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L’usine Arkema à Pierre-Bénite © Antoine Merlet

Dans le Rhône, un amendement voté contre les rejets de PFAS dans l'eau

Mardi 27 mars, un amendement a été voté visant à interdire les rejets aqueux de PFAS, les polluants éternels, contre l’avis du rapporteur écologique. 

La semaine dernière, le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, annonçait porter plainte contre les entreprises Arkema et Daikin afin d’établir leur responsabilité dans la pollution aux PFAS du sud de Lyon. Hier, mercredi 27 mars, le député MoDem du Rhône de la 12e circonscription du Rhône, Cyrille Isaac-Sibille, a annoncé par communiqué avoir fait voter en commission du développement durable un amendement visant à interdire les rejets aqueux de PFAS des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).

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Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles. Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché. Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

"Plus audacieux" que les écologistes 

Dans son communiqué, le député ne nie pas "le caractère essentiel de certains PFAS" et "la richesse générée par l’industrie chimique dans le Rhône", mais il estime néanmoins qu’il est "impératif de réexaminer notre dépendance à ces substances." Pour rappel, en février, le député avait rendu un rapport plutôt alarmiste sur la situation. "La pollution aux PFAS est un sujet de santé publique préoccupant. Dans les mois et années à venir, nous pouvons craindre que de nouvelles découvertes apportent à cette problématique une gravité encore plus importante", précisait-il. La dépollution des PFAS dans les eaux potables aurait également, selon son rapport, un coût important : 238 milliards d'euros par an dans l'Union européenne, soit l'équivalent du PIB du Portugal en 2022.

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Le député s’est enfin réjoui "que des députés se saisissent de cette problématique", remerciant au passage le député écologiste Nicolas Thierry (2e circonscription de Gironde) chargé d’élaborer cette proposition de loi. Le député ne s'est pas privé de lancer une pique aux députés écologistes, s'estimant "plus audacieux que les groupes de la Nupes", en faisant voter cet amendement "contre l’avis du rapporteur écologiste."

"Je préfère que l’on écoute la demande des habitants, que l’on arrête les rejets et que l’on trouve une redevance ailleurs"
Cyrille Isaac-Sibille, député de la 12e circonscription du Rhône
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Dans sa proposition de loi, l'écologiste Nicolas Thierry proposait en effet de mettre en place une redevance sur les rejets, sans complètement les arrêter. Une mesure loin d’être suffisante pour Cyrille Isaac-Sibille. "Il n’est pas allé assez loin dans sa proposition. Il faut complètement arrêter les rejets, comme je le préconisais dans mon rapport", explique le député. "Je préfère que l’on écoute la demande des habitants, que l’on arrête les rejets et que l’on trouve une redevance ailleurs", continue-t-il. D’où l’opposition de Nicolas Thierry et des autres élus de gauche lors du vote. "C’est assez bizarre, mais à ma grande surprise, l’amendement a été adopté. Je suis pour que l’on trouve des solutions et j’espère que tout cela sera réglé dans l’hémicycle", conclut enfin l’élu MoDem du Rhône. 

Contacté par la rédaction de Lyon Capitale, le député de Gironde n'a pas répondu à nos sollicitations.

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