Photo de l’un des vitraux réalisés par le père Ribes pour l’église de Charly. (Crédit : Be Brave France)

À Givors, les vitraux du père Ribes ne seront pas retirés de la chapelle de la commune

Depuis près d’un an, le collectif des victimes du père Ribes demande à l’Église et aux communes de retirer les oeuvres d’art créées par le prêtre de son vivant. À Givors, la mairie a fait le choix de conserver les vitraux exposés dans la chapelle Saint-Martin de Cornas.

Près d’un an après la révélation des actes pédocriminels perpétrés par le père Louis Ribes sur de nombreux enfants, le collectif composé de ses victimes se bat toujours pour que toutes les oeuvres réalisées par le "Picasso des Églises" soient décrochées et remisées. 

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Des procédures en cours dans plusieurs communes

Contacté par Lyon Capitale, le diocèse de Lyon rappelle que "tous les tableaux appartenant à l’Église ont été retirés en février 2022 et rassemblés dans un local du diocèse, sans accès au public comme cela était demandé par les victimes". L’archevêché devrait d’ailleurs prochainement officialiser son engagement de ne jamais exposer ces oeuvres. Reste toutefois plusieurs dizaines de vitraux, signés RIB, répartis dans six églises du département du Rhône. 

Des procédures de retrait où visant à masquer la signature du père Ribes, décédé en 1994, sont en cours dans plusieurs communes. À Loire-sur-Rhône, où selon le diocèse un vitrail devrait être remplacé d’ici la fin de l’été ; à Sainte-Catherine, où une réalisation de devis est en cours pour remplacer huit oeuvres ; à Dieme où la mairie a "souhaité masquer la signature du père Ribes et garder les vitraux" ; et depuis cette semaine à Charly, où le maire Olivier Araujo est revenu sur sa décision de conserver les 11 vitraux de l’église de la commune après la mobilisation du collectif des victimes. 

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Dissocier l'homme de l'artiste

Reste donc un vitrail à l’église Saint-Côme-et-Saint-Damien de Caluire-et-Cuire (propriété de l’évêché), pour lequel les discussions concernant son retrait n’ont pas encore commencé, et au moins deux vitraux au sein de la chapelle Saint-Martin de Cornas, sur la commune de Givors. 

"Sur ces vitraux il n’y a pas de représentation offensante, même la formation des arts romains qui est venue n’a rien trouvé à redire sur ces vitraux"

Mohamed Boudjellaba, maire de Givors

Interrogé par Lyon Capitale, le maire de la commune située au sud de Lyon, Mohamed Boudjellaba, explique avoir fait le choix, en concertation avec l’association qui gère cette chapelle désacralisée et l’église localement, de ne pas retirer ces vitraux. "Je condamne très fermement le comportement de ce monsieur. Pour autant, est-ce qu’il faut tout enlever, tout supprimer ? Il faut dissocier l’oeuvre de l’homme. Nous avons regardé si dans les vitraux il n’y’avait pas la représentation d’enfants, ce qui n’est pas le cas à Givors. S’ils étaient offensants, je partagerais le point de vue de les faire retirer", fait valoir l’élu écologiste. 

Plusieurs vitraux réalisés par le père Ribes sont présents dans la chapelle désacralisée Saint-Martin de Cornas. "Sur ces vitraux il n’y a pas de représentation offensante, même la formation des arts romains qui est venue n’a rien trouvé à redire sur ces vitraux", explique le maire de Givors Mohamed Boudjellaba.(Capture d'écran Google street view)

"Son énergie il l’a puisait dans ce qu’il faisait sur nous"

Des arguments difficiles à accepter pour Luc Gemet, le porte-parole du Collectif de victimes de Louis Ribes, lui-même abusé par l’ancien abbé entre 1972 et 1979. "On veut faire la part entre l’oeuvre et l’artiste, sauf que la façon de travailler de l’artiste était extrêmement vicieuse. Son énergie il l’a puisait dans ce qu’il faisait sur nous. Non ! Moi je ne sépare pas l’oeuvre de l’artiste, je ne suis pas d’accord", explique-t-il avec émotion. 

"C’est quand même les travaux d’un pédocriminel et pour n’importe laquelle de ses victimes c’est se remettre dans un état de souffrance"

Luc Gemet, victime du père Ribes entre 1972 et 1979

Au fond, pour Luc Gemet, peu importe ce qui est représenté sur les vitraux du père Ribes, chacun de par sa simple vision ravive les violences subites étant enfant. "C’est assez simple quand je revois les vitraux ou n’importe quelle réalisation de Ribes je ne vois pas la même image que quelqu’un qui n’a pas été victime. Je vois tout ce qu’il se passait pour réaliser ces tableaux ou ces vitraux, les viols les attouchements… tout était prétexte pour nous abuser" confie-t-il la voix tremblante. Comme à Charly ces derniers jours, il prévoit donc d’interpeller prochainement le maire en espérant, grâce à son témoignage et celui des autres victimes, infléchir se décision, "il a la même position qu’avait le maire de Charly il y a une semaine de cela..."

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