Solange, habitante dans la résidence autonomie de Jean Jaures de Villeurbanne, écoute attentivement les conseils des policiers intervenants.

Comment Villeurbanne sensibilise ses séniors aux vols

Depuis quelques semaines, la police nationale anime des séances de sensibilisation sur le thème du vol auprès des personnes âgées à Villeurbanne. Reportage.

Dans le coin-cinéma de la résidence Jean-Jaurès, aménagé pour l'occasion, une trentaine de seniors écoute attentivement les conseils des deux intervenants de la police nationale. "Ces gens-là peuvent s'en prendre à vous sans violence, et seulement avec ruse. Il y en a un qui vous déconcentre en vous parlant et l'autre qui se sert discrètement dans votre sac. Lorsque vous vous en rendez compte, il est déjà trop tard" déplore Christophe, l'un des policiers intervenant de la conférence. Déroulant son diaporama, avec l'aide de "tous les exemples à ne surtout pas faire", Christophe l'assure "les gens, vous comme moi, sont beaucoup moins vigilants depuis la fin des confinements. On se sent plus en sécurité, mais c'est complètement faux".

Éviter les paiements en liquide

Parmi les mauvais réflexes des personnes âgées, le conférencier pose la question de l'utilité du retrait bancaire. "Il est inutile de retirer toute la pension en début du mois. Aujourd'hui, les paiements sans contact sont en vigueur dans toutes les enseignes et l'argent en liquide ne sert plus vraiment à grand-chose" insiste Christophe, devant son vidéo-projecteur. Si une étude réalisée par Panorabanques affirme que les Français ne font pas plus de deux retraits par mois aux distributeurs, le réflexe du sans-contact n'est parfois pas vraiment intégré par les personnes âgées de la salle, qui écoutent avec attention l'intervenant du jour.


"Les gens sont beaucoup moins vigilants depuis la fin des confinements. On se sent plus en sécurité, mais c'est complètement faux", Christophe, brigadier de la police nationale


Une campagne de sensibilisation "avant tout pour prévenir"

Camille Blanc-Jouvan, chargée de mission prévention sécurité, se satisfait de cette petite conférence organisée en partenariat avec la Ville de Villeurbanne, "on peut dire que c'est une belle réussite. Nous sommes là avant tout pour prévenir. Aujourd'hui c'est une grosse trentaine de participants, sur les 90 que compte la résidence, qui sont présents. C'est toujours ça de pris".

De son côté, Marie-Pierre Leveque, directrice des résidences autonomies de Jean-Jaurès et Marx Dormoy explique être "obligée de faire intervenir des professionnels. Sinon, ils ne m'écoutent pas alors que je répète ces gestes sans cesse". Pas plus tard que mardi midi, elle est "allée faire l'expérience de sonner chez un résident. Il m'a ouvert sans même se demander qui était derrière la porte. Cela aurait pu être n'importe qui !", relève-t-elle avec inquiétude.


"Encore à midi, je suis allée faire l'expérience de sonner chez un résident. Il m'a ouvert sans même se demander qui était derrière la porte. Cela aurait pu être n'importe qui !", Marie-Pierre Leveque, directrice des résidences autonomies de Jean-Jaurès et Marx Dormoy


Les trente résidents présents lors de la séance n'hésitent pas à livrer leur témoignage. Chacun a subi - ou connaît un tiers qui a subi - une agression ces dernières années. "Un jour, je suis rentré après mes courses sous la pluie. J'avais mon parapluie dans une main, mon sac dans l'autre et je n'avais pas fait attention au groupe de jeunes qui me suivait. Ils m'ont arraché mon sac en bandoulière devant la résidence, puis sont partis en courant", explique une résidente à toute la salle. Le bon réflexe dans ce genre de situation ? "Tout de suite faire opposition de la carte bleue", selon l'un des policiers.

©Grégoire Gindre

Des personnes âgées moins vigilantes et plus vulnérables

René, ancien policier et résident de Jean-Jaurès confie n'avoir " jamais vraiment eu de mauvaises expériences avec ces voyous depuis que je suis à la retraite. Je suis surtout venu ici pour comprendre les nouvelles techniques, et qui sont ces malfaiteurs". Et lorsque la question du profil des malfaiteurs est posée à Christophe, ce dernier se montre plutôt très vague. "Il n'y en a pas vraiment : grand blond, petit roux. Il faut être vigilant tout le temps avec tout le monde, sans rentrer dans la paranoïa extrême", déclare-t-il dans un sourire, mais sans nous donner plus de détails. Martine, une septuagénaire, insiste de son côté sur "l'agressivité bien plus importante des riverains depuis la fin des confinements. On se fait agresser verbalement. Et entre les mots et le physique, il n'y a qu'un pas", selon elle

©Grégoire Gindre

L'enjeu est donc de sensibiliser, autant que possible, ces seniors. C'est "une bonne piqûre de rappel", admet Jean-Marc à l'issue de la conférence. Avant d'ajouter : "Il y a des techniques que l'on ne connaît pas et qui sont particulièrement innovantes. N'importe qui peut nous duper en se faisant passer pour la police ou n'importe quel agent de la Ville". Des histoires qui ne sont pas sans rappeler plusieurs escroqueries de l'année passée dont Lyon Capitale s'était fait le relais.

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