Hôtel de Région. @WilliamPham

Clash entre Laurent Wauquiez et la gauche au conseil régional autour d'une charte sur la laïcité

Les débats autour d'une "charte de la laïcité" proposée par la majorité de Laurent Wauquiez à la Région Auvergne-Rhône-Alpes s'annonçaient électriques ce jeudi au conseil régional, à Lyon. Ils l'ont été.

"Je vois avec inquiétude monter des comportements communautaristes", insiste Laurent Wauquiez, le président de la 2e région la plus peuplée de France, la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le président de la région a décidé de présenter en texte, ce jeudi, à l'assemblée régionale, dans le quartier de Confluence (Lyon 2e), pour proclamer une charte régionale de la laïcité, "pour la défense des valeurs de la France et de la laïcité".

Une charte en 22 points pour "défendre les valeurs de la France et lutter contre le communautarisme", selon l'exécutif régional. "Le silence, ni le déni, ni l'abdication face aux revendications communautaristes ne sont une réponse : il faut au contraire proclamer fortement nos valeurs communes et ne renoncer à rien de ce qui fait notre identité profonde", martèle l'exécutif. La Région entend aussi supprimer les aides régionales pour les auteurs de comportement incivique.

"Un laboratoire clandestin de la fusion des droites", dénonce l'opposition de gauche

Une charte donc en 22 points avec notamment en point 5 : "La région défend la liberté, notamment religieuse : elle s’attache à lutter contre les intégrismes, contre toute forme de propagande et contre tous les endoctrinements portant atteinte aux libertés individuelles, tout particulièrement les intégrismes religieux comme l’islamisme". Ou encore en point 6 : "La région défend la liberté des femmes, notamment celle de pouvoir circuler librement dans l’espace public et de ne pas se faire imposer des choix en matière vestimentaire".

En amont de ce conseil, l'opposition de gauche avait, déjà, regretté "l'instrumentalisation du débat sur les valeurs républicaines". "Rechercher un consensus républicain sur des sujets aussi importants, au-dessus des enjeux partisans et des contingences politiciennes, nous paraissait une exigence démocratique minimale dans la période de crises multiples que nous traversons dans notre pays, mais aussi en Europe. Las ! Nous prenions connaissance d’un rapport de 12 pages intitulé « Défendre les valeurs de la France et lutter contre le communautarisme. Ce groupe d’études était donc une supercherie grossière, un piège pour cautionner un texte co-produit par
les seuls élus de la droite et de l’extrême-droite
",
regrettaient dans un communiqué commun tous les groupes d'opposition de gauche, Fabienne Grébert et Axel Marin, co-présidente et co-président du groupe Les Ecologistes, Najat Vallaud-Belkacem, présidente du groupe Socialiste, Ecologiste et Démocrate, Cécile Cukierman, présidente du groupe Insoumis et Communistes et Guillaume Lacroix, président du groupe PRG – Le Centre Gauche.

Furieux d'une phrase d'un élu socialiste, Laurent Wauquiez suspend la séance

Les élus de gauche au conseil régional poursuivaient : "nous ne cautionnerons pas cette méthode qui n’est rien d’autre qu’un laboratoire clandestin de la fusion des droites, sur le dos de nos valeurs les plus essentielles, et de nos principes les plus précieux. Une nouvelle fois, Laurent Wauquiez fait preuve d’une rare brutalité dans la gouvernance de notre institution régionale, mais aussi d’un cynisme dangereux en instrumentalisant le débat autour des valeurs de la République et de la Démocratie, à 3 semaines du premier tour de l’élection présidentielle".

Jeudi, lors du conseil régional, les débats ont vite été houleux. D'entrée, le socialiste Stéphane Gemmani a dénoncé les "obsessions identitaires" de Laurent Wauquiez avant de prononcer une phrase qui a provoqué la fureur du président de la région : "Que viennent faire ici des valeurs régionales si ce n'est singer le provincialisme de Pétain ?". "Est-ce que vous avez osé comparer le travail de la région à l'ère Pétain ? Je vous laisse une chance, je vous laisse la possibilité de corriger vos propos. Oser comparer le travail de cet hémicycle à l'ère Pétain est indigne", s'est exclamé Laurent Wauquiez, avant de suspendre la séance. "Je conviens que les comparaisons historiques doivent être maniées avec prudence", a ensuite expliqué Stéphane Gemmani après une assez longue interruption de séance : "mes propos ont été mal-interprétés. Jamais je n'ai comparé la région actuelle à un certain régime. J'ai voulu simplement évoquer une histoire des idées qui résonne actuellement trop dans l'actualité et qui évoque un certain passé".


"Si vous voulez lancer des oeillades à Eric Zemmour, allez-y. Franchissez le Rubicon"

Fabienne Grébert, co-présidente du groupe écologiste


Après les esprits un peu calmés, Fabienne Grébert, la co-présidente du groupe écologiste, a à son tour pris la parole : "La charte sur les valeurs de la France et de la laïcité serait censée nous rassembler. Mais vous en profitez pour jouer des divisions alors que notre république n'a jamais eu autant besoin de faire corps face à la menace d'une guerre embrasant toute l'Europe. L'urgence à présenter ce rapport en dit probablement long sur vos intentions (à Laurent Wauquiez). Si vous voulez lancer des oeillades à Eric Zemmour, allez-y. Franchissez le Rubicon, l'élection présidentielle vous en donne l'occasion mais n'utilisez pas les institutions républicaines pour des opérations de racolage électoral".

Le texte sur la "charte de la laïcité" a finalement été largement voté au conseil régional, où la droite a une très large majorité. La droite a pu compter sur le soutien, sur ce texte, des groupes du RN et de celui des soutiens d'Eric Zemmour. "C'est un peu l'Assemblée du réveil", s'est réjoui l'élu RN Andréa Kotarac.

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