Lucie, 20 ans, surveillante au collège Raoul-Dufy à Lyon
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Covid-19 : avoir 20 ans en 2020

“C’est dur d’avoir 20 ans en 2020... Ce sont ceux qui vivent un sacrifice terrible.” En annonçant le premier couvre-feu le 14 octobre dernier, le président Emmanuel Macron s’était adressé à la jeunesse, conscient que les restrictions la visaient particulièrement. Comment les jeunes vivent-ils leurs études, leur travail, leurs relations amicales ou familiales ? Nous avons rencontré des Lyonnais âgés de 20 ans qui nous racontent leur quotidien bouleversé. Avant les annonces gouvernementales de ce mercredi 28 octobre qui les priveront peut-être encore plus de leur liberté.


 Lucie, 20 ans, surveillante dans un collège

“Il n’y a plus de place pour l’inattendu”

Pour Lucie, “l’étau se resserre”. Elle vient de revenir au domicile familial, qu’elle avait quitté depuis deux ans. La raison ? “Ma colocataire est positive à la Covid-19, je l’ai appris il y a quelques jours.” Jusqu’à présent, cette épidémie lui semblait “très lointaine” malgré les chiffres égrenés quotidiennement dans les médias et les réseaux sociaux. “J’avoue que cet été encore, nous n’avions pas vraiment conscience de la situation.”  Dans le collège Raoul-Dufy à Lyon, où elle vit sa première expérience professionnelle de surveillante, Lucie est “ravie”. Elle a toujours rêvé de travailler avec des enfants et estime être chanceuse “d’avoir un job dans l’Éducation nationale qui est quelque peu protégé”. Pour l’instant, sa seule véritable difficulté dans son travail est de… reconnaître les élèves derrière leur masque. Ce qui est plus dur pour elle, c’est de voir qu’“il n’y a plus de place pour l’inattendu”. “Notre vie s’est ralentie, raccourcie. Pour être de retour à 21 h, il faut tout anticiper, tout calculer.” Revenir chez ses parents ressemble, selon Lucie, à un retour en arrière, même si elle est rassurée de les voir au quotidien. “C’est comme quand on était petit, on doit prévenir de ce qu’on fait, qui on voit, quand on rentre…” Elle fréquente moins ses amis et les rares moments de convivialité sont de “petites balades en journée ou chez les uns et les autres”, en petit comité. Car Lucie, comme beaucoup de ses copains, a pris conscience de la gravité de la situation. Elle respecte les consignes et s’agace de voir “des gens sans masque dans les lieux publics”. Car elle craint avant tout que l’épidémie perdure. Elle avait le projet de faire le tour d’Europe en train l’été prochain avec ses amis. Une perspective qui semble s’éloigner. À la question de savoir si elle retient quelque chose de positif de cette crise, elle répond avec un brin d’amertume : “Avec le confinement, j’ai eu le temps de prendre conscience qu’il y avait des gens auxquels je tenais. Ça m’a permis de reprendre contact avec les amis que j’avais perdus de vue.” Comme si cet avenir incertain, qui pourrait la contraindre à renoncer à ses rêves, l’enjoignait à revenir aux choses essentielles.

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