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Adolescents et écrans, comment poser des limites ? Entretien avec Serge Tisseron, pédopsychiatre

Les écrans sont au cœur de la vie des grands adolescents. Certains chiffres donnent la mesure du phénomène : en 2017 déjà, plus de 6 jeunes sur 10 n’éteignaient pas leur portable la nuit, et 3 sur 4 l’avaient avec eux pour faire leurs devoirs (1). Selon le Baromètre 2019 de la santé visuelle (2), les jeunes passent environ 3 heures 30 par jour sur leur smartphone et 2 heures 47 sur un ordinateur... Après avoir fait de la prévention et posé des limites à son jeune enfant, le parent se retrouve face à un enjeu de taille : comment se positionner à la fin de l’adolescence ? Psychiatre, docteur en psychologie et auteur du livre 3-6-9-12, Apprivoiser les écrans et grandir (3), Serge Tisseron nous donne les clés pour mieux comprendre les pratiques numériques des jeunes et aider les parents à asseoir leur autorité.

Serge Tisseron Lyon Capitale : Les parents déplorent la consommation excessive d’écrans par leurs grands ados, ainsi que son augmentation d’année en année. Partagez-vous ce constat ? Serge Tisseron : Oui, la consommation d’écrans chez les grands adolescents augmente régulièrement. Elle dépend de quatre facteurs : l’ampleur de l’offre de jeux et de spectacles, l’éducation à l’auto-régulation, l’exemplarité des parents, mais aussi les alternatives disponibles. Or les adolescents ont de moins en moins de lieux pour se rassembler gratuitement, que ce soit pour faire du sport, discuter. Dans les centres commerciaux, ils se font souvent chasser par les vigiles et certains magasins utilisent des ultrasons pour les faire fuir de leur devanture. La surconsommation des écrans questionne aussi la politique de la ville. Les périodes de confinement ont-elles contribué à accentuer cette tendance ? Le confinement a provoqué une hausse dramatique de la consommation d’écrans à tous les âges. Les jeunes se sont retrouvés immobilisés à la maison, privés de toutes leurs activités normales : discuter à la sortie du lycée, se retrouver pour faire la fête… Beaucoup de parents très occupés par leur activité professionnelle, ou déprimés par la situation, ont laissé faire. Mais il faut éviter que cette surconsommation perdure. Dès que le premier confinement a été levé, les jeunes se sont très vite retrouvés en présentiel. Une fois le deuxième confinement terminé, les parents devront encourager leurs enfants à reprendre leurs activités d’avant.

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