peu particulier. J’ai déjà siégé dans ce conseil en ayant été maire d’arrondissement et président de la Métropole, ça donne un éclairage un peu différent et un certain nombre d’armes pour évoquer les sujets, même si ce n’est pas l’alpha et l’oméga. Ce n’est pas parce qu’on a de l’expérience qu’on est le plus percutant. Avec Georges Képénékian, on a cheminé ensembles pendant longtemps et la relation est très fluide entre nous. 

Quel genre d’opposition souhaitez-vous proposer à la majorité ?

J’essaye d’être constructif parce que, quand on a exercé au coeur d’un exécutif, sauf à être d’une très grande mauvaise foi ce qui est peu crédible, il faut savoir mesurer sa critique. Quand il y a un certain nombre de choix que l’on ne partage pas, il faut les critiquer, mais en ayant en tête la difficulté de manier une grande ville ou une grande métropole. 


"Ce qui m’anime c’est une opposition constructive
comme à la Métropole"


Ce qui m’anime, c’est une opposition constructive comme à la Métropole. Je peux être sévère et acide sur un certain nombre de choses, mais en reconnaissant ce qui est positif ou pas. Je souhaite avoir cette même attitude à la ville. Dans mon intervention préliminaire jeudi, je rappellerai à Grégory Doucet que je veux être dans une opposition constructive, mais rigoureuse, notamment dans les missions régaliennes du maire de Lyon. Je serai très attentif à la sécurité, l’éducation et la solidarité. 

Pourriez-vous travailler avec l’opposition de droite et Gérard Collomb avec qui vous avez un passé compliqué ?

Je pense qu’il y a des sujets sur lesquels on pourrait tout à fait converger, on le verra sans doute lors du conseil municipal sur les questions de mobilité avec le vote sur la SPL. 

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La question de la sécurité occupe beaucoup le débat public. La mairie en fait-elle assez sur la sécurité, un sujet dont elle rappelle souvent le côté régalien ?

La sécurité est aussi une mission régalienne du maire de Lyon, parce qu'il est le chef de la police municipale. En aucune façon je n’irai expliquer que la situation à la Duchère ou à la Guillotière est uniquement le fruit de l’inaction du maire de Lyon, ce serait totalement irresponsable et très réducteur. Ce n’est pas depuis son arrivée qu’il y a des problèmes de sécurité et ce serait inconscient de le dire. 

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Ce que je reproche au maire de Lyon sur la sécurité, c’est qu’il est en place depuis plus de deux ans, et il ne peut pas continuer à dire que c’est un héritage ou la mission de l‘État. Il faut qu’il prenne ses responsabilités et dialogue avec l’État en n’ayant pas peur de parler de la sécurité avec les bons mots. Il me rappelle beaucoup les débats que l’on avait au Parti socialiste il y a 15 ou 20 ans, où nous n’osions pas parler de sécurité. Chaque fois que l’on employait ce mot, il fallait très vite parler de la prévention et de la médiation. 


"Ce que je reproche au maire de Lyon sur la sécurité c’est qu’il est en place depuis plus de deux ans et il ne peut pas continuer à dire que c’est un héritage ou la mission de l‘État"


Je ne suis pas pour le tout sécurité, mais il y a un moment où il faut en parler et arrêter de toujours l’accoler au mot prévention ou médiation. Il faut en faire, mais il faut aussi faire de la sécurité et l’affirmer comme tel et je trouve que le maire de Lyon et son adjoint sont assez gênés sur ce sujet. Ils parlent très bien de la vidéo-verbalisation parce que ça touche les véhicules et c’est plus facile, mais sur le reste ils sont assez mal à l’aise.  

Grégory Doucet est souvent très critiqué par l’opposition. Vous retrouvez-vous dans certains sujets qu’il porte ?

Ma critique au maire de Lyon n’est pas tellement sur ce qu’il fait, mais plutôt sur ce qu’il ne fait pas. Sur la végétalisation dans les écoles, les choses étaient déjà lancées et les pistes cyclables, qui sont du fait de la Métropole, étaient, elles aussi, lancées. On pourra toujours dire que nous l’aurions fait de manière moins rapide et intense, encore que cela reste à prouver, car les pistes cyclables n’ont pas d’étiquette politique. 


"Ce qui me dérange c’est sa lecture unique des sujets par la transition écologique, la sécurité, l’éducation et la solidarité je pense que ce sont des dimensions qu’il n’a pas prises en compte à la ville"


Ce qui me dérange, c’est sa lecture unique des sujets par la transition écologique. La sécurité, l’éducation et la solidarité je pense que ce sont des dimensions qu’il n’a pas prises en compte à la ville. Chaque fois qu’il parle d’un sujet, il faut qu’il y accole la transition écologique. Sur les projets périscolaires, il nous parle toujours d’environnement, c’est tout à fait respectable, mais l’école c’est avant tout celle de la République, de la laïcité, de l’apprentissage avant d’être celle du savoir comment se servir d’un compost. Je suis très caricatural, mais c’est un peu ça.

