Affaire Martinez: meurtre ou erreur judiciaire

L’association Action Justice et maître Rémy Nougier ont remis à la commission des révisions de la Cour de cassation un dossier prouvant le caractère accidentel de l’affaire Martinez. Ils souhaitent la grâce présidentielle pour Francis Martinez, condamné en 2008 pour le meurtre de son épouse Martine.

Cette affaire mérite d’être inscrite dans les annales judiciaires de par ses protagonistes”, commence Me Nougier, l’avocat de Francis Martinez depuis maintenant un an. En 2012, l’association Action Justice, réputée pour avoir soutenu Dany Leprince, a décidé de s’emparer de ce dossier hors norme. Son charismatique président, Roland Agret, est convaincu d’avoir affaire à une erreur judiciaire, “un dysfonctionnement flagrant de la justice”. En envoyant ce dossier, ils espèrent prouver à la commission le caractère accidentel du drame.

Une femme morte à cause d’un coup de fusil

L’affaire débute à Tarascon, le 3 juillet 2005, lorsque le meilleur ami du couple découvre Martine Martinez morte dans la cuisine de leur maison. Au premier étage, Francis Martinez est allongé sur son lit, inanimé – il avait absorbé une dose massive de médicaments. Une lettre qu’il a rédigée explique que, lors d’une violente dispute, en voulant désarmer sa femme, le coup est parti, la blessant mortellement. Francis Martinez restera six jours dans le coma avant d’être entendu par les enquêteurs. C’est là que la machine judiciaire se met en marche.

Le vice-procureur, amant de la victime

Depuis mars 2005, Martine entretenait une relation extraconjugale avec le vice-procureur de Tarascon, Alain Lapierre. Une dizaine de jours avant le drame, Francis Martinez avait reçu une lettre anonyme révélant cette liaison. “Dès le départ, le procureur a décidé d’en faire forcément un dossier criminel”, affirme Roland Agret de sa forte voix. Il faudra un peu plus d’un mois pour que la justice décide de dépayser l’affaire sur Lyon. “Là, le juge d’instruction avait trois choix qui s’offraient à lui : soit il reprend le dossier à zéro, soit il continue les investigations, ou alors il abonde sur le dossier criminel”, explique l’avocat.

Des hommes et des armes

Le juge d’instruction lyonnais, Jacques Chauvot, ira même plus loin. Selon les procès-verbaux communiqués à la presse, il revient sur une premier drame qui a marqué le maçon : sa précédente épouse, Josiane, est morte en 1976 d’un coup de feu accidentel alors que leur jeune fils jouait avec cette arme. “Il voulait le faire passer pour un serial killer”, s’interroge un brin ironiquement Roland Agret. Ironique également, l’histoire d’Alain Lapierre, qui s’est constitué partie civile. Lui aussi a été impliqué dans une affaire d’arme : en novembre 1986, dans son bureau, il blesse l’un de ses collègues en manipulant un Magnum. Il sera condamné à lui verser des indemnités pour un lourd handicap. “Bizarrement, son statut de magistrat est un gage de vertu”, remarque le président d’Action Justice.

Un geste “accidentel”

Aujourd’hui, Roland Agret et Me Nougier sont persuadés qu’il s’agit d’un accident. Effroyable certes, mais un accident. Pour cela, outre la version de Martinez qui n’a jamais changé, ils s’appuient sur des expertises menées par le professeur Rudler, du laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale. “Si Mme Gauch [le nom de jeune fille de Martine, NdlR], comme on le voit, a tenu l’arme par le canon, M. Martinez a pu en reculant appuyer involontairement sur la queue de détente”, stipule le rapport. Ils estiment également que l’enquête a été à charge. Francis Martinez “n’a pas eu le droit à un procès équitable”, selon son avocat.

Le condamné est actuellement emprisonné aux Baumettes à Marseille, “après avoir été baladé de prison en prison”, dénonce Me Nougier. Il devrait pouvoir sortir bientôt grâce aux aménagements de peine, “mais ce que nous souhaitons avant tout c’est démontrer le caractère accidentel de ce drame”, avance résolument Roland Agret. La commission de révision de la Cour de cassation, qui recevra très prochainement le dossier, ne devrait pas émettre d’avis avant six ou huit mois.

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