Il faut leur reconnaître le fait d’avoir parlé de la transition écologique avant tout le monde, mais aujourd’hui tous les responsables de grandes collectivités, quelle que soit leur étiquette politique, ont pris la mesure de l’urgence climatique. L’élément différenciant sont les autres missions et pour l’instant je ne vois rien venir.

Les Verts ont repris certains de vos projets. Quel regard portez-vous sur ce qu’ils font de ce que vous aviez lancé sur Lyon ?

Je suis frappé du temps perdu. Après deux ans de mandat, la piétonnisation va démarrer péniblement à la rentrée. Je ne sais pas s’ils regardaient ce que nous faisions, mais c’est comme si nous n’étions pas présents sur ces sujets. Ils auraient pu utiliser notre travail pour gagner au moins une année, ce n’était pas la peine de refaire ce que nous avions déjà fait pendant deux ans. Ils ont voulu repartir d’une page blanche, comme s’ils étaient gênés de dire qu’en matière de transition écologique il y avait quand même un petit héritage des trois années Kimelfeld-Képénékian.


"Si on veut rassembler et montrer qu’il y a une alternative possible la prochaine fois, il va falloir produire du projet et des propositions"


Néanmoins, comme pour la végétalisation des collèges ou le revenu solidarité jeune (RSJ), que l’on avait inscrits dans notre programme de campagne à la Métropole, je suis plutôt content lorsque des propositions que l’on a faites sont mises en oeuvres. C’est une bonne reconnaissance des choses. 

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Vous aviez des ambitions fortes sur la piétonnisation. Trouvez-vous que la nouvelle majorité va assez loin ? 

Ce que je note surtout pour le moment c’est que nous ne voyons pas bien ce qu’ils veulent faire. Pour répondre à votre question, non je ne trouve pas cela renversant. Je suis étonné de leur timidité en la matière, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Je m’attendais à quelque chose de plus radical. Ils ont expliqué leur radicalité en matière de transition écologique, que Lyon était en retard sur la piétonnisation du centre-ville, ce qui est vrai par rapport à d’autres villes européennes, mais là ils ont le pied sur le frein. 


"Je suis étonné de leur timidité sur la piétonnisation, je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Je m’attendais à quelque chose de plus radical"


On a l’impression qu'ils ont du mal à enclencher la marche avant pour les grands projets. Sur celui de Rive droite, je ne suis pas certain que l’on voit quelque chose dans le mandat qui s’écoule. Sur les mobilités, qui sont un sujet porté avec la Métropole, il n’y a rien de véritablement nouveau, les projets visibles étaient déjà sur la rampe de lancement. Le seul nouveau projet de mobilité qu’ils ont mis en avant c’est le téléphérique, qu’ils ont finalement abandonné. Pour des personnes qui veulent beaucoup travailler les mobilités, je suis assez surpris.

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Vous parliez il y a quelques jours de prendre des initiatives à la rentrée. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 

À un moment, l’opposition qui consiste à dénoncer, critiquer, mettre en lumière ce qui n’avance pas où mal c’est notre travail et il faut continuer à le faire. Mais si on veut rassembler et montrer qu’il y a une alternative possible la prochaine fois, il va falloir produire du projet et des propositions. C’est ce travail qui est devant nous. Il faut s’en occuper rapidement, il ne suffit pas d’attendre deux mois avant les élections.

En parlant d’élection, préparez-vous le terrain pour 2026 ?

C’est une des missions de l’opposition de préparer le terrain pour 2026. Il est bien trop tôt pour dire qui fera quoi, 2026 n’est pas demain matin, mais il faut préparer les choses et pas seulement dans les instances du conseil municipal et de la Métropole. Il faut écouter les habitants, produire des propositions et faire émerger de nouvelles têtes, de nouveaux responsables. 


"Il est bien trop tôt pour dire qui fera quoi, 2026 ce n’est pas demain matin, mais il faut préparer les choses"


Faire émerger une nouvelle génération, c’est aussi la mission des élus en place. L’enjeu c’est d’aller chercher des jeunes qui ne sont pas élus et qui ont des propositions à faire.

Comment avez-vous vécu le fait que des députés de la majorité aillent voter pour le Rassemblement national la semaine dernière à l’assemblée ? 

Mon leitmotiv a toujours été "aucune concession au Rassemblement national" et ça le restera. Je suis en désaccord avec ça et je le dirai lors de mon intervention demain au conseil. Je vais évoquer Michel Noir qui avait rappelé que Lyon "capitale de la Résistance" nous appelait à ne faire aucune concession à l’extrême droite  : "mieux vaut perdre une élection que perdre son âme". Je suis dans cette droite ligne-là.

Un mot sur le remaniement du gouvernement. Qui acte l’absence de coalition ? 

Nous allons voir si nous avons un Parlement suffisamment mature pour ne pas être juste un champ de bataille, mais un lieu où s’élaborent  des accords et des consensus. Nous verrons où sont les élus responsables dans tous les camps, je mets le Rassemblement national à part, je n’attends strictement rien de lui. 

